Au regard des moyens limités d’organiser les assises nationales dans toutes les localités du pays à cause de l’insécurité, le gouvernement s’est trouvé d’autres ruses pour continuer dans le flou organisationnel en faisant décaler le chronogramme pour décembre 2021. Or, en fin de cette année, tout aurait dû être prêt pour l’organisation des élections.
Sur la chaîne France 24, le Premier ministre, Choguel Maïga, a tenu le discours suivant : « Les élections pourraient être prolongées de deux semaines ou un mois. » Alors qu’à l’intérieur du pays le débat s’enflammait concernant la prolongation de la transition, ce discours est venu raviver les échanges. Entre temps, les organisations sous régionales intensifiaient la pression sur le gouvernement afin qu’il donne un chronogramme fiable pour l’organisation des élections. Les assises nationales de la refondation ne parvenant pas à s’organiser dans l’immédiat. Le pays se trouve confronter à une situation politique mouvementée qui ressemble à celle vécue au début des années 91-92 dans un cadre politique quand les politiciens harcelaient le gouvernement sur des dates électorales. L’insécurité est toujours mise en avant pour éviter l’organisation des élections.
L’occupation des 2/3 du territoire par les djihadistes pousse les nouvelles autorités du pays à maintenir le suspens, ce qui risquerait de poser de gros ennuis. Si le gouvernement s’entête à ne pas donner un chronogramme clair et précis des élections et qu’il travaille à prolonger la transition, les sanctions internationales et sous régionales ne tarderont pas à tomber, surtout sur le plan économique. Le pays souffrirait alors d’un déficit, et la Covid-19 peut se trouver dans l’imbroglio. Pourtant, le gouvernement qui a été épargné d’une sanction de la Banque mondiale lors de la suspension du pays de ses activités économiques a renoué en début septembre. Ainsi, le gouvernement, en voyant tous ces aspects, peut-il s’accrocher à une prolongation? Question fondamentale.
La CEDEAO et la communauté internationale connaissant le problème qui menace le pays et peuvent ainsi faire des compromis à leur niveau pour permettre au Mali de travailler à un fondement solide. En plus, il y a des réformes pertinentes que les autorités ambitionnent de mener, mais il est manifeste que des politiques veulent les mener vers la précipitation. De toute évidence, les enjeux ne sont pas perçus de la même façon.
Lansine Coulibaly LE COMBAT