jeudi 21 novembre 2024
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COMMUNALES

Elles ont pu, enfin, être organisées, les élections municipales, après plus d’un report traduisant l’inefficacité de l’Etat quand il s’agit de faire face à ses fonctions régaliennes. Elles se sont tenues, pas de manière satisfaisante, dans un climat d’insécurité généralisée qui les a empêché d’avoir lieu dans certaines localités, mais, surtout, sans la participation de tous les Maliens. Exclus du processus électoral ; ces milliers de Maliens dont on commence à ne plus avoir cure, confinés dans des camps de réfugiés au Burkina Faso, en Mauritanie, au Niger ; sans compter ces centaines de Maliens contraints à un exil intérieur, se demandant, à chaque lever du jour : de quoi ce jour sera-t-il fait ?
Elles ont eu lieu. Les résultats provisoires sont proclamés. Des partis manifestent leur entière satisfaction. Ils avaient misé sur tant de conseillers, tant de maires ; ils les ont eus. D’autres n’arrivent pas à taire, sinon leur dépit, du moins, leur déception. Eux aussi avaient fait des pronostics. Ceux-ci se sont révélés inexacts. Quoi qu’il en soit, ces élections ne marquent nullement une avancée de la démocratie dans notre pays. Elles expriment plutôt un recul. Pour plusieurs raisons. Dont deux seront examinées ci-dessous.
La première est que ces élections ont été entachées de fraudes massives. Il fallait coûte que coûte faire élire certains. Et rien ne fut épargné pour que ces derniers soient élus. Ainsi, plus d’un quart de siècle après l’avènement du multipartisme, on en est encore aux élections biaisées, avec bourrage d’urnes et achat de conscience, pratiques aux antipodes de l’essence de la démocratie qui est la pratique de la vertu, la soumission au vote libre et conscient du peuple.
De cela l’on a beaucoup parlé ces jours-ci. Ce dont on a moins parlé, c’est le pourquoi de ces élections. Tout le monde sait qu’il s’agit d’élections de proximité, pour désigner conseillers municipaux et des maires. Mais, personne ne s’est soucié de savoir ce qu’est un maire, quelles sont les attentes des populations qui l’ont investi de leur confiance.
Voici trois exemples qui prouvent suffisamment que le rôle du maire demeure inconnu. Lors de la campagne, des candidats, pour s’attirer les suffrages des électeurs, promettent d’injecter, au cas où ils seraient élus, plus d’un milliard de nos francs dans le développement de la commune. Ce n’est pas là le rôle d’un maire et de son conseil municipal. Et, du reste, la population est en droit de leur demander la provenance de ce milliard. Toujours, lors de la campagne, un candidat promet, en cas d’élection, de faire de son établissement d’enseignements secondaires et supérieurs un lieu où accueillir les enfants de familles démunies pour leur permettre de continuer leur formation. Là, également, ce n’est pas le rôle d’un maire. La gestion d’une commune ne saurait être confondue avec la gestion d’une œuvre de charité. Le troisième exemple est relatif à un fait plutôt ancien. Il mérite cependant d’être rapporté. Cela s’est passé le 17 juin 2014 avec l’inauguration d’un marché et l’aménagement de la plaine de Loulouni, grâce à la coopération suisse. A l’issue des cérémonies, le maire sollicite de cette même coopération, l’aménagement du reste de la plaine. Le rôle du maire ne consiste pas à tout attendre de l’aide des autres. Il consiste à être convaincu que « l’aide la plus utile est celle qui provient de nous-mêmes. »
Ces trois exemples donnent une mauvaise perception de la fonction de maire pour deux raisons : quand ils n’incitent pas à être malhonnête vis-à-vis des électeurs, ils contribuent à créer en eux une mentalité d’éternels assistés.
Le maire est celui qui, avant de se présenter devant les électeurs, a passé en revue les préoccupations de sa commune, ses besoins, qui a le souci du quotidien des citoyens, qui, par la suite, se présente, face aux électeurs, avec un programme de développement. Il consacre son mandat, non pas à la spéculation foncière menant à monnayer le moindre arpent de terre de sa circonscription, mais à l’exécution de son programme sur lequel il a été élu. En fin de mandat, il rend compte de sa gestion avant de solliciter que les citoyens lui renouvellent leur confiance. Espérons que cela sera pris en compte lors des prochaines élections municipales.
LA REDACTION LE SURSAUT | lecombat.fr

Djibril Coulibaly

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