La France a une fois encore averti. C’était le mercredi, 29 septembre 2021. Elle a fait savoir au Mali qu’il perdrait le « soutien de la communauté internationale » et abandonnerait des « pans entiers de sa souveraineté » s’il avait recours aux mercenaires de la société privée russe Wagner. Au Mali, l’opinion se demande si la France utilisait la crise sécuritaire à dessein?
« Si le Mali engage un partenariat avec des mercenaires, le Mali s’isolera, il perdra le soutien de la communauté internationale, qui est pourtant très engagée » dans ce pays, a lancé la ministre des Armées Florence Parly au Sénat. « Il abandonnera des pans entiers de sa souveraineté – il suffit de regarder ce qu’il se passe en République centrafricaine aujourd’hui – et loin de diversifier ses partenariats, s’enfermera dans un tête-à-tête avec une société de mercenaires », a-t-elle ajouté.
Des propos que certains observateurs jugent menaçants et dangereux pour un pays souverain.
Depuis l’annonce de la nouvelle, une campagne d’intoxication et de chantage a été déclenchée par des médias français et leurs autorités dont ils connaissent l’objectif visé.
Selon la France, des membres de la société Wagner sont présents, notamment en Libye et en Centrafrique, où ils font l’objet d’accusations d’exactions. La France avait déjà averti Bamako qu’une implication du groupe serait incompatible avec sa présence militaire et celle d’autres pays et organisations internationales. « Pour nous, les choses sont claires : il n’est pas possible de cohabiter avec des mercenaires », a réitéré la ministre des Armées. Elle s’est une nouvelle fois insurgée contre les propos du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, qui a accusé samedi à l’ONU la France d’un « abandon en plein vol » avec la réorganisation de sa présence militaire au Sahel, justifiant ainsi les discussions avec le groupe Wagner.
Ces propos sont « inacceptables » et « proprement indécents », a fait savoir Parly. « Je voudrais balayer une contre-vérité: non, la France ne se désengage pas du Mali! », a ajouté la ministre française des Armées. « Il est tout à fait scandaleux de faire croire au monde entier que la France s’en va ». La France a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire au Sahel, en quittant notamment les bases les plus au nord du Mali (Kidal, Tombouctou et Tessalit) et en prévoyant de réduire ses effectifs dans la région d’ici à 2023 à 2.500-3.000 hommes, contre plus de 5.000 aujourd’hui « faire croire qu’il serait normal d’appeler au chevet du Mali un groupe de mercenaires sous prétexte que nous rendons aux Maliens trois bases militaires dans le Nord, ça, c’est de la mauvaise foi », a asséné Florence Parly. Le sénateur Alain Jouyandet (Les Républicains, opposition), tirant un parallèle avec l’Afghanistan où le retrait des Américains a conduit au retour des talibans, a exhorté la France à rester au Sahel. « Beaucoup sont morts pour notre liberté (…). Faisons en sorte qu’ils ne soient pas morts pour rien et c’est un peu le sentiment que j’ai en regardant ce qu’il s’est passé en Afghanistan. Quel gâchis! », a-t-il dit. « Ne partons pas du Sahel! Nous avons vocation à y rester », a-t-il ajouté, alors que le président et le gouvernement affirment que la France n’a pas vocation à y rester à terme. Cette volteface de la France ne décourage point les nouvelles autorités de la transition qui sont déterminées à aller au bout pour faire venir au Mali Wagner malgré tout.
Kevin KADOASSO LE COMBAT