samedi 23 novembre 2024
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Conférence d’Entente Nationale : Le Mali doit rester Un et Indivisible, sans malice d’aller à une République Fédérale avec Kidal comme État

Il n’y aura pas une véritable réconciliation, ni d’entente effective dans le pays, tant que les faits et les crimes commis par certains n’auront pas été reconnus par leurs auteurs et la justice rendue aux victimes.
La Conférence d’Entente Nationale (CENa) doit contribuer à établir la vérité, toute la vérité rien que la vérité, sur l’utilité de l’Accord de Bamako issu du processus d’Alger pour la paix et la réconciliation. La CENa doit permettre de rétablir la vérité en mettant en avant le Mali, notre patrimoine commun à nous légué par nos ancêtres. Oui, ayons ce courage de nous dire la vérité et à la face de la communauté internationale afin d’extirper tous les maux qui rongent le vivre-ensemble séculaire de notre beau pays. Il n’est pas encore tard pour tous ceux qui n’ont pas pu participer au processus de l’Accord de partager leurs observations, leurs critiques et leurs attentes afin de parfaire des dispositions qui ne sauraient être ni le Coran ni la Bible. Le courage, a dit l’écrivain, c’est de chercher la vérité et de la dire en tout lieu et en toute circonstance. Donnons-nous en l’opportunité, les chances et la façon.
En cette période d’incertitudes, chacun se doit de contribuer à la paix, à la réconciliation et à la quiétude au Mali. A lire sereinement l’Accord de Bamako, on constate qu’il met plus en avant la régionalisation au Mali et un système de gouvernance basé sur la libre administration des régions, mettant les populations au centre du dispositif.
La paix durable ne pourra s’établir dans notre pays que par l’implication effective de tous les acteurs et le retour de la confiance entre eux. Et cela, à travers une gouvernance participative dans tous les domaines en lien avec la régionalisation poussée. Toute chose qui favoriserait un développement plus équilibré si elle devait s’appliquer à toutes les régions du Mali. Il nous faudra aussi, mettre en place des dispositions sécuritaires appropriées de défense, de réconciliation, de justice, de vérité en y associant des actions humanitaires concrètes qui donnent des garanties à toutes les parties prenantes.
La régionalisation, comme nous l’avons appris des experts, est la seconde phase d’approfondissement de la réforme de décentralisation. Une réforme qui met la « Région » au cœur de la politique de développement du territoire à travers le renforcement de la légitimité et des pouvoirs des élus régionaux, de leurs capacités humaines et financières. La Région devrait avoir un statut qui lui donne la capacité de mettre en œuvre les stratégies et programmes nationaux dans le respect de l’autonomie et des compétences respectives des collectivités territoriales. La régionalisation à la malienne vise donc à faire revivre les territoires régionaux et locaux qui se sont vidés au profit de l’Etat de type colonial hérité des indépendances et coupé de nos réalités traditionnelles de gestion du pouvoir. La régionalisation, si elle est bien appliquée, participera au renforcement de la légitimité et de la crédibilité de l’Etat malien en ajoutant à sa mission de délivrance du service public, la mission du développement économique équilibré et solidaire des territoires régionaux et locaux. La régionalisation fera ainsi revivre les territoires en contribuant à un développement adapté, « cousu sur mesure », qui tient compte de la diversité des territoires et des populations qui y vivent, tout en restant ancrés dans un ensemble national. Il faut le préciser, la régionalisation n’a pas pour finalité de remettre en cause l’unité et la cohésion du pays et de la Nation, mais de contribuer à les renforcer. La régionalisation est l’une des conditions essentielles pour avoir un Mali stable et uni. C’est pourquoi, nous nous devons de réussir la Conférence d’Entente Nationale au nom du Mali, indépendamment de nos bords politiques. Au nom de la réconciliation nationale et de la paix, cette Conférence qui s’annonce, doit donc être organisée avec toutes les parties prenantes et ses participants doivent se pencher sur les causes profondes du conflit qui nous oppose, les solutions idoines et la promotion de la paix et de la réconciliation nationale.
Kidal est dans une situation anormale qui ne saurait perdurer….
Certains maliens restent encore sceptiques et craignent que cette CENa ne scelle la partition du Mali sous sa forme la plus raffinée. Car elle ne doit pas être source de division du Mali en Régions du nord, Régions du centre ou du sud. C’est le Mali qui doit être discuté en tant qu’entité unitaire et unie. Le nord n’est pas habité que de Touareg, de Sonrhaïs ou d’Arabes et le sud, n’ont plus, n’est pas aussi que constitué de Bambara ou de Malinké….
Malgré les insuffisances de l’Accord, un grand nombre de maliens lui ont manifesté leurs soutiens à travers meeting, marches, ateliers, manifestations culturelles et sportives. La communauté internationale n’est pas restée en marge avec la mise en place d’un Comité de suivi de l’Accord. Et Dieu seul sait combien ils sont à comprendre le contenu de l’accord, encore moins de l’expliquer…
Je crois et j’appelle, de tous mes vœux, les maliens à prendre de la hauteur, de ne considérer que l’espoir de paix, de réconciliation, de quiétude et de développement durable du Mali suscité par cette Conférence. Seulement, le Mali doit rester Un et Indivisible, sans malice d’aller à une République Fédérale avec Kidal comme État. À l’issue de la Conférence, nous devons nous donner la possibilité de refonder l’avenir du Mali, de bâtir l’espoir pour les maliens à défaut d’assurer leur bonheur.
La Conférence d’Entente Nationale doit permettre des échanges approfondis entre maliens sur la nouvelle gouvernance du pays, y inclus la régionalisation effective, particulièrement la validation éventuelle de l’appellation Azawad pour désigner les régions du nord du Mali. Il s’agira d’en sortir, sur une base consensuelle, avec une Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale en vue de prendre en charge les dimensions mémorielle, identitaire et historique de la crise malienne.
Toutefois, les derniers développements dans la mise en œuvre de l’Accord de paix dans le septentrion inquiètent et désorientent. Les ex-rebelles ou ex-groupes armés n’entendent plus obéir à l’Etat qui lui dénient son droit régalien de nommer ses représentants. Ne nous voilons plus la face, Kidal n’entend plus se soumettre à l’autorité de l’Etat malien après avoir vainement tenté de s’en défaire depuis la fameuse lettre de 1958 de quelques Kel tamasheqs adressée au Général De Gaulle où ils demandaient l’indépendance de l’Azawad, un mot que les maliens et la communauté internationale découvraient pour la première fois. La suite est connue, ce sont les multiples rebellions qui ont suivi, 1963, 1991, 2006, 2012. Et tout le monde sait que ces éléments de la CMA tirent l’essentiel de leurs revenus du trafic illicite de drogues et de prise d’otages. Ils refusent d’être désarmés, encore moins, d’être cantonnés. Parce que ce qui leur est proposé dans un État normal ne pèse rien à côté des milliards que procurent le commerce illicite de la drogue et des transactions d’otages. Signalons aussi, de source sûre, que les puissances étrangères seraient en train de piller allègrement nos ressources minières et minérales au nord pour nourrir leurs populations en manque.
On ne peut bâtir une nation sur du faux et du mensonge. Notre gouvernement manque visiblement de courage pour dire la vérité, toute la vérité sur la crise dite du nord. Pauvre Mali, que Dieu te sauve. Face aux évolutions internes et externes, l’Etat malien n’a plus d’autres choix que de se battre pour sa dignité et conquérir son territoire dans son intégralité ou disparaître. Nous nous devons donc, de nous mettre ensemble pour discuter d’un nouveau modèle d’Etat, de démocratie et de société à bâtir pour sauver le pays.
Hon. Yaya Sangaré
Député à l’Assemblée nationale
modiereyaya@gmail.com

Djibril Coulibaly

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