27 bâtiments publics de l’État parmi lesquels l’Institut National des Arts (INA), lieu on ne peut plus symbolique de la culture malienne, ont fuité et provoqué ainsi l’indignation des Maliens. Ils ont été cédés dans des conditions très fumeuses pour certains et pour d’autres à vil prix. Ces édifices vendus avec la complicité des agents véreux de l’État il y a quelque temps ont fait réagir l’opinion nationale qui exige des sanctions judiciaires contre les coupables. Les autorités de la transition avaient aussi promis la justice dans ce dossier sombre. Mais quelques mois plus tard, après leur promesse, rien ne semble bouger.
Pour rappel, le scandale immobilier concerne la Direction régionale du génie rural, l’ex-Maison des avocats, l’ex-Direction nationale de l’industrie, la Direction régionale des affaires économiques, l’ex-Caisse des retraites, les logements 1 et 2 du TF 354 sis au Centre commercial, les logements du Centre national de la promotion artisanale, l’Institut de la statistique, les logements de la division du cadastre et de la propriété foncière, l’ex-Direction nationale des impôts, l’ex-Centre de formation des magistrats, l’Association des historiens du Mali, la Direction des affaires sociales du ministère de la Santé, la Recette générale du Trésor, le Comité d’appui aux réformes institutionnelles, le Conseil supérieur de la communication, le jardin d’enfants ‘’Les Oisillons’’, le logement N°256, le ministère du Développement social (TF n° 1602 et 2098 ), la Direction nationale de la géologie et des mines, le Centre médico-scolaire. À ces bâtiments spoliés, il faut ajouter la Direction régionale des douanes du District et Koulikoro et la Direction des douanes, les logements abritant l’ex-service des taxes indirectes des impôts, la Direction nationale du génie rural, l’Agence pour l’aménagement et la gestion des zones industrielles et le logement qui abrite le bureau de la Grande Chancellerie du Mali. Ces édifices ont été tous vendus à des commerçants, opérateurs économiques et fonctionnaires pour la somme cumulée de 23 878 003 693 de nos francs.
En effet, c’est l’un des sujets qui ont le plus terni l’image du régime Ibrahim Boubacar Keïta. Non seulement la vente desdits bâtiments n’était pas une nécessité, mais aussi elle s’est déroulée au moment où l’État faisait face à l’insuffisance criarde de patrimoine immobilier, obligeant certains services publics de signer des baux avec des privés. Chose qui constitue une perte pour l’État et un manque à gagner puisque des acquéreurs des bâtiments publics bradés n’ont toujours pas pu payer l’intégralité des montants qu’ils doivent à l’État. Pire, lors de la cession, les prix de vente ont été réduits au 1/5 de la valeur réelle desdits bâtiments qui sont souvent, paradoxalement, été loués à l’État.
Face à la gravité du scandale et l’impérieuse nécessité de faire la lumière dans cette affaire, Mamoudou Kassogué, alors procureur en charge du Pôle économique et financier de Bamako, aujourd’hui ministre de la Justice, avait ouvert, en avril dernier, une enquête au niveau de son parquet. Une démarche certes courageuse, mais qui suscite aujourd’hui des interrogations au sein de l’opinion publique nationale. En effet, des Maliens se demandent à présent où on en est avec cette affaire.
Selon des observateurs, la transition en cours est en tout cas le moment propice pour situer les responsabilités et éventuellement restituer à l’État les bâtiments bradés pour sauver le patrimoine immobilier national.
À suivre !
Zeïd KEÏTA LE COMBAT