Que d’ailleurs, le ministère des Sports doit à la Femafoot plus de 500 millions FCFA d’impayés. C’était lors d’une conférence de presse, tenue hier dimanche 19 mars, chez lui, sis au quartier du fleuve. Au cours de laquelle, il a évoqué la transparence qui caractérise la gestion des fonds de la FIFA destinés aux fédérations de football, avant d’affirmer que le comité mis en place par le ministre des Sports n’obéît point aux règles édictées en la matière par la FIFA.
Chemise blanche, le regard rassurant, le gestuel s’accommodant avec le discours tenu dans un ton motivant, le président de Malifoot, n’est visiblement pas affecté ni inquiété de la situation imposée au football malien par le ministre Housseini Amion Guindo dit ‘’Pouloh’’. D’ailleurs, à plusieurs reprises il laissait entendre que c’est « l’Etat qui est fort ».
L’Inspecteur général de police Boubacar Baba Diarra, président de la fédération malienne de football, qui était absent du pays, a maintenant brisé le silence. Cela depuis la décision de dissolution du comité exécutif de la fédération malienne de football, suivie de la mise sous scellé des bureaux de Malifoot par le ministre des Sports, ayant amené la Fédération Internationale de Football (FIFA) a sanctionné le Mali, suspendu de toutes les compétitions de football et de ses programmes de développement à travers le monde.
L’objectif de cette conférence de presse, selon lui, ne vise pas à répliquer ni à cadrer quiconque, mais à donner de la bonne information afin que l’opinion publique nationale et internationale puisse être éclairée sur la gestion des finances de la fédération malienne de football, notamment dans le cadre de son partenariat avec le Ministère des Sports et la Fifa. Et ce, afin de pouvoir faire la part des choses par rapport à toutes les accusations portées contre le comité exécutif de la FMF, dont il est le président.
D’entrée de jeu, le pdt du FMF, a détaillé les différentes sources de financement du football au Mali.
« Je ne connais pas la couleur de l’argent donné par l’Etat pour le football »
Il a indiqué que sa fédération est annuellement saisie par le ministère des Sports, à chaque période d’élaboration du budget national pour produire son projet de budget afin que celui-ci soit intégré dans le projet de budget du département. Mais que depuis plus de trois ans, qu’il est à la tête de la Femafoot, on ne lui a jamais fait le retour pour dire ce que le trésor public a mis à la disposition du football malien après l’arbitrage du ministère des Finances. « Je mets quiconque à défis de prouver si une seule fois on a informé la fédération sur le montant que l’Etat met à la disposition du football malien » affirme-t-il avant d’ajouter que cet argent est laissé à la guise du DFM du ministère des Sports pour le gérer comme il le veut. D’ailleurs que pour faciliter le processus de financement des activités du football, il a eu à faire deux propositions de partenariat à leur département de tutelle. A savoir, la mise en place d’une régie spéciale d’avance pour la gestion des fonds destinés au football et la proposition d’ériger la FMF en une unité fonctionnelle rattachée à la direction des Sports. Ces deux propositions, selon M.Diarra, n’ont jamais reçu une issue favorable de la part du ministère des Sports, malgré le fait que le football soit la discipline phare dans le pays. Il dira que toutes ces propositions visaient à faciliter le processus de décaissement et amener la transparence dans la gestion du budget de crédit alloué au football malien. « Donc, l’argent que l’Etat donne au football je ne connais pas sa couleur… » a déclaré le président de la FMF tout en regrettant le fait qu’on dise que l’Etat met à sa disposition 95% de ses ressources. « Je veux qu’on me dise 95% de quoi, de quel montant ? Et qu’on me montre un seul mandat de délégation de cette enveloppe, depuis les quatre ans qu’on est ensemble ».
Dans la même foulée, il a détaillé les grandes lignes des dépenses annuelles de sa fédération. Qui se décomposent comme suite : championnat national (750 millions de francs CFA par an), coupe du Mali (155 millions CFA), le championnat national féminin (460 millions CFA), le championnat national U17- U15 (52 millions CFA). Soit un (1) milliard quatre cent dix sept (417) millions, dépensés cette année, à titre d’exemple donné par Boubacar Baba Diarra. Par rapport aux charges de la structure (salaires du personnel, eau, électricité du siège et autres charges), ils s’élèvent, selon toujours le président de Malifoot à 283 562 000 F CFA (Deux cent quatre vingt trois millions Cinq cent soixante deux mille francs). Ce financement, selon M. Diarra, provient soit du FAF( Fonds d’appui de la Fifa), ou de l’apport des sponsors comme Orange-Mali ou Airness.
Il dira, par la suite, que l’Etat même pour prendre en charge les primes et frais d’internant des internationaux ne s’exécute jamais à bon échéant.
« Lors des préparatifs de l’équipe nationale au Maroc à la dernière CAN 2017, c’est moi qui ai payé les 48 millions nécessaires pour cela, en plus de 13 millions comme prime de sélection aux joueurs, une gratification à tous les joueurs et leur encadrement 37 millions, la prise en charge de l’intendant de l’équipe et du technicien vidéo, 7 millions. Soit 147 millions pour la préparation et la participation des Aigles à la CAN du Gabon » a-t-il révélé avant de mettre quiconque à défi pour dire ce que l’Etat a donné à cet effet.
« La FIFA n’a rien donné pour les équipes nationales juniors et cadettes »
Le deuxième point de l’intervention du président de la FMF s’est axé sur certaines informations véhiculées à l’encontre du comité exécutif de la FMF par rapport à l’utilisation faite de certains fonds donnés par la Fifa. Notamment après les différentes qualifications des équipes nationales de catégorie jeune. « Un débat redondant depuis deux ans » déplore Boubacar Baba Diarra, à telle enseigne que des responsables du département des sports auraient affirmé que pour les mêmes compétitions la télévision sénégalaise a annoncé que l’équipe sénégalaise a reçu plus de 3 milliards, grâce à sa 4ème place acquise à la coupe du monde des cadets de Nouvelle Zelande. Donc le Mali qui fut classé 3ème, aurait eu plus. Idem pour la coupe du monde des jeunes jouée au Chili. « Quand j’ai appris ça, j’ai immédiatement envoyé une correspondance à la Fifa pour réclamer la part du Mali. En réponse, on m’a fait savoir que la Fifa ne donne jamais de prime pour les catégories jeunes » a-t-il précisé avant d’ajouter qu’il a tenu à voir clair auprès de ses collègues du Sénégal et d’autres pays, qui ont tous démenti l’information véhiculée .
Ainsi, le président de la Femafoot s’est dit étonné des affirmations qui disent que la gestion financière à leur niveau serait opaque. « Nous bénéficions de l’appui d’un cabinet d’expertise comptable, qui nous assiste en permanence dans toutes nos activités. De même, à la fin de chaque exercice, nous dressons un état financier cohérent des recettes et dépenses. Et ces états sont audités à chaque fois par un cabinet d’expert. Et 15 jours avant l’AG, qui est l’organe d’approbation de nos états financiers, on envoi la copie de ceux-ci à chacun des 54 participants à l’AG, y compris la direction nationale des Sports» détaille le Pdt de la FMF.
Concernant le financement donné par la Fifa aux fédérations de football, il dira que cela est acquis à partir d’un programme soumis par le bureau fédéral à l’instance suprême du football mondial, chaque année. Après l’exécution du programme, elle envoie une mission pour évaluer par un rapport d’audit, adressé à la Fifa. « Sans ce rapport d’audit, la Fifa n’envisage jamais un autre financement » clarifie Baba Diarra, avant de préciser que leurs finances sont tenues de façon transparente et professionnelle, car soumises à deux évaluations par an.
En outre, le président du Malifoot a aussi démenti l’information relative à l’acquisition par sa fédération d’une enveloppe de 3 milliards CFA par la Fifa. Qu’il n’existe aucun ordre de virement relatif à cette somme d’argent entre la FMF et la Fifa. Cependant qu’il peut s’agir d’un ancien financement de programme, celui relatif à la construction de 3 stades au nord, acquis depuis 2013. Et dont les travaux furent immédiatement arrêtés par la Fifa, à cause de cette décision du ministre des Sports.
Avant de terminer, le président de la Femafoot a regretté que le débat ait cessé d’être sportif, mais financier. « C’est dommage. Mais je tiens à préciser que nous, depuis notre arrivée à la fédération, n’avons pas reçu un franc de l’Etat malien pour faire face à nos charges de fonctionnement, pour organiser aussi bien les championnats que les programmes de formation des acteurs du football » a-t-il clarifié avant d’affirmer qu’aujourd’hui le ministère des Sports leur doit 365 millions. De même que dans le cadre de la résolution de la crise, le fait d’avoir repêché les 4 clubs de la 2ème division à la 1ère division, a occasionné un coût additionnel de 210 millions que le département s’est engagé à payer. « J’ai toute la documentation dans mon bureau, qui a été malheureusement mis sous scellé. L’Etat nous doit plus de 560 millions F CFA » a déclaré avec insistance Boubacar Baba Diarra.
La mise en place d’un comité de normalisation obéit à des conditions !
Lors de cette conférence de presse, le président du comité exécutif de la FMF, a déploré les conditions dans lesquelles, le ministère s’est précipité à mettre sous scellé les locaux de la Fédération malienne de football. Qui sont, en plus du terrain qui les abrite, dit-il, la propriété de la FMF. « Au-delà de ce patrimoine propre à la fédération, aujourd’hui nous sommes en droit d’avoir de prétentions sur les stades Mamadou Konaté, de Segou, de Tombouctou et de Gao. Car pour s’engager à financer les travaux sur ces stades, la Fifa a exigé la formalisation d’un bail entre la FMF et le département des Sports » a-t-il révélé, tout en précisant que dans le dit bail, le ministère s’est engagé à renoncer à la jouissance de propriété sur ces stades pendant 99 ans et pour les Maires de Tombouctou et Gao pour 30 ans.
Concernant la saisine de leurs comptes, il affirme qu’il faut une décision de justice pour cela. Mais que les banquiers par respect à la décision du Ministre, n’ont pas saisi mais provisoirement bloqué les dits comptes, en attendant que les choses entrent dans l’ordre normal.
Par rapport au comité de normalisation mis en place par le département des Sports, Boubacar Baba Diarra, dira que cela n’est qu’un comité provisoire. « En principe, c’est la Fifa qui devrait venir mettre un comité de normalisation, composé des membres de toutes les parties. Conformément à sa lettre, qui pose deux conditions, la levée de la suspension contre la FMF et la mise en place du comité de normalisation. Dans ces conditions, nous sommes ouverts aux négociations comme toujours d’ailleurs » a déclaré le pdt de la FMF, avant de rappeler que quatre jours avant la décision du ministre, ils étaient sur le point d’aller en négociations sous l’égide de la famille Niaré, avant d’être curieusement informés que la rencontre fut reportée.
En conclusion, par rapport à ce bras de fer avec l’actuel ministre des Sports, le président du Malifoot, dira qu’il n’a rien à se reprocher, d’ailleurs qu’il a beaucoup de respect à son égard. Que les sanctions prises contre ceux qui se sentent lésés, ont été prises dans les règles de l’art que tout responsable est appelé à respecter. « Je ne veux pas vivre avec l’humiliation d’un traitre, jamais ! » a conclu le président du Malifoot.
Moustapha Diawara LE SURSAUT