Les jours et les semaines à venir seront palpitants, car ils verront s’affronter sur la scène politique les camps du Oui et du Non. Alors qu’on s’entendait à un duel démocratique vif et argumenté qui opposerait partisans et adversaires du projet, nous assistons fort malheureusement à un match déséquilibré par la censure et le dénigrement au niveau de l’ORTM. Le camp du Oui est d’autant plus favorisé qu’il bénéficie du soutien tant matériel que financier de l’Etat, alors que celui du Non est sevré d’antenne. Comment ceux qui ont promis le renforcement de la démocratie et l’Etat de droit en 2013 peuvent-ils en arriver à limiter l’accès aux médias d’Etat et à certaines localités du pays ? Le gouvernement mesure-t-il la portée de ses actes ? A quand la fin de la censure et de la restriction contre les partisans du non à la révision Constitutionnelle ?
Les signaux d’un probable affrontement sont plus que perceptibles, au regard des actes et des propos tenus par certains ténors de la majorité. Ces derniers, au lieu de convaincre les citoyens maliens à adhérer au projet de révision constitutionnelle, procèdent par des invectives, de la diffamation et même de la violence physique. Ils s’opposent à l’exercice des droits démocratiques, dès lors qu’ils sont contrariés, allant jusqu’à refuser aux partisans du non ceux à quoi les tenants du oui s’adonnent allègrement. Le camp favorable à la révision organise meeting et autres manifestations, alors que certains préfets et commandant de brigade de gendarmerie sont instruits pour empêcher l’accès à leur localité à toute personne voulant battre campagne contre le projet de révision. Les responsables de cette besogne anti républicaine et anti démocratique ont d’abord cherché à saboter la marche du 17 juin, par la désinformation, en faisant croire que la marche a été reportée. Cette première tentative a été infructueuse, les Bamakois ayant répondu massivement présents et la manifestation est entrée dans les annales de l’histoire de notre pays. La seconde tentative a été la décision d’interdire le meeting du 1er juillet au motif que les chefs d’Etat hôtes du Sommet extraordinaire du G5 Sahel avaient commencé à venir et par conséquent, ils ne devraient pas trouver Bamako en effervescence. Car, pour le pouvoir, Bamako qui a une légendaire tradition de diatiguiya devrait plutôt réserver un accueil des grands jours à Emmanuel Macron et ses pairs africains. Ce second coup également a échoué et la plateforme An Tè A Bana a tenu son grandiose meeting à la place du Cinquantenaire. Le troisième essai a été d’empêcher par tous les moyens certains leaders de la Plateforme «Ne Touche pas à ma Constitution» de tenir des assemblées générales d’explication du pourquoi le « Non ». A Bougouni, à Doïla, à Fana et à Banamba, ce sont les autorités administratives, en l’occurrence les préfets, les sous-préfets et les commandants de Brigade de gendarmerie, qui ont été mises en mission pour, non seulement, les dénigrer, mais aussi et surtout les empêcher de tenir leurs meetings. Mesurent-elles toute la gravité de leurs actes ? Jusqu’où le Peuple malien se résignera-t-il de voir sa démocratie, chèrement acquise, prise en otage par un pouvoir obnubilé par son projet de révision constitutionnelle ?
Après avoir mis en coupe réglée l’ORTM et cherchant à tenir en laisse notre démocratie, le régime réussira-t-il à imposer son projet de constitution ? La marche prévue demain samedi 15 juillet en sera l’une des réponses. Avec une grande mobilisation, il serait fort à parier que le camp du Oui finira par lâcher en renonçant à son projet. Mais avec une faible mobilisation, elle aura un second souffle, après celui de la Cour constitutionnelle pour croire que le oui pourra l’emporter.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
Voir aussi
VISITE A KAYES : Assimi Goïta promet la relance économique après la montée en puissance des FAMa
«Nous avons débuté le travail avec l’équipement de l’armée et le développement de la …