Répondant hier aux questions des Honorables Députés relatives à la signature ou non par le Gouvernement malien d’un certain accord dit de réadmission des Maliens en situation irrégulière en Europe, le Ministre des Affaires Etrangère et son collègue des Maliens de l’Extérieur se sont montrés plus évasifs que convaincants. Munis du seul argument que constitue la note verbale brandie par le Royaume des Pays-Bas pour servir de démenti à l’existence de ce fameux accord, les deux Ministres de la République n’ont pas su mettre un terme définitif à cette histoire. Ce, en ce sens que les spéculateurs s’attendaient plutôt à du nouveau du genre une réaction de la part de l’Union Européenne.
Cela n’a pas été le cas hier à l’Assemblée Nationale où les Députés de l’opposition ayant introduit la motion de censure dont une partie des griefs portait sur cet accord sont restés sur leur soif. Tout pour l’agréable, rien pour l’utile qui pouvait couper l’herbe sous les pieds de leurs détracteurs ; est-on tenté de dire des interventions de ces deux membres du Gouvernement qui, deux heures d’horloge durant, n’ont nullement parlé d’un éventuel démenti venant de l’Union Européenne. Pourtant, l’exigence de ce démenti avait été formulée par le Ministre Abdoulaye DIOP à l’endroit des Pays-Bas et de l’UE. Pourquoi, donc, cette entité ne réagit pas jusqu’ici ? Voici une question qui continue par tarauder les esprits et dont la réponse pouvait servir d’apothéose à cette affaire aux dimensions planétaires.
Dans le dilatoire auquel les deux Ministres se sont livrés en faisant la preuve qu’ils ne disposaient pas plus d’un tour autre que la note verbale de l’Ambassade des Pays-Bas, dans leur gibecière, le Ministre DIOP a tenu des propos qui ne sont pas exempts de critiques.
En réponse à une question par laquelle un Député a cité une journaliste qui aurait dit sur France 24 que le Mali venait de signer avec l’UE un engagement de refouler les Maliens d’Europe, le Ministre des Affaires Etrangères a laissé entendre que l’affirmation de cette journaliste ne constitue pas de l’évangile en soi. Cette réaction du Chef de la Diplomatie malienne a suscité du remous chez les Députés de l’opposition, visiblement avides de renchérir que les allégations de leur interlocuteur selon lesquelles sa signature apposée sur ce qu’il appelle par communiqué conjoint ne donnait aucune valeur juridique d’accord au document ne sauraient non plus être une parole d’évangile.
Par ailleurs, le principal interpellé dans cette affaire a condamné, dans son Phébus, le fait qu’aucun média international n’ait relayé le démenti émanant de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas au Mali. Il s’agissait là d’une manière à lui de montrer aux Honorables détracteurs que les médias internationaux ne sont pas aussi crédibles comme ils pouvaient le supposer. Mais, c’est sans compter sur la bienveillance des uns et des autres qui ne sont pas pour autant dupes au point de ne pas se rendre compte que c’est ce même Ministre qui s’est empressé de reprendre sur sa page face book la publication de ce démenti fait par l’AFP. C’est à croire donc que l’Agence France Presse (AFP) est un média local.
Face à de telles incohérences, point donc besoin de conclure que des doutes persistent autour de la signature ou non d’un accord UE-Mali autorisant le refoulement des migrants maliens en situation irrégulière sur le sol européen. Surtout que l’infirmation de l’existence d’un tel compromis a été plus faite par les verbes de serment que par des preuves concrètes. Il est possible aussi que l’opinion malienne ait accordé du crédit aux : « Je ne mens pas », « Je n’ai jamais menti », « Je ne mentirai jamais », scandés par le Ministre Abdrahamane Sylla à la chute de son galimatias.
Katito WADADA : LE COMBAT