Elu Président du parti au pouvoir à la faveur du 4e congrès ordinaire de cette famille politique, qui s’est achevé le 23 octobre dernier, Bokary Tréta n’est pas l’homme de la surprise, mais celui de la logique qui se confirme au sommet. L’élection de cet homme de devoir apparaît, pour bon nombre de membres du parti des Tisserands, comme un grand soulagement, qui voit en son ascension politique le signe de destin. Lui, c’est Dr Bokary Tréta : un des architectes de ce parti et Secrétaire Général, depuis sa création, en 2001.
L’homme qui prend les commandes du parti majoritaire au pouvoir est connu et respecté des siens, des alliés et même des adversaires politiques. Craint et souvent vilipendé aussi pour sa rigueur militante, sa loyauté et sa fidélité aux idéaux socialistes, celui qu’on taxe souvent d’apparatchik sans concession, est un Démocrate avisé et un Républicain très réputé pour qui le parti passe avant les personnes. Beaucoup dans l’entourage du parti retiennent de lui cet esprit de sacrifice, si rare sous nos tropiques, le poussant à injecter tout ce qu’il gagne des différentes contributions au parti. Sans se soucier de quoique ce soit, ni même sa propre famille. Ce Technocrate sexa, Docteur en alimentation et nutrition animale (PHD), Ingénieur de classe exceptionnelle, natif du Delta pour être né à Diondiori (cercle de Ténenkou, Région de Mopti), est un fin-connaisseur des us et coutumes du Mali, mais par-dessus tout un redoutable politique avec un parcours de militantisme des plus éloquents et des plus élogieux du Mali. De même que son cursus universitaire l’honore.
Politique avant la lettre, il l’est. Leader et précepteur, mais aussi et surtout militant dévoué et discipliné, il l’a été. Membre, depuis 1979, de l’Amicale des Etudiants et Stagiaires maliens de l’Université de l’Amitié des Peuples Patrice Lumumba de Moscou (ex-Union Soviétique), Bokary Tréta est élu en 1980 Secrétaire à l’organisation de l’Association des Etudiants et Stagiaires Maliens en ex- URSS (AESMUS) avant d’y devenir Secrétaire Général trois ans plus tard. Un mandat qu’il va cumuler à partir de 1985 avec celui de Secrétaire Général de l’Union Générale des Scolaires Maliens (UGSM)…jusqu’à la fin de son cursus universitaire soviétique.
De retour au pays qui coïncide avec la jonction des démocrates et des patriotes en lutte pour l’avènement de la démocratie au Mali, Dr Bokary Tréta ne chômera pas. En effet, une année avant sa thèse de Doctorat, il est repéré en 1986 par les recruteurs du Parti Malien pour la Révolution et la Démocratie (PMRD). Le PMRD dirigé par Feu Mohamed Lamine Traoré et une des composantes principales du Front National Démocratique et Populaire (FNDP). Le jeune Bozo, « gros bosseur, ayant le sens de l’organisation et de la discipline, patriote avec une rare éthique et probité morale» (selon un de ses camarades de lutte) gravit rapidement les échelons. En 1988, il intègre le saint des saints en devenant membre du Secrétariat National du PMRD, à l’issue de sa 3e conférence nationale, tenue à Tombouctou.
À la suite de la victoire des forces progressistes et patriotiques, en janvier-mars 1991, Dr Bokary Tréta et son parti, le PMRD, appellent à l’union et à la cohésion du Mouvement démocratique et décident de créer l’Alliance pour la Démocratie au Mali (ADEMA) avec le Parti Malien du Travail (PMT, parti d’origine d’un certain Ibrahim Boubacar Kéïta) et l’Union soudanaise RDA. Le jeune Bokary Tréta y joue les premiers rôles.
Aussi, à la création, le 25 mai 1991, du parti ADÉMA, Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (ADEMA-P.A.S.J), il est logiquement élu Secrétaire à l’organisation du Comité Exécutif (CE) qui parvient à élire son candidat (Professeur Alpha Oumar Konaré) à la présidence de la République et à obtenir la majorité absolue au parlement.
On retient de lui, à l’époque, que pendant que tous les autres camarades couraient derrière les postes ministériels ou juteux dans les hautes sphères, lui, le Dr Bokary Tréta, n’a insisté que pour s’occuper du parti. Plusieurs années après, bousculé par les siens sur ce choix, le SEGRÉGÉ dira ceci : «Si tout le monde va au gouvernement, qui va s’occuper du parti ? Tout ce que nous avons c’est grâce au parti ; donc, il faut bien que quelqu’un s’en occupe. Et, moi, j’étais volontaire pour cette mission ». Tel est cet homme de devoir et de conviction qui a horreur de la trahison de ses propres convictions politiques.
Katito WADADA : LE COMBAT