La pression monte d’un cran à l’URD après la dernière conférence nationale pour jeter les critères du choix du remplaçant de feu Soumaïla Cissé. Plusieurs clans sont dans une guerre fratricide qui risque de faire couler le parti du poignet de mains. Si le bureau actuel compte mettre des stratégies pour imposer subtilement un protégé, certains cadres, pas des moindres, jouent un franc jeu pour mettre le bureau actuel en garde. Le risque d’un fiasco est de plus en plus évident.
En effet, près d’un an après la disparition prématurée de Soumaïla Cissé, le 25 décembre 2020, des cadres au sein de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) poussent à désigner son successeur. Tel était l’objectif de la 10e conférence nationale du parti, organisée le 22 octobre dernier. Toutefois, celle-ci a tourné au « fiasco », selon certains membres très critiques vis-à-vis de l’actuel premier vice-président, Salikou Sanogo.
Un collectif de cadres de l’URD est très remonté contre les procédés actuels du premier vice-président actuel Pr Salikou Sanogo qui tente de redresser le gouvernail du parti. Il lui est reproché de travailler pour un potentiel candidat qui n’est autre que Me Demba Traoré. Ce collectif ne cachant pas sa volonté de voir l’ancien Premier ministre, Boubou Cissé, prendre les rênes du parti URD s’est constitué afin d’exiger la tenue d’un congrès extraordinaire. Objectif : désigner rapidement le nouveau président du parti.
Pour mettre la pression sur lui, une pétition est lancée par un collectif appelant à l’organisation du congrès. En réponse à cette pétition, la direction de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) a réagi par un communiqué rappelant ce collectif de militants à l’ordre quant à des initiatives prises à l’intérieur de cette formation politique. « Il me revient que, poursuivant sur la lancée du 23 octobre 2021, les mêmes camarades qui se sont donnés en spectacle devant les délégués du parti à la 10econférence nationale par l’envahissement de la tribune, la destruction du matériel de sonorisation, des grossièretés à l’endroit de certains membres du présidium, la menace de porter la main sur un vice-président du parti, ont décidé, prétextant des missions de restitution des résultats de la 10econférence nationale, d’entreprendre les sections de notre parti pour l’organisation de conférence de section destinée à exiger de la direction du parti l’organisation d’un congrès extraordinaire’’, lit-on.
De cela, figurent Mamadou Hawa Gassama, 23e vice-président de l’URD et membre du Conseil national de transition (CNT) et une grande majorité des cadres du parti souhaitant organiser un congrès extraordinaire pour élire le nouveau dirigeant. Mais ils n’ont pas été entendus par Salikou Sanogo, le vice-président de l’URD, qui assure l’intérim depuis le décès de Soumaïla Cissé. Ce dernier a annoncé que sa formation sera au rendez-vous des prochaines échéances électorales. Le parti s’engagera dans un combat électoral pour la première fois sans son fondateur feu Soumaïla Cissé. « Nous devons montrer au monde avec une légitime fierté, la maturité de notre parti, son dynamisme, son ancrage dans le Mali profond, sa force d’attraction qui survit à Soumaïla Cissé, par des victoires éclatantes à tous les niveaux à l’issue de ces prochaines élections », a exhorté Pr Salikou Sanogo. S’agissant de la question des candidatures du parti pour la présidentielle, le responsable politique a déploré les propos désobligeants dont certaines personnalités ont fait l’objet sur la base de « simples insinuations et de procès d’intention en lien avec ce sujet. » Aussi, a-t-il précisé, les textes du parti encadrent parfaitement la procédure de désignation du candidat à l’élection présidentielle. Avant d’informer qu’à cet instant précis, ce processus n’a pas encore été enclenché. Le leader politique a ensuite invité à la sauvegarde de l’unité et de la cohésion au sein du parti.
Nonobstant ces déclarations, une menace d’implosion du parti de l’ancien chef de file de l’opposition est palpable avec des initiatives diverses et déterminées en cours de préparation.
Ce, après tous les efforts consentis pour maintenir l’unité et la cohésion, gages du succès aux prochaines échéances électorales.
De toute évidence, un grand danger guette ce parti, hier, stable ayant un maillage sur l’ensemble du territoire, si une démarche conciliatrice ne parvenait pas à rapprocher les différentes forces en guerre. Les dirigeants actuels risquent de se retrouver avec la clé d’une maison vide de ses occupants.
Bourama Keïta LE COMBAT