Voilà, il fait maintenant quatre ans au complet depuis que l’Accord d’Alger II est né au forceps. Sur papier, une série d’engagements fermes avait été signée entre Koulouba et les Groupes armés sous la pression de la communauté internationale qui avait promis de veiller à sa mise en œuvre effective. Mais, à la grande surprise de l’opinion nationale et internationale, la matérialisation de la teneur du fameux document pose toujours problème. Ce, dans la mesure où en diagnostiquant sévèrement tout ce qui a été décidé entre Bamako entre les différentes parties, on découvre que ce n’est quasiment que du bluff. Ce qui fera que c’est le Peuple malien qui est en train d’être roulé jusque-là dans la farine.
Comme cela est devenu de coutume au double plan politique et sécuritaire de notre pays, le 20 juin dernier fut une date commémorative de la signature de l’Accord d’Alger II. Ainsi, il nous fait quatre ans maintenant depuis qu’il nous a été solennellement promis la fin de cette crise multidimensionnelle que traverse notre pays. Et à tout moment où des lueurs d’espoir pointent à l’horizon avec des nouvelles bases prometteuses, c’est la situation qui se complique davantage. Toujours le pays est dans la fausseté et la pirouette, toutes restées jusque-là impunies.
Surtout dans les Régions du Centre et du Nord du pays où le sang et les larmes d’innocents ne font que de couler à flots.
Pourtant, la signature du document contenant l’Accord d’Alger est accouplée d’un chronogramme bien clarifié dont les différentes parties adverses se sont engagées à respecter intégralement. Mais, depuis quatre ans après, c’est quasiment le statuquo: on n’avance pas du tout! Le constat est là, il est patent et douloureux. Le processus de pacification du pays est toujours soumis à de rudes épreuves. Des regrets surgissant les unes après les autres. Cela, tant du côté des terroristes (ou Djihadistes) que de celui des milices privées, des mercenaires et des ex-rebelles du MNLA, implicitement caressés dans le sens du poil par la Communauté internationale avec la France, l’Algérie en tête et le Gouvernement malien même complexé devant ceux qui ont pris les armes contre la patrie. À cet effet, nous à nouveau face à une atmosphère déplorable venant non pas cette fois-ci du côté des seuls terroristes qui font monter d’un cran les attaques meurtrières contre nos forces armées et de sécurité, les Casques bleus onusiens et des populations civiles. De janvier dernier à nos jours, la situation s’est subitement dégradée. Dans la Région de Mopti, principalement, il y a toujours eu des attaques frisant toutes sortes de confusions et d’amalgame. Un véritable climat de tensions prévaut de 2018 à nos jours non pas à l’actif des groupes armés signataires de l’Accord d’Alger, mais d’une bande de criminels se réclamant des milices d’autodéfense communautaires. Plus inquiétant, l’État malien n’est presque sans aucune autorité sur le front militaire et sécuritaire. À se dire vrai, c’est une nouvelle race de bandits armés et caressés dans le sens du poil qui est en train d’exterminer les populations civiles. Cela, sous l’œil complice de la communauté internationale qui ne fait que de réagir à travers des laconiques condamnations de principe au lieu d’agir à temps opportun pour éviter les drames devenus répétitifs dans, notamment, la Région de Mopti. Vu la position de faiblesse de Bamako, même l’ex MNLA est en train de renaitre de ses cendres avec des actes de sabotagesconcertés pour faire échec à l’ensemble du processus de paix et de retour total de l’Administration à Kidal et sur l’ensemble du territoire national.
Avec les massacres, récemment déplorés dans la Région de Mopti, les termes du processus de sortie de crise sont en train de muer en véritables mirages. Alors que, du côté des pauvres populations civiles, on s’attendait à ce que les troupes onusiennes et françaises réagissent et que le Président IBK se remet en selle, ne serait-ce que pour situer clairement les responsabilités des uns et des autres dans ces scènes de violences meurtrières sans précédent dans la Région de Mopti. Des conflits pseudo interethniques sont sciemment orchestrés entre les pauvres populations Dogons et Peulhs principalement. Ce, une main invisible qui continue d’apporter aux ex-rebelles une assistance stratégique et logistique pour compromettre l’ensemble du processus de pacification du pays et de réconciliation nationale. L’arrêt définitif des hostilités avait, pourtant, été convenu à la suite de plusieurs rencontres organisées par les associations des Ressortissants des Régions du Centre du pays qui avaient regroupé les Représentants de tous les protagonistes autour de la même table des discussions. C’est dans ce cadre qu’il est projeté un forum régional de paix et de réconciliation à Mopti dans les jours à venir sous le parrainage du Président ATT.
Certes, le Président IBK vient de nommer son prédécesseur Dioncounda Traoré comme son Représentant Spécial dans le Centre du pays. Mais, force est d’avouer que les simples déclarations de bonnes intentions ne sauraient tirer le pays de l’ornière.
Du côté des médiateurs et des autres partenaires sous la coupole de la Communauté internationale, le moment est venu de rompre décisivement avec ces condamnations de principe sur fond de l’hypocrisie et des propos laconiques. Il s’agit d’honorer les engagements dans la lutte contre le terrorisme, l’impunité, la corruption et le statuquo. Bref, au Président IBK et son Gouvernement, ses amis français, algériens et de la MINUSMA de bien vouloir accepter de s’assumer maintenant en menant le franc-jeu face à cette crise qui n’a que trop duré. Que soit stoppée pour de bon cette spirale d’attaques inouïes et de violences meurtrières avec des dégâts collatéraux sans précédent, ces dérapages de tous les côtés, ces défaillances et insuffisances du processus de paix et de réconciliation nationale en cours.
Habib Diallo LE COMBAT