L’Office de Protection des Végétaux (OPV) est malade. Malade de ses fonds qui ne cessent de s’évaporer, depuis des ans. Malade, aussi et surtout de son Directeur Général, M. Demba Diallo, qui en dépit de sa mauvaise gestion et de son départ tant réclamé par les partenaires financiers que par les agents, garde encore son poste. Avec à la bénédiction des bonzes de la transition, auxquels il s’en prend, désormais avec véhémence.
« Comment puis-je faire une gestion raisonnable des fonds de l’OPV, si je dois faire des gestes à tous ces gens !».
C’est, en substance ce que le tout-puissant patron de l’OPV, aurait confié à un de ses proches, face aux multiples sollicitations émanant de certains cadres tapis dans les sphères de l’Appareil d’État. Surtout au niveau du Ministère du Développement rural.
Rapportée, à notre Rédaction par un autre proche du patron de l’OPV, cette déclaration empreinte de colère, traduit deux sentiments. D’abord, un sentiment d’agacement, vis-à-vis de ceux là-même, que le dirlo de l’OPV appelle, pompeusement, « tous ces gens ».
Notamment, des hauts cadres de l’État dont nous tairons les noms, pour l’instant qui ne cessent de le solliciter, qui pour s’offrir une nouvelle bagnole, qui pour se tailler des vacances sur la Côte d’Azur… lui ont fait une promesse : celle de le maintenir, contre vents et marées, à son poste. Ensuite, un sentiment de révolte, contre le gouvernement. Les cadres du département à qui il se voit obligée de « faire des gestes » du moins, s’il veut rester à son poste. Incapable de se maintenir à son poste, par ses seuls résultats, M. Demba Diallo, Dg de l’OPV se voit ainsi, obligé de délier les cordons de la bourse. Conséquence : 71 millions de francs CFA (71 041 099F) se sont évaporés de la caisse de la structure. Du moins si l’on en croit le rapport d’enquête du Vérificateur Général sur la gestion de l’OPV pendant les périodes 2017, 2018 et 2019, soit 2 ans de gestion à outrance.
Quelques exemples cités par le rapport d’enquête du Végal suffisent pour se rendre à l’évidence : l’examen des dossiers de passation des marchés de la période sous revue a permis aux enquêteurs de constaté que le Directeur Général de l’OPV, Demba Diallo, ne reverse pas les produits issus de la vente des Dossiers d’Appel d’Offres (DAO) qui s’élève à un montant total de 2 200 000 FCFA. Et jusque-là, il n’y a aucune preuve du reversement de ce montant dans le compte de l’OPV.
Passation de marchés frauduleux
À en croire le rapport du Vérificateur, le Dg de l’OPV a ordonné, irrégulièrement, le paiement du marché n°00012/CPMP relatif à la fourniture et la pose de pièces pour avion alors qu’aucune preuve de l’exécution dudit marché n’a pu être obtenue. En clair, l’OPV n’a pu fournir aucune attestation de service fait pour l’acquisition et la pose des matériels. De plus, la visite d’effectivité à la base aérienne 101 de Sénou où est stationné l’avion concerné a révélé que l’appareil n’est pas en état de service. Son dernier vol remonte au 9 juillet 2014 comme indiqué dans les cahiers de bord de l’avion qui ne mentionnent ni l’acquisition des pièces ni de réparations au cours de la période 2017-2019. Le montant total du marché est de 57,8 millions FCFA (57 820 000F).
Selon le rapport d’enquête du Vérificateur, le Dg de l’OPV, Demba Diallo, a passé des marchés sans mise en concurrence et avec simulation de mise en concurrence. Pour l’achat de matériels informatiques, marché attribué au fournisseur « Solusys » pour un montant de 9 millions de nos francs (9 027 000 FCFA), le dirlo Demba a effectué une simulation de mise en concurrence. Le titulaire dudit marché et le soumissionnaire « C et M », bien qu’étant des entités distinctes, présentent les mêmes numéros de téléphones portables sur leurs offres et autres documents administratifs. Les statuts des deux autres candidats « Ngneta Solution Service » et « Van Audit » indiquent aussi qu’ils appartiennent à une même personne. Enfin, sur les 5 enveloppes contenant les offres, 4 enveloppes présentent les mêmes fautes commises dans les libellés.
Il en est de même du marché relatif à l’achat de produits alimentaires d’un montant de 5,7 millions FCFA (5 789 700F), dont l’attributaire «Mama Services » et les soumissionnaires « Mama Construction » et « Araba Distribution DIAKITE » ont les mêmes numéros de téléphone. Également, la société « Araba Distribution DIAKITE » et « Gie. Hawa. Net » ont aussi les mêmes numéros de téléphones portables.
Là aussi, l’équipe d’enquête du Vérificateur a constaté que les spécifications demandées dans le dossier de consultation sont différentes de celles contenues dans le contrat de marché du titulaire. En effet, les prix unitaires des articles ont diminué dans le contrat de marché tandis que leurs quantités ont augmenté.
Pour ce qui est de l’acquisition de mobiliers de bureau, d’un montant de 14,9 millions FCFA (14 997 800F) par la société DRPR en 2017, le marché a été attribué à « Mama Services » sans une concurrence réelle. En effet, les cinq offres reçues présentent des éléments identiques. Un des numéros de téléphone du titulaire du marché (pli1) se retrouve sur l’offre (pli 3). Le numéro de téléphone de l’offre (pli 2) se retrouve aussi sur l’offre (pli 3).
Pareil aussi pour la fourniture et la pose de moquette, rideaux, fauteuils ministres, salon complet sept places et table basse destinés au bureau du Dg de l’OPV, M. Demba Diallo, pour un montant de 5,7 millions de nos francs (5 789 700 FCFA). Sur les 5 offres présentées, un des numéros de téléphone du titulaire « Mama Services » se retrouve sur l’offre (pli 4). Également, un des numéros de l’offre (pli 2) se retrouve sur l’offre (pli 4). En outre, l’enveloppe et la présentation de l’offre de «Mama Services » montrent des similitudes avec celles des autres soumissionnaires.
Par ailleurs, l’équipe de vérification a découvert le double paiement d’indemnités pour une rencontre de la commission d’élaboration d’un projet de renforcement des moyens d’intervention des services de protection des végétaux convoquée par la note de service n°001/MA-SG-OPV du 16 janvier 2018. Le montant total des irrégularités se chiffre à 2,2 millions de nos francs (2 230 000 FCFA).
Comme si cela ne suffisait pas, le Dg Demba Diallo, a autorisé le paiement de jetons de présence, sans autorisation du Conseil d’Administration. En bloc, le dirlo de l’OPV a ordonné le paiement de jetons de présence lors de trois sessions du Conseil d’Administration (13ème, 14ème et 15ème) tenues pendant la période sous revue en l’absence de délibération du Conseil d’Administration fixant le montant des jetons de présence à octroyer aux Administrateurs. En bloc, les ambitions de l’OPV ont tourné au cauchemar. Raison invoquée par les enquêteurs du BVG: la mauvaise gestion à tous les niveaux. Ou presque.
Complicité des cadres du département
Face à ces irrégularités criardes au sein de l’OPV, les partenaires –qui réclamaient, il y a quelques mois, le départ du Dg Demba Diallo –sauront prendre leurs responsabilités : fermer le robinet à « sous » à notre pays, pour le refus de se débarrasser de « l’encombrante directeur » de l’OPV. Mais le gouvernement n’en a cure. Le Tout-puissant Dg de l’OPV, aussi.
À un autre proche, rencontré il y a quelques mois, M. Demba Diallo aurait déclaré « Mon maintien à ce poste n’est pas lié à la gestion des fonds. Mais au fait que je fais l’affaire des uns et des autres ». Traduction : que les fonds de l’OPV soient bien gérés ou pas, le Dg s’en fiche. Si telle est l’analyse du premier responsable de l’OPV, chargé de relever le défi de la protection des végétaux, c’est un mauvais présage. Pour le gouvernement, mais aussi pour notre pays.
Autrement dit, le gouvernement malien, en lui-même, porte les germes de sa propre destruction. Infiltré, par des opportunistes de tous bords, et pris en otage –les autorités transitoires avec –par des hommes que notre histoire inculpera si ce n’est déjà fait de « crime contre la nation », la refondation sous la transition avance mais le Mali recule. La corruption a franchi le seuil du tolérable. L’homme-cabot s’est retrouvé à la place pivot. Et vice versa. Le Mali aujourd’hui, est devenu un pays où les nullards occupent des postes stratégiques au sein de l’Administration. Décidemment le ridicule ne tue plus chez nous.
Même au sein du département du Développement rural, le Dg de l’OPV, tient tout le monde. « À part quelques responsables, que je considère comme mes supérieurs, il n’y a pas un seul cadre qui n’a pas bénéficié de mes largesses! », aurait-il rétorqué à un haut responsable du ministère, qui voulait lui faire des remontrances. Arrogance, mépris pour certains collègues, airs supérieurs… Telles sont entre autres, les « qualités » de l’homme, qui se vante d’avoir passé autant d’années à la tête de l’OPV. Nommé dans des conditions que l’on sait, M. Demba Diallo, Dg de l’OPV entame, bientôt, ses 5 ans ou presque à la tête de l’OPV. En dépit des scandales qui ont émaillé sa gestion : mauvaises gestions, détournements de fonds, dépenses sans justificatifs, simulations de marchés etc. Mais ce qui taraude les méninges de nos concitoyens, c’est la suite qui sera réservée au rapport d’enquête du Vérificateur Général ; lequel rapport accuse l’OPV d’irrégularités financières ayant laissé un trou de 71 millions de francs CFA. Alors question : M. Demba Diallo répondra t-il un jour de ses actes devant les tribunaux ? « Une telle hémorragie, compromet les actions de développement de notre pays qui connaît un taux de pauvreté parmi les plus élevés aumonde », ajoute le Vérificateur Général au sujet de la gestion de l’OPV.
En revanche toutes nos démarches pour rencontrer le DG de l’OPV se sont soldées par un échec. Que se reproche-t-il au juste ?
Affaire à suivre !
Cyrille Coulibaly LE NOUVEAU REVEIL