Simple coïncidence ou malchance pour le président malien Ibrahim Boubacar Kéita : il a fallu qu’il soit désigné comme président du G5 Sahel pour que tout s’embrase dans cette zone. Burkina, Niger et surtout chez lui au centre du pays, le terrorisme, semble-t-il, est en train de tester les résolutions du sommet extraordinaire du G5 Sahel tenu début février à Bamako.
La plus récente de ces attaques terroristes date du lundi 6 mars dans l’Ouest du Niger à Tillabéry. La localité est à la fois proche du Mali et du Burkina. Le bilan de cette attaque est de cinq gendarmes tués et un autre grièvement blessé. Le 22 février dernier, toujours sur sol nigérien, une autre attaque terroriste contre l’armée avait fait 15 morts (dont un militaire malien) et 22 blessés. Cette attaque s’est produite près d’In Tirzawane, non loin de la frontière malienne.
Tout de même, à la frontière Mali-Burkina, une attaque terroriste a été menée contre l’armée malienne le dimanche 5 mars. Bilan : onze morts et plusieurs blessés dans les rangs des FAMa. Au même moment, c’est le mouvement islamiste Ansarul Islam qui sème la terreur chez le voisin burkinabé en multipliant ses sales « besognes ».
Ce jeune groupe terroriste, né en fin 2016 au Faso, est le correspondant d’Ançar Eddine du Mali. Depuis fin février, Ansarul Islam multiplie ses actes, le dernier en date est celle du 3 mars dernier où deux civils ont été abattus au nord du Burkina à Djibo, vers la frontière malienne. Avant cette attaque terroriste du 3 mars, Ansarul Islam a laissé son empreinte dans deux commissariats de police au nord du pays à Baraboulé et à Tongomaye, près de frontière avec le Mali.
G5 contre G5
Réunis à Bamako les 5 et 6 février 2017, les chefs d’Etat du Mali, du Niger, de la Mauritanie, du Tchad et Burkina Faso (qui constituent le G5 Sahel), ont décidé de la création d’une force conjointe contre le terrorisme. Appelée résolution n°00-01/2017, la mise en place de cette force commune par les pays membres du G5 Sahel devait être immédiate. Plus d’un mois après, cette force peine à être opérationnelle et il y a lieu de croire que tout est mis en œuvre par les terroristes. La fusion récente des groupes terroristes au Mali en témoigne.
Au moins 5 groupes terroristes ont décidé de faire front commun contre la paix dans la zone sahélo-sahélienne. Il s’agit d’Ançar Eddine d’Iyad Ag Aly, du Front de libération de Macina d’Hamadou Kouffa, d’Almourabitoune de Mokhtar Ben Mokhtar. Les responsables de ces trois groupes terroristes ont réitéré leur allégeance à Al-Qaida au Maghreb islamique et à Al-Qaida mère. Ce qui fait une « force » de cinq groupes terroristes. La première cible de cette fusion, disions-nous, est les pays membres du G5 Sahel et particulièrement le Mali qui se trouve dans une situation très fragile après l’occupation de 2012.
Faut-il compter sur le Parsec ?
Le Parsec, c’est le Programme d’appui au renforcement de la sécurité dans les régions de Mopti et de Gao et à la gestion des zones frontalières. Le Parsec a été lancé courant semaine dernière à Bamako. Il est financé à hauteur de 19 milliards de F CFA par l’Union européenne et a pour objet principal de contribuer à la stabilisation de la région centre du Mali et à la gestion des espaces frontaliers.
Le Programme est lancé à un moment crucial où l’insécurité gagne à grande échelle du terrain au centre du Mali. Faut-il compter sur le Parsec pour combattre le fléau ? La réponse semble affirmative, car, selon des indiscrétions, une opération de ratissage, soutenue par les forces Barkhane et la Minusma, est en cours aux frontières Mali-Niger-Burkina. Cette opération rentre-t-elle dans le cadre de l’exécution du Parsec ? L’avenir nous en dira plus !
D. Samaké LA SIRENE