Le Président du Cnid, Me Mountaga Tall, invité du Magazine “Et si… Vous me disiez toute la vérité’’ de Denise Epoté de TV5 Monde Afrique, a affirmé que le Mali a besoin de paix, de réconciliation entre ses fils et ses filles.
Le principe même des Assises nationales de la refondation a été reformulé par le Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) contenu dans un mémorandum et qui a été d’abord remis à l’époque au Président Ibrahim Boubacar Kéita et ensuite à Bah N’Daw, président de la transition et cette fois-ci au colonel ensuite, a expliqué Me Mountaga Tall. La différence est que les résolutions de ces Assises vont s’imposer, un comité de suivi est mis en place et ces résolutions ne seront pas rangées dans les tiroirs.
Selon Me Tall, IBK avait clairement fait savoir qu’il était un Président élu, que les conclusions ne s’imposent pas à lui. Selon lui, contrairement à ce qui a été mis en place actuellement, IBK n’a jamais mis en place un comité de suivi. Cette différence à l’en croire rend optimiste dans la mise en œuvre des principales recommandations.
Cet acteur du combat démocratique depuis les années 1990 estime que les crises que connait le Mali puisent leurs racines des problèmes lointains. “Depuis 1992, j’ai tiré la sonnette d’alarme. j’ai dit de façon très claire aux Maliens et à la communauté internationale qu’ils sont en train de s’agripper à l’image qu’on projette sur le formalisme démocratique, mais que la démocratie au Mali, manquait fondamentalement de substance’’, a-t-il expliqué l’orateur en ajoutant que depuis 30 ans, il n’y a jamais eu de bonnes élections dans ce pays.
À la question de savoir si la junte était la garante de ce renouveau politique malien, Me Tall a fait savoir que la substance de la démocratie au-delà des institutions, des professions de foi, réside fondamentalement en l’existence d’une opinion publique formée, informée, vigilante et exigeante. « Aussi longtemps que cette opinion publique ne sera pas là, les dérives seront possibles et c’est avec cette seule opinion publique que l’on pourrait contrer tout ce qui peut avoir comme tentative de mal gouvernance, de corruption, de tripatouillage des constitutions et de toutes les autres pratiques non démocratiques et non républicaines qui conduisent aux échecs que nous connaissons et qui donnent lieu malheureusement aux coups d’État’’, dit-il.
Sur le respect du délai de la transition fixé pour février 2022 exigé par les partis politiques qui pensent que les assises avaient pour but de prolonger la transition et non de trouver les solutions à la crise que le Mali connait, Me Tall affirme que l’idée des Assises existait sous IBK. Donc l’objectif n’était pas pour la prorogation. “Moi je crois à la diplomatie et à la perspicacité des chefs d’État, au patriotisme des autorités de la transition pour trouver un compromis parce que, la seule alternative au compromis serait le renforcement des sanctions et les principales victimes seraient encore les couches les plus vulnérables’’, a-t-il souligné.
Il s’est également prononcé sur la diversification des partenaires du Mali. Selon lui, le Mali a la souveraineté dans le choix des partenaires. “Quand il y a deux amis, quelle que soit la longueur et la durée de l’amitié, un nouvel ami ne peut pas obliger à rompre une vieille amitié, et un vieil ami ne peut pas interdire que l’on noue de nouvelles amitiés’’, cherche-t-il à convaincre. Et d’ajouter que le Mali a de vieux partenaires avec qui il doit continuer à travailler. Le Mali, dit-il, a aussi le droit d’explorer les voies nouvelles.
Kévin KADOASSO LE COMBAT