L’Histoire bégaie de nouveau… Un bataillon des FAMA a été attaqué en milieu de semaine, à Gourma-Rharrous, à l’Est de Tombouctou avec un bilan lourd : 5 à 6 morts et plus d’une quinzaine de blessés. Simultanément, près de Tessalit, un autre coup était porté avec mort d’Hommes. Le bilan de l’attaque, non loin de Tombouctou, est signé. L’attaque est griffée et porterait la marque d’un groupe de soutien de l’islam, dirigé par Iyad Ag Ghali. Au moment même où le nouveau gouvernement Maïga fait de la sécurité son cheval de bataille. On nous dit que le bateau Mali peut tanguer, mais ne chavire jamais. Pour l’instant, il tangue… jusqu’à changer les résolutions de certaines compatriotes. Le djihadisme est, aujourd’hui, comme une rivière en crue, pleine de rapides. Aller à la négociation avec ces djihadistes, nouveau bluff ou tournant historique?
Nous sommes au chevet d’un pays encore en crise, sévèrement frappé dans l’actualité par la haine de sa garde ; car, les djihadistes multiplient les initiatives. Les entendus de la Conférence d’entente nationale nous invitent à la négociation. Un politique spectacle qui ne ménagera pas sa peine pour entretenir le suspense sur son contenu. Exemple : de quel nom répond un Amadou KOUFA ? Que peut-on proposer à Iyad Ag Ghali quand on sait que les services sécuritaires des Occidentaux, comme ceux de la France, ont promis de le liquider… Lui qui vient de dresser une liste de certains pays à frapper et où le Mali, curieusement, n’y figure pas. Il n’y a rien d’illégal à aller négocier. Mais, au-delà de la légalité, il y a la morale et l’honnêteté. Il est toujours dangereux de se réclamer de la morale en religion comme en politique. Les motifs de confiance peuvent-ils l’emporter sur les motifs de défiance contre ces deux hommes ? Les Maliens vont sans doute devoir ouvrir un débat plus large sur leur modèle de gouvernance. En attendant que soit prise une journée dédiée au pardon national. Un nouveau mot d’ordre pour les ambiances nouvelles… C’est de revenir à la table des négociations. A condition que le pouvoir mette toutes les cartes sur la table, pour ne pas bloquer ainsi la liberté de circulation.
Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa. Ces deux types ne peuvent nous proposer que de réinventer l’eau tiède… L’affaire est jouée, mais qui mène réellement la contre danse ?
Que cherchent nos Républicains, en dignes fils de ce pays ? C’est de retrouver le sens d’une histoire brouillée avec ces agissements de ces deux hommes et ne plus se mettre sous le joug des contingences extérieures, qui ne relèvent pas seulement de l’économie. Les djihadistes sont virtuoses dans le retournement des situations. Leur petite musique d’ambiance sur l’Islam et la Charia cache une audace en berne, pour l’heure. On ne peut qu’avoir une tiède dissertation sur quelques idées générales. L’impression est devenue une certitude. Les mots qu’ils auront à débloquer ne peuvent que maquiller la timidité de leurs propositions. Exemple ahurissant : après les attaques meurtrières à la frontière du Burkina Faso, on a vu ces «princes de la terreur » demander de fermer les écoles, tout bonnement et de ne plus lire en français. Veulent-ils inventer un ‘’nouveau modèle d’éducation’’ ? La raison oblige à répondre qu’on cherche en vain. Ces djihadistes, dans leurs querelles avec les Maliens, font de tout, mais un peu et parfois le contraire de tout. En continuant leurs ‘’épousailles avec la mort’’. C’est un référentiel : le projet djihadiste contient la mort. Peut-on rester accrocher à un corbillard (le projet djihadiste de la rédemption) et ne fermer aucune porte à la négociation ? Ces djihadistes, malgré leurs différents appels du pied dont la presse s’est faite l’écho un peu, ils cherchent à réveiller un réflexe unitaire dans une partie de notre opinion nationale ; car, eux, ils redoutent d’être contraints d’être sortis après les réussites de la CEN et de la Charte qui ne saurait tarder. N’oublions que la nouvelle coalition des Islamistes qui a vu le jour et dont on nous rabat les oreilles sans cesse est soumise à pression, celle des alliés entre eux-mêmes. S’il y a une dynamique interne, qu’en est-il de cette volonté identique ? Il y a surement une part de poker menteur dans leurs échanges. Si on va aux négociations, s’imposeront-elles comme une faillite de l’hérédité, une cruauté de la politique ?
En tout cas, elles peuvent être servies par un coup d’audace, qu’on se le tienne par tout. Par ce stupéfiant paradoxe, faut-il en déduire que le Mali prend un visage modeste et très digne. Le romanesque et le dramatique prennent à nouveau le visage de notre feuilleton national…
S. KONE : LE COMBAT