Le Mali souhaite désormais établir un cadre de dialogue bilatéral avec des pays européens après l’annonce jeudi dernier (17 février 2022) par le président Emmanuel Macron de la France du retrait des forces Barkhane et Takuba de notre pays en proie à une crise sécuritaire depuis 2012. Ce souhait a été exprimé par le gouvernement malien lors de l’audience accordée ce jeudi par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Colonel Sadio Camara, aux ambassadeurs des pays qui contribuent à la task force Takuba. Elle a enregistré la présence du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Abdoulaye Diop.
Il s’agissait essentiellement d’une «réunion de concertation et de dialogue» entre ce département et les diplomates européens afin de donner «la vision du gouvernement malien» par rapport à la présence de la force Takuba au Mali et l’importance de la sécurisation des populations et de leurs biens. Le chef de la diplomatie malienne a ainsi demandé à ses interlocuteurs de revoir «le cadre juridique» de la présence des forces Takuba et Barkhane au Mali.
Le Mali «reste et demeure disponible pour les échanges», mais exige désormais de chacun de ses partenaires l’établissement «d’un cadre de dialogue bilatéral avec les autorités maliennes». Aujourd’hui nos autorités inscrivent aussi la coopération avec ses partenaires dans «le cadre du renforcement des capacités des FAMa pour la sécurisation des populations civiles et de leurs biens».
Les deux membres du gouvernement malien ont réaffirmé leur reconnaissance à «l’ensemble des sacrifices» qui ont été consentis par les partenaires du Mali dans la lutte contre le terrorisme. Ils ont néanmoins souhaité que les pays présents à l’audience du jeudi dernier fassent aussi «preuve de discernement dans la tension diplomatique entre la France et le Mali». Pour le ministre Abdoulaye Diop, «la souveraineté du Mali doit être respectée. Tout comme le choix souverain du Mali pour assurer sa défense et sa sécurité. Les Maliens ont l’intelligence nécessaire de faire des choix qui vont dans le sens de l’intérêt supérieur du Mali». Et de rappeler, en guise de conclusion, que «les relations entre le Mali et ses partenaires sont toujours des relations à discussion».
Quelques heures après l’annonce du retrait du Mali des forces Barkhane et Takuba par Emmanuel Macron, le Directeur de la DIRPA (Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées) était face aux médias pour sa traditionnelle conférence de presse mensuelle. «Toutes les forces européennes sont chez nous, mais ça nous a donné quoi ? Si le problème (menace terroriste) ne s’est pas empiré, je pense qu’on n’a pas eu de solutions…», s’est interrogé le Colonel Souleymane Dembélé. «Le Mali n’est pas seul et ne restera pas seul», a-t-il assuré aux médias.
Ce retrait est annoncé au moment où les Forces armées maliennes enregistrent des victoires sur l’ennemi sur différents théâtres des opérations à travers le pays. C’est ainsi que 208 terroristes ont été tués du 25 décembre dernier à ce jour lors des opérations menées dans diverses régions du pays. Durant la même période, les FAMa ont également procédé à 108 interpellations. Quarante sept armes ainsi que des munitions, 28 véhicules, 94 motos, 718 sacs de céréales ayant été pris aux populations comme «Zakat» par les extrémistes ainsi que 453 têtes de bovins et ovins ont été récupérés lors de ces offensives réalisées dans le cadre de la nouvelle opération dénommée «Kélétigui» qui a débuté depuis le 25 décembre 2020.
Selon le directeur de la DIRPA, «ces exploits» sur les théâtres des opérations confirment la montée en puissance des FAMa. Une situation rendue possible, a expliqué le colonel Souleymane Dembélé aux médias, par l’acquisition des équipements (4 hélicoptères sortis d’usine, des engins blindés et engins légers), le réarmement moral de la troupe, l’amélioration des conditions de vie et de travail des hommes et les efforts de restructuration visant tous les compartiments des Forces de défense et de sécurité (FDS) du pays.
Il a aussi rappelé que, grâce à l’accumulation des expériences vécues par les FAMa et à l’adoption de la nouvelle posture, les Groupes armées terroristes (GAT) sont «en train d’être traqués» au-delà de la pose des mines artisanales, des sabotages des installations et l’utilisation des boucliers humains. Il est indispensable de maintenir désormais cette pression sur les terroristes pour progressivement sécuriser le pays.
Naby LE MATIN