Sur les 600 000 tonnes de mangues produites par le Mali en 2015, seulement 6 % ont été exportées. Alors que la demande est à la hausse, la filière de la mangue malienne est confrontée à la difficulté d’offrir un produit de qualité. Le Groupe de la Banque mondiale apporte son soutien aux agriculteurs et plus généralement aux acteurs de l’agro-industrie malienne afin de favoriser le développement agricole.
Le Mali et plus exactement le sud du pays, figure parmi les principaux producteurs de mangues d’Afrique de l’Ouest. En 2015, la production malienne de mangues a atteint 600 000 tonnes et permis de récolter 30 millions de dollars de recettes d’exportations, soit près de 15 milliards de F CFA. Mais si le Mali est l’un des pays du monde où les exportations de mangues progressent au rythme le plus rapide, 6 % seulement de sa production est actuellement destinée à l’export. Ainsi, en 2015, le Centre d’Etude et de Développement Industriel et Agricole du Mali, CEDIAM, a acheté 11 000 tonnes de mangues aux producteurs maliens et produit 5 000 tonnes de purée et de jus concentré. Or, compte tenu de ses capacités, la première entreprise de transformation de fruits et légumes du Mali aurait pu atteindre une production de 25 000 tonnes. Un manque à gagner imputable à des problèmes d’approvisionnement. Il est connu de tout le monde que les entreprises industrielles, surtout de transformation de fruits au Mali fonctionnent bien en deçà de leur potentiel en raison d’un accès insuffisant à une matière première de qualité, de l’état des infrastructures routières, du manque d’installations de stockage et plus généralement des lacunes qui parcourent l’ensemble de la filière de la mangue.
Pour permettre aux producteurs maliens de renverser cette tendance, le Groupe de la Banque mondiale a approuvé en fin novembre 2016 un crédit de 30 millions de dollars en faveur du Mali, destiné à appuyer la compétitivité agro-industrielle. Parce qu’avec une meilleure offre de formation et des liaisons adéquates avec les autres maillons de la chaîne de valeur, les agriculteurs pourraient améliorer leur production en quantité et en qualité, tandis que des transformateurs comme le CEDIAM pourraient traiter plusieurs milliers de tonnes de mangues supplémentaires, ce qui contribuerait à accroître la compétitivité de la filière et du pays sur la scène internationale.
Ce projet vise à développer la transformation des produits de l’agriculture dans les régions de Sikasso, Koulikoro et le District de Bamako. Il est à noter que le bassin de Sikasso concentre environ 90 % des producteurs de mangues du Mali et représente la première zone de production de ce fruit dans le pays. Il accuse aussi le taux de pauvreté le plus élevé, avec une population qui pratique majoritairement une agriculture de subsistance. Ce nouveau projet de la Banque mondiale a pour objectif de relier plus de 5 000 petits producteurs de mangues à des entreprises agroalimentaires, des négociants et des exportateurs, afin de leur permettre d’accroître les recettes tirées de leurs récoltes. Il les aidera à nouer des contrats avec les différents acteurs de la filière, avec la perspective, à terme, d’accroître les profits et de créer plus de possibilités d’emploi. Le projet financera par ailleurs l’amélioration de 300 kilomètres de routes rurales. Car, le transport des mangues souffre du mauvais état du réseau routier, avec un temps de trajet trop long, des camions de livraison endommagés et au final des fruits détériorés qui ne sont plus commercialisables.
Selon le communiqué du bureau de la Banque mondiale, le nouveau projet devrait aboutir à une hausse des recettes et à une baisse des coûts de production et de transformation qui profiteront à l’ensemble des acteurs du secteur. Il s’inscrit dans la continuité d’une opération arrivée récemment à son terme, le Projet de compétitivité et de diversification agricole, qui a joué un rôle majeur dans l’essor des exportations de mangues du Mali. Car, le volume de mangues exportées vers l’Europe, le Maghreb et les Etats de la CEDEAO a plus que triplé ces dernières années, pour passer de 10 500 tonnes en 2008 à 38 800 tonnes en 2015.
Le projet, qui ambitionne de développer la transformation industrielle dans les filières de la mangue et de l’alimentation animale, bénéficiera de l’apport de solutions intégrées qui s’attacheront à résoudre les principaux obstacles qui entravent les entreprises industrielles et à établir des liens entre les acteurs de ces filières, tout en les encourageant à rejoindre ainsi le secteur privé formel.
Dieudonné Tembely
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