vendredi 22 novembre 2024
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Situation agricole au Mali : «Aujourd’hui, la fonction agricole est une fonction dévalorisante », explique le Président de l’ANAM, El Hadj Seydou Idrissa Traoré

Actuellement, au Mali, la production agricole est confrontée à plusieurs contraintes parmi lesquelles la valorisation du domaine. L’Association Nationale des Agronomes du Mali (ANAM), face à ce problème, se mobilise activement. Pour ce faire, la question principale est de savoir quel type d’Agriculture pour le Mali ?

 El Hadj Seydou Idrissa Traoré, le Président de l’ANAMA dira : « il faut une volonté politique effective dans ce secteur dont la détérioration peut aussi être la cause de l’exode rural des jeunes.

Dans l’interview accordée à votre journal « Le Combat », le Président El Hadj Seydou Idrissa Traoré donne plus de détails.

LE COMBAT: Quelles sont les difficultés auxquelles est confrontée l’Agriculture malienne ?

El Hadj Seydou Idrissa Traoré : Il y a beaucoup de problèmes liés à l’Agriculture. C’est d’abord la performance du secteur et, ensuite, l’attraction du milieu. On constante aujourd’hui que la fonction agricole au Mali est une fonction dévalorisante, ce qui fait que la plupart des jeunes veulent aller en ville. Ils fuient les campagnes pour venir en ville et vendre des cartes de recharge, des chaises, chacun se promène avec n’importe quoi à Bamako pour l’ambulant ou  le marchand à la sauvette alors que le secteur agricole a de plus en plus besoin des bras valides. Des bras valides qui sont en train de tourner dos à la campagne. Il nous appartient de valoriser l’Agriculture, de faire en sorte que le secteur puisse nourrir son Homme.

De nos jours, quel est le taux de production agricole du pays ?

On n’a pas encore atteint les 10 millions de tonnes qui avaient été prévus plutôt au tour des 8 millions. Cependant, le problème n’est pas le million de tonne qu’on produit, mais  il s’agit de savoir si ce qu’on produit est profite aux producteurs ? C’est ça la question. Parce que le jour où le producteur pourra vivre de sa production,  l’Agriculture deviendra intéressante.

Est ce que le consommé malien  dont on parle souvent peut être une réalité au Mali ?

Le «consommons malien » peut être une réalité à plusieurs conditions. Parce que protéger sa production est une obligation à des moments donnés. Mais tout dépendra aussi de la force politique dont vous disposez. Nous faisons face à beaucoup de contradictions. Aujourd’hui, on produit du lait mais les producteurs n’arrivent pas à vendre leur produit local parce qu’on importe du lait en poudre en pagaille. Avec des problèmes de ce genre, est ce qu’on peut aller vers un développement agricole ?  Si on veut encourager la production nationale, il faut que l’importation entre dans un entonnoir ; c’est-à-dire, il faut que le domaine soit règlementé. Si on ne peut pas instaurer de l’ordre dans, par exemple, la filière lait, ça veut dire que le «consommons malien » dont on parle restera toujours à l’étape d’un rêve.

Dans ce cas, quel type d’Agriculture pour le Mali ?

Le Mali a un bon potentiel agricole. On a l’eau, on a la terre, on a les Hommes. Maintenant est ce qu’on a la technologie, est ce qu’on a la volonté politique pour accompagner tous ces atouts naturels disponibles ? Je pense que c’est ça qu’il faut. Nous manquons d’organisation  ou nous manquons de volonté politique ou une véritable politique nationale agricole pour réellement  nous structurer et aller vers une Agriculture durable.

Ces types d’Agriculture, au plan technologique, prennent-ils en compte les aspects du changement climatique ?

Dans tous les cas, il faut qu’on s’adapte. Il faut une capacité d’adaptation. Et c’est cette capacité et la vitesse  à laquelle nous allons nous adapter qui vont faire qu’on va survivre.

Adama A. Haïdara : LE COMBAT

Rédaction

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