Créé il y a quelques mois par les plus hautes autorités pour faciliter la communication gouvernementale, le Centre d’information gouvernementale du Mali (Cigma), entretenu à grands frais par le contribuable, brille par son incompétence. L’organisation du Sommet Afrique France a révélé la face cachée de cette structure qui ne fait pas honneur.
C’est à se demander si le Centre d’information gouvernementale du Mali (Cigma) existe pour rendre service à l’opinion publique ou pour servir les quelques membres qui le pilotent appelés conseil d’orientation, royalement rétribués par l’Etat à la douleur des caisses publiques.
Toujours est-il qu’avec les derniers événements au pays, le Cigma, créé pour juguler les failles de la communication gouvernementale, avait l’occasion inouïe de prouver aux Maliens que sa création était nécessaire, voire indispensable. Hélas… !
Du présumé accord de réadmission entre l’Etat et l’UE, qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, à la tenue du Sommet Afrique-France, le Cigma est resté muet comme une carpe. Aucun communiqué, aucune documentation pouvant aider la presse à accéder facilement aux informations dont elle a besoin sur la vie du gouvernement malien.
Créé par décret en novembre 2015 et rendu opérationnel depuis quelques mois, le Cigma, faudrait-il le rappeler, a pour mission principale de veiller à l’image du gouvernement et de contribuer, par ses ressources documentaires, « à la mise à la disposition des départements ministériels des outils sectoriels en matière d’outils d’opinion, de campagne de communication d’intérêt national ».
Vous avez dit « intérêt national » ? Et pourtant le président de la République, le ministre des Affaires étrangères e celui en charge des Maliens de l’extérieur ont récemment fait l’objet de nombreuses attaques personnelles suite au présumé accord de réadmission. Certains de ces ministres, au-delà des explications, ont été obligés de faire des excuses publiques. Le Cigma a tout bonnement attendu que la tempête se calme.
Une autre mission fondamentale du Cigma est de contribuer au « rayonnement et à la promotion de l’image du Mali en vue d’une meilleure connaissance de ses potentialités. Ce, à travers des supports de communication bien définis que sont les sites Internet, les revues d’analyses de presse et autres sources médiatiques ».
Farniente
De son opérationnalisation à aujourd’hui, aucune rédaction de presse privée (audiovisuelle ou écrite) n’est en mesure de dire qu’elle a un quelconque contact au Cigma. La marginalisation de la presse nationale, surtout privée lors du Sommet Afrique-France en est une preuve supplémentaire.
Les dirigeants de cette structure doivent comprendre que l’une des clefs de voûte de la communication gouvernementale consiste à faire connaître, à travers les méthodes les plus compréhensibles par tous, les rouages, le fonctionnement et les formes d’intervention des démembrements de l’Etat, pour que les habitants des villes et de campagne bénéficient des retombées les plus efficientes d’un service public.
Vérifié de visu sur le terrain, le système actuel de l’information ne peut permettre à la masse de prendre conscience la gravité de la situation d’extrême pauvreté qui caractérise le pays. La communication gouvernementale vise à établir une interrelation entre les différents structures de l’Etat, entretenir un dialogue des plus fructueux entre l’administration et les différentes couches de la communauté nationale, en mettant en œuvre tous les supports y afférents, afin de faciliter la circulation de l’information et faire de telle sorte que la transparence et la bonne gouvernance se traduisent en réalités concrètes.
La réussite d’une telle opération passe nécessairement par un changement de mentalité et de comportement à tous les niveaux.
D. Samaké LA SIRENE