La carte d’identité nationale malienne est l’une des plus faciles à obtenir dans la Sous-région pour ne pas dire en Afrique. Les raisons évoquées sont entre autres : la corruption des agents en charge de la livraison de cette carte pièce qui, contre espèces sonnantes et trébuchantes, seraient prêts à vendre même le pays. Mais la Responsabilité n’incomberait pas qu’à eux seulement. Selon Mohamed Chérif Haïdara, Président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne, « il n’y a aucun élément de sécurité sur la carte d’identité nationale du Mali».
La carte d’identité nationale malienne serait comme le «maribagatiga». C’est-à-dire que n’importe qui peut en avoir. Même les non maliens. A condition de débourser de l’argent. Puisqu’il y aura toujours des agents prêts à trahir le serment de servir loyalement la nation, de la protéger et de veiller à la sécurité de leurs concitoyens.
Les exemples les plus concrets nous viennent des candidats à l’immigration et des chancelleries du Mali en Europe et en Afrique centrale. Ces personnes et ces administrations ont régulièrement affaire à des individus en possession de la carte d’identité nationale malienne alors qu’ils ne connaissent rien du Mali et des Maliens. Selon le Président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne (CSDM), Mohamed Chérif Haïdara, les consulats maliens à l’extérieur sont presque tous les jours confrontées à des situations où ils doivent gérer des personnes qui ne sont pas des Maliens. Mais puisqu’ils sont en possession des papiers du Mali, le pays d’accueil les considère comme des Maliens. «Et c’est tout à fait normale aussi », dit-il. Les Responsables de cette situation ne sont autres que ceux en charge de délivrer ces documents de « souveraineté nationale» que sont la carte d’identité et le passeport.
Enseignant de son état, Mamadou Kanté témoigne. « J’ai connu un Nigérian qui venait prendre du thé avec nous au grin. J’ai été surpris de le voir en possession de la carte d’identité nationale malienne. Quand je lui ai demandé comment il s’en est procuré, il a tourné en rond ; et j’ai tout de suite compris qu’il avait dû payer de l’argent pour se faire établir ce précieux document», nous a-t-il révélé.
Il en est de même pour les passeports. C’est donc tout naturellement que les Maliens viennent à observer des pénuries de ces papiers de « souveraineté » ; car, ils ne sont pas les seuls à les utiliser. « Au lieu de combattre le mal par la racine en sanctionnant les pourris, on fait de la gymnastique intellectuelle pour trouver de faux arguments pour justifier ces pénuries », lance amèrement ce jeune qui a dû attendre plusieurs mois pour rentrer en possession de son passeport. La cause de la prolifération des documents maliens à travers le monde ne serait pas seulement du fait des services en charge de la livraison de ces documents et leurs agents. Selon Mohamed Chérif Haïdara, Président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne (CSDM), « il n’y a aucun élément de sécurité sur la carte d’identité nationale malienne». Les références écrites à la main et les petites perforations sur la carte ne garantissent pas la sécurité de cette pièce. Mais, c’est le contraire, dit-il. C’est pourquoi certains Africains en possession de nombreuses cartes à travers l’Europe et le continent ne proviennent pas de nos services mais de la falsification. Avec l’entrée en vigueur du passeport biométrique, il n’est plus question de falsifier le passeport malien, nous assure un Officier de la Police des frontières, structure responsable de l’émission des passeports.
En ce qui concerne la carte d’identité nationale, la nouvelle carte d’identité biométrique de la CEDEAO que le Mali doit adopter au même titre que les autres pays membres, mettra fin à sa falsification et à sa vente illicite.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT