Interrogé ce 22 février 2022 par Alain Foka sur RFI et France 24, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a encore fait des révélations sur les actions et intentions séparatistes de la France depuis l’intervention de l’opération Serval.
Ce n’est plus l’heure de l’apaisement entre les autorités maliennes et françaises. Encore une fois, c’est une relation difficile ou du moins des tensions qui continuent de grimper entrainant davantage le divorce qui serait consommé clairement.
Les deux parties n’ont pas du tout l’intention d’apaiser le climat politique à l’heure actuelle, surtout avec l’annonce du retrait unilatéral de la France des forces Barkhane et Takuba du Mali. « Nous ne leur avons pas demandé de partir, c’est eux qui ont dit qu’ils partent. C’est eux qui ont dit les 3 et 10 juin dernier qu’ils vont quitter le Mali au motif que le Mali s’apprêterait à discuter avec les terroristes. Vous avez un accord de défense avec nous, vous décidez d’en sortir, vous ne nous avisez pas, et c’est sur le média qu’on apprend un sommet du G5-Sahel » clarifie Choguel.
En plus, lors de cet entretien avec Alain Foka, il n’a pas caché l’intention des autorités françaises de diviser le Mali. « Est-ce que vous savez que le Colonel Assimi Goïta, pour la petite histoire, faisait partie des officiers qui ont été bloqués à la porte de Kidal ? Les unités spéciales, ils ont pris Annefis, ils s’apprêtaient à donner l’assaut sur Kidal, les Français ont bloqué », précise le Premier ministre Maïga.
Face à toutes ces tensions érigées par les autorités françaises, le chef du gouvernement malien a tenu à révéler clairement des manœuvres françaises pour tenter de renverser le gouvernement malien, en particulier le colonel Assimi Goïta, le président de la transition, chef de l’État malien. « Ils se sont mis à insulter nos autorités. Leur ambassadeur se livrait à des activités subversives qui divisent les Maliens. Lorsqu’ils sortent pour s’adresser au président de la transition, chef de l’État malien, nous avons dit que c’en est trop, surtout qu’on subodorait qu’ils préparaient un plan pour renverser le gouvernement », révèle-t-il.
Sur le mot trahison, souvent évoqué dans ses propos, écoutons Alain Foka : « Quand vous dites trahison, trahison de la part de la France ? Or, la France dit : nous sommes venus vous aider, si nous n’étions pas venus en 2013, le Mali n’existerait peut-être plus. Comment peut-on parler de trahison dans ce sens ?
Le Premier ministre a répondu : « Est-ce que vous savez que des hautes autorités françaises, des sénateurs, des députés dans des débats, ont dit clairement qu’il faut donner l’autonomie au nord, qu’il faut un plan d’autonomie, que les Maliens du nord et du sud ne peuvent pas vivre ensemble. Ils voulaient diviser le Mali, pas une fédération. Le 15 mai 2015, quand l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger a été signé, le lendemain, le ministre français Jean Yves Le Drian, a donné une interview sur RFI. Il dit que les Maliens du nord et du sud ont tout fait pour vivre ensemble, c’est difficile. Conclusion ? On l’a tiré ?», demande-t-il.
Selon lui, l’intention de la France de diviser le Mali est documentée de long en large. « Au Sénat, de gauche ou de droite, au parlement c’est documenté. Ils ont dit qu’ils vont donner un plan d’autonomie au nord. Le ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, je l’ai écouté, je l’ai documenté. Il a dit sur la Chaine LCI que lors de son dernier voyage en mars 2012 qu’il a dit à ATT qu’il faut donner l’autonomie au nord. Chez les indépendantistes, on dit que c’est la France qui leur a promis de diviser le Mali pour faire un État, » reproche-t-il à la France.
En parlant de la trahison du partenaire français, le chef du gouvernement a révélé qu’après, le pays a été envahi et que notre gouvernement a saisi l’État français de ce qui a été dit, convenu. « C’est pourquoi je parle de trahison, la lettre est très claire, appui aérien et renseignement. Il n’était pas prévu des militaires français au sol. C’est les soldats maliens qui ont libéré Konna, qui ont libéré Gao, qui ont libéré Tombouctou, et arrivés à Annefis, c’est l’armée française qui leur a barré la route. Ils se sont opposés par des armes. L’ambassadeur de France qui était là en ce moment s’appelait Christian Rouer. Pour avoir dit à son gouvernement qu’il est en train de faire une faute, que ceux qu’ils soutiennent ne sont pas représentatifs ni dans la Communauté Touareg ni dans la Communauté du nord, de ne pas se discréditer. Deux jours après, on l’a relevé. Vous savez par qui on l’a remplacé. L’officier Jules Huber Song, c’est lui qu’ils ont désigné comme ambassadeur », a expliqué Choguel.
Moriba DIAWARA LE COMBAT