lundi 2 décembre 2024
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CABLEGATES OU LES MURMURES DE L’ONCLE SAM : La crise budgétaire de 1976 et la Géopolitique

Le 6 mars 1976, le diplomate saoudien, Ahmed Saleh, déclara au vice-chef de la mission américaine que le vice-président du Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN) et Ministre du Plan, Baba Diarra, avait reçu du gouvernement saoudien non seulement les 6 millions de dollars déclarés dans la presse locale, mais 40 millions de dollars supplémentaires dont 15 millions pour le barrage de Sélingué et les 25 millions de dollars restants pour l’aide budgétaire. Au total, l’aide saoudien s’éleva à 76 millions de dollars. Ce jour-là, après le retour de Baba Diarra à Bamako, certains fonctionnaires reçurent leur salaire de janvier. Selon Saleh, c’était le but de l’aide.
Pourquoi le Mali avait-il besoin de l’aide de l’Arabie Saoudite ? En 1975, le coût des importations était au-dessus de ce que le Mali pouvait payer. Les Français soutenaient le franc malien, mais apparemment ils ont arrêté. Les dépenses sur les fonctionnaires n’étaient pas sous contrôle. Le Mali se tourna vers la France pour demander des fonds supplémentaires pour le soutien budgétaire et une garantie pour le franc malien.
Cependant, les Français essayant de mettre fin à cette demande annuelle des Maliens, acceptèrent de fournir un certain niveau de soutien, mais pas assez pour résoudre les problèmes du Mali. La France demanda certaines réformes, comme chaque année, et donna au Mali trois mois pour se redresser. Le but était de réduire le budget et de maîtriser les coûts de personnel dans les entreprises d’État.
Pour le Mali, cette pilule française était trop amère à avaler ; d’autres alternatives devraient être considérées. Diarra s’envola vers l’Arabie Saoudite, le Kuwait, le Qatar et Bahreïn pour obtenir une aide financière et économique. Il retourna avec 46 millions de dollars supplémentaires provenant de l’Arabie Saoudite, et probablement des fonds supplémentaires des autres états du Golfe. Le résultat du voyage réussi de Diarra fut que les maliens n’avaient plus à accepter les exigences françaises. Le levier financier de la France s’évapora. Mais en géopolitique, chaque assistance a un prix.
Avec leur aide, les Etats arabes conservateurs pensaient contrôler l’influence des soviets et des chinois sur le Mali. A part ce fait, ils n’avaient pas d’autres raisons pour justifier leurs énormes dépenses. Les Américains étaient préoccupés par l’intransigeance malienne sur la question de Porto Rico. L’influence de l’Arabie Saoudite pouvait servir les intérêts américains. Les Etats-Unis étaient en mesure de demander une intervention saoudienne pour modérer le « radicalisme » du Mali sur un problème clé. Si les saoudiens étaient prêts à payer des sommes énormes pour contrôler l’influence soviétique, ils seraient prêts à travailler vers le même but en prévenant les Maliens qu’un vote contre les États-Unis sur Porto Rico endommagerait les relations entre le Mali et les Etats-Unis. Cette situation ne profiterait qu’aux soviets.
La République fédérale d’Allemagne avait également un vaste programme d’aide au Mali et s’inquiétait de l’influence soviétique. Washington voulait que l’Allemagne utilise son influence pour pousser le Mali à ne pas voter contre les Etats-Unis concernant la question de Porto Rico aux Nation-Unies. En mai 1976, le Ministre des Affaires étrangères, Seydou Traoré déclara que la position du Mali sur Porto Rico, en s’appuyant fermement sur le principe de la décolonisation, évoluait au fur et à mesure que la situation évoluait. Historiquement, le Mali a été un supporteur de Porto Rico et avait co-sponsorisé une résolution supportant le pays.
Avec la pression américaine, le Mali essayait maintenant de trouver une solution où les intérêts maliens et américains pourraient être joints.
Amadou Wane INFO SEPT

Djibril Coulibaly

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