Et de trois pour le Gouvernement AIM dans sa honteuse habitude de céder sous les pressions. Après les cas notoires des sujets portant sur la révision constitutionnelle et l’application de la loi contre l’enrichissement illicite devant lesquels nos décideurs ont lâché du lest sous la pression de la rue, c’est au tour de la justice malienne de céder face à une grogne qui a à peine sorti ses griffes. En acquittant le chroniqueur Ras Bath, la justice vient une fois de plus prouver que le Gouvernement a courbé l’échine devant des menaces venant des infortunés soutiens de l’accusé.
Le ridicule ne tue vraiment pas au Mali où n’importe qui ou n’importe quel groupuscule d’individus peut braver une décision du Gouvernement pour lui tenir ainsi tête. Ce n’est, donc, pas qu’au Nord de notre pays qu’on peut parler du manque de l’Administration. Elle est physiquement présente au Sud mais juste pour la forme puisqu’elle n’arrive pas à s’assumer. Pour le cas du procès Ras Bath, le plaignant qui n’est autre que le Gouvernement de la République du Mali, représenté par le Ministère Public, avait déjà fléchi à la première instance lorsque les juges avaient trouvé un non-lieu pour trois des quatre chefs d’accusation formulés contre le déloyal rasta. Le comble est survenu le lundi dernier à l’appel de ce procès où il ne restait qu’un seul chef d’accusation sur la table. Prenant plus d’un au dépourvu, le Ministère Public a annoncé l’abandon des poursuites ; une annonce qui a amené la Cour à acquitter l’accusé pour « délit non constitué ». Il s’agissait là d’un stratagème monté unanimement de toutes pièces par la justice et le Gouvernement pour, dit-on ainsi, opter pour l’apaisement du climat social parce que craignant les représailles qui devraient suivre toute inculpation de Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. Et au Ministre de la Justice de faire les frais de cette reculade.
Si d’aucuns estiment, en effet, que sa démission est sa façon à lui d’exprimer son désaveu du Gouvernement, d’autres croient que Me Mamadou Ismaël Konaté a été sacrifié sur l’autel de la présidentielle de l’année prochaine. Les tenants de cette vision des choses justifient leur analyse par le poids social de Ras Bath. Celui-ci serait jeté en prison que le régime IBK perdrait à coup sûr le scrutin de sa possible deuxième mandature. Mais, dans l’un comme dans l’autre cas, la lettre de démission faite par le Ministre de la Justice en dit long sur la faiblesse du régime devant la rue.
« Je note l’attente du régime de passer par un tel chemin vers l’apaisement et l’accalmie. L’ambiance délétère du moment nous conduit à courber l’échine devant les anomalies, à fermer les yeux devant les violations et à accompagner les anomalies de peur des affres des troubles et des violences de rue.
Le régime en donnant échos à une telle vertu se sauve sans la République. La préservation des libertés et de toutes les libertés est aussi utile et nécessaire en République que leur respect absolu s’impose à tous. Aujourd’hui, peut- être pas, mais, demain oui et sans aucun doute.
La quiétude des populations et la sauvegarde de leurs libertés, la défense de l’intérêt supérieur de l’État et la préservation du bien public, la lutte pour la justice et contre l’impunité des crimes en général, et des crimes de sang en particulier sont des déterminantes essentielles en République.
En République, l’action d’un Ministre de la Justice vise à suivre l’application des lois et des règlements et poursuivre le non-respect et leurs violations le cas échéant», a écrit Me Mamadou Ismaël Konaté au Président de la République. Jugez-en vous-même !
Katito WADADA : LE COMBAT