Le mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) auteur de la contestation contre l’ex-président déchu, Ibrahim Boubacar Kéïta a réclamé hier mardi 15 septembre 2020 que les militaires désormais au pouvoir apportent des « corrections » aux plans de transition censés ramener les civils à la direction du pays. L’information a été donnée lors d’une conférence à Bamako.
Au moment où le mouvement du 5-Juin donnait une conférence de presse à Bamako, la junte quant à elle présentait ces plans aux pays ouest-africains voisins du Mali. Lors de cette rencontre avec la presse, le M5-RFP a de nouveau exprimé le refus de jouer un rôle autre que de premier plan dans cette transition, et le refus de voir la junte « confisquer » le changement. Les dirigeants du M5 qui ont pris la parole se sont démarqués de la charte de transition retenue par la junte, document crucial détaillant l’organisation de cette période transitoire. Mais ils se sont aussi gardés de prononcer la rupture avec les nouveaux maîtres, le CNSP.
Faut-il le souligner; les militaires ont validé cette charte à l’issue de concertations avec un certain nombre d’acteurs politiques et de la société civile la semaine passée. Mais le document a été contesté, par le M5 et d’autres, comme un fait accompli ne reflétant pas les débats. Dans un communiqué publié à l’occasion de la conférence de presse, le M5 dénonce « les intimidations (et) les pratiques antidémocratiques et déloyales » auxquelles ont donné lieu ces concertations, ainsi que « la volonté d’accaparement et de confiscation du pouvoir au profit » de la junte. Le communiqué ne désigne pas la junte comme responsable de ces agissements. Le M5 n’entend « ni rompre ni rentrer en conflit » avec les colonels, mais offre de collaborer à modifier la charte. « Il faut que des corrections puissent être apportées aux documents de la concertation nationale », a déclaré Mountaga Tall, un responsable du M5. »Nous nous sommes démarqués des conclusions de la concertation, mais c’était pour alerter (la junte), mais nous restons dans la logique de la transition », a dit un autre responsable, prof Ibrahim Ikassa Maïga.
Quoi qu’on dise, le M5, coalition hétéroclite, est le mouvement qui a fait descendre des milliers de Maliens dans la rue pendant plusieurs mois contre le pouvoir en place, canalisant l’exaspération des Maliens devant la grave crise sécuritaire, économique et institutionnelle traversée par leur pays, mais aussi la corruption reprochée à toute la classe politique. Des militaires ont fini par déposer l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août. Le M5 réclame d’être placé sur un pied d’égalité avec la junte à l’heure de la transition. La charte de transition retenue par la junte confère un rôle prééminent à cette dernière dans le choix du président par intérim qui conduira la transition. Le M5 proteste aussi contre les pouvoirs qui seraient impartis au vice-président, chargé des questions de défense et de sécurité, un poste volontiers considéré comme taillé sur mesure pour le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta.
L’arrivée du médiateur la semaine prochaine mettra tout au clair et pour la junte et pour les leaders du M5-RFP pour le bien des Maliens.
Bourama Kéïta