Dans sa lutte contre la drogue, la police malienne a également besoin de meilleures technologies, d’équipement et de soutien. Bien que les compagnies de télécommunications coopèrent avec les investigations judiciaires, la police n’a toujours pas de technologies adéquates pour surveiller les appels cellulaires des suspects. En outre, même lorsqu’elle dispose de la technologie, elle manque souvent des ressources humaines nécessaires.
La mauvaise gestion des maigres ressources contribuent aussi à l’inefficacité des forces de l’ordre. Souvent la police reçoit des dons de véhicules des partenaires internationaux, mais ils ne sont pas utilisés, parce que qu’il n’y a pas de carburant pour les faire fonctionner. Malgré les ressources limitées, la police saisit des quantités importantes de stupéfiants, en particulier à l’aéroport international de Bamako-Senou. Les données fournies par les autorités indiquent qu’il y a eu 39 arrestations à Bamako-Senou en 2008, impliquant 38 hommes et une femme. La police saisit un total de 29,11 kilogrammes de cocaïne, ainsi que 84,9 kilogrammes de marijuana. Les trafiquants arrêtés comprenaient 23 maliens, 7 nigérians et 9 personnes d’autres nationalités.
Il convient de noter en particulier la méthode de contrebande utilisée par les personnes arrêtées. Dans 25 cas enregistrés, l’ingestion était la méthode de dissimulation des drogues. Dans deux cas, les passeurs ont tenté de cacher les drogues dans leurs valises, dans un cas en utilisant une valise avec un faux-fond. Dans deux cas, les trafiquants ont caché les drogues dans leurs vêtements, et dans 2 autres cas, ils ont creusé des statuettes et ont placé les drogues à l’intérieur. Dans certains cas, la drogue est mélangée à d’autres substances comme l’encens.
La police semble également tirer le meilleur parti des relations de coopération avec ses homologues étrangers. Le 7 avril 2009, l’ambassade américaine devait rencontrer le Directeur de la Brigade de Stupéfiants, Seydou Touré. Le directeur n’a pas pu se rendre au rendez-vous parce qu’il avait reçu un appel de la police vénézuélienne l’informant qu’un colis de drogue venant du Venezuela était en route vers le Mali, via DHL. La police judiciaire entretient de bonnes relations avec DHL, car elle est fréquemment utilisée par les trafiquants de drogue.
La BIJ semble déterminée à arrêter le flot de la drogue à travers les frontières maliennes. Elle est également désireuse de coopérer avec ses partenaires internationaux. Les défis en termes de ressources et de formation auxquels sont confrontés les fonctionnaires maliens sont considérables. La volonté de l’ancien Directeur de la Police, M. Kansaye de discuter ouvertement de ce qui peut être perçu comme des lacunes un peu embarrassantes, est rafraîchissante et donne de l’espoir. La capacité du gouvernement à réduire le trafic de drogues dépend de la volonté politique des acteurs. Compte tenu du manque de ressources, les fonctionnaires maliens ne saisissent probablement qu’une petite fraction de la drogue qui circule dans le pays.
Les Etats-Unis soutiennent le Mali dans sa lutte contre la drogue à travers le Bureau of International Narcotics and Law Enforcement (INL). Le INL est une branche du Département d’Etat américain. Sa mission est de lutter contre la criminalité internationale, les drogues illégales et leur impact sur les États-Unis et ses partenaires en fournissant une aide étrangère et en favorisant la coopération internationale. Selon les documents du Département d’Etat, un officier permanent du INL devrait être stationné à Bamako pour coopérer avec la police malienne. L’affectation d’un agent de l’INL au Mali contribuerait à garantir l’efficacité de la collaboration avec les forces de l’ordre maliennes et à renforcer la coordination avec d’autres pays donateurs.
L’amélioration de la capacité des autorités maliennes à coordonner leurs efforts avec les homologues régionaux est un élément important dans la lutte internationale contre la drogue.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com
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