Selon le calendrier officiel, l’application effective du processus de Désarmement, de Démobilisation et de Réinsertion (DDR) est prévue pour le lundi 15 octobre 2018. Une des étapes décisives de l’Accord de paix et de réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Cette étape marquera le début du cantonnement des ex-combattants des mouvements signataires du présent accord.
Alors que six mois de délai ont été donnés lors de la 73e session du Conseil de Sécurité de l’ONU au Gouvernement central de Bamako et aux Groupes armés pour faire preuve de bonne foi dans la mise en œuvre effective de l’Accord d’Alger, la situation sécuritaire s’aggrave de plus en plus dans presque toutes les Régions du Nord et du Centre du pays. Ce, malgré que l’on se dirige vers la fin du processus du Désarmement, Démobilisation et Réinsertion. Les trois parties signataires dont le Gouvernement, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme ont la patate chaude dans leurs mains. Car, si, après les six mois annoncés, aucun progrès n’est réalisé, le Conseil de Sécurité de l’ONU prendra des mesures contre les auteurs du blocage. Pourrait-il se faire à la date indiquée ? Le temps nous en dira plus.
DDR, que fait-on avec ?
Inscrit dans les articles 18,19 ,20 de l’Accord d’Alger signé en 2015, le délai d’exécution du DDR devient effectif à compter du lundi 15 octobre prochain. Les parties signataires doivent procéder au cantonnement de leurs combattants respectifs, puis élaborer une politique de leur insertion au sein des couches socioprofessionnelles de la place. Selon les Responsables de la Commission Nationale du DDR, en plus de l’enregistrement de 32.000 combattants qui ont accepté la donne, des milliers d’armes ont été également enregistrées dont des mitrailleuses, des grenades, des engins explosifs improvisés, des roquettes, des missiles, des obus et des munitions de petits calibres.
Mais, l’arbre ne saurait cacher la forêt. Faut-il le dire, plus de 15.000 de soi-disant «ex-combattants » enregistrés n’ont toujours opté ni pour l’intégration, ni pour la réinsertion comme prescrite dans les procédures requises. N’y a-t-il pas là une menace de sabotage du programme du 15 octobre prochain ? En tout état de cause, les plus hautes autorités doivent tout mettre en œuvre pour que ce rendez-vous ne soit pas manqué.
À titre de rappel, en mi-septembre dernier, précisément le 14 septembre, selon les chiffres communiqués à la presse, un total de 32.908 Ex-combattants dont 29.028 hommes et 3 880 femmes ont été enregistrés parmi lesquels 13.019 autres candidats à l’intégration et 4998 de postulants à la réinsertion. Les deux opérations; à savoir, le Désarmement et la Démobilisation s’effectueront sur les 8 sites de cantonnement construits par la MINUSMA notamment à Likrakar, Ber, Tessalit, Fafa, Ilouk, Tabancort, Tin Fadimata I et Tin Fadimata II, en plus des deux (2) autres sites bâtis par le Gouvernement malien à Gargano et à Téninkou..
Cas des milices d’autodéfense dans les Régions du Centre
Avec des propos rassurants, le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga a tenté, lors de sa visite dans la Région de Mopti, le 27 septembre dernier, de convaincre les populations locales. Outre les activités menées dans le cadre de la rentrée scolaire, deux principaux Groupes d’autodéfense ont « scellé un pacte de paix ». Selon leurs Responsables, les Groupes d’autodéfense à savoir Dan Nan Ambassagou et Dogon Ambassagou ont convenu d’« enterrer les armes ».
En attendant les résultats escomptés de ce énième pacte qui n’est d’ailleurs pas à sa première fois, le citoyen lambda, longtemps meurtri par le phénomène d’insécurité, se pose la question de savoir : «Si le DDR de ce lundi sera un leurre ou une lueur? »
Seydou Konaté : LE COMBAT