En prélude à la fête-anniversaire de l’indépendance célébrée hier mercredi 22 septembre 2021, le Président de la Transition, colonel Assimi Goïta, s’est adressé à la nation, mardi soir. Un discours aux relents de bilan des autorités militaires depuis leur prise de pouvoir. Le chef de l’État est également revenu sur certains chantiers, notamment celui de la refondation, mais n’a pas évoqué les sujets brûlants du moment comme ceux des affaires concernant l’arrivée des mercenaires russes et le calendrier électoral.
Le colonel Goïta, auteur de deux coups d’État en août 2020 et mai 2021 s’est gardé de se prononcer sur la tenue, à la date prévue de février 2022, d’élections censées rendre le pouvoir aux civils dans un discours prononcé sur la télévision nationale à l’occasion du 61eanniversaire de l’indépendance du Mali ce mercredi.
En effet, les autorités de la transition sont pressées par une partie de la communauté internationale de tenir cette échéance alors que le doute va, grandissant sur le respect du calendrier malgré les engagements antérieurs des colonels.
La France, engagée militairement au Sahel, et les États ouest-africains s’opposent par ailleurs à une éventuelle coopération entre Bamako et le groupe paramilitaire russe Wagner, actuellement en discussion. Paris a prévenu qu’un tel accord remettrait en cause son engagement au Mali.
Dans son discours, le colonel Goïta évoque «le défi de la sécurité collective» auquel est confronté le pays. «C’est le lieu, une fois de plus, d’inviter nos partenaires à une meilleure lecture de la situation du Mali, marquée par une crise multidimensionnelle profonde», dit-il, sans autres précisions.
Les officiels Maliens ont dit refuser de se laisser dicter leur conduite. Ils ont invoqué la réduction annoncée de la présence militaire française au Sahel. Ils ont aussi dit que rien n’était finalisé avec Wagner.
La Communauté des États ouest-africains (CEDEAO) refuse d’entendre parler de prolongation de la transition malienne. Elle a réclamé à la junte d’ici à fin octobre un échéancier des étapes essentielles concernant les élections. Elle a adopté le principe de sanctions ciblées contre tous ceux dont les actions nuiraient au respect du calendrier préalablement établi.
Dans son discours, le colonel Goïta souligne sa volonté de «refondation» du Mali. Il évoque l’organisation des élections comme l’un des objectifs du gouvernement, sans plus de précision. Il fait remonter le vrai début de cette entreprise de «refondation» à son second putsch, en mai 2021, et non au premier. «De cette date à nos jours, notre pays suit avec constance sa marche vers la refondation de son architecture politique et institutionnelle», dit-il.
Acquisition d’équipements militaires
Le Président de la transition a affirmé que depuis la rectification de la trajectoire de la transition le 24 mai dernier, «le pays suit avec constance sa marche vers la refondation». «Une refondation de l’architecture politique et institutionnelle», a indiqué le colonel Assimi Goïta. Il a expliqué que « l’approche du gouvernement s’articule autour de cette refondation de l’État comme condition essentielle d’un développement économique, social et culturel soutenu ». Il s’y ajoute l’acquisition de nouveaux aéronefs, de nombreux véhicules d’opération et autres types d’engins roulants, mais aussi le renforcement des effectifs et la gestion des ressources humaines de l’Armée. Ce n’est pas tout : l’ouverture prochaine d’une école de guerre au Mali et la pose de la première pierre d’un hôpital militaire. Voilà, entre autres actions réalisées par le Président de la Transition, Assimi Goïta.
Lutte contre la délinquance
Sur la question de la justice et la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le chef de l’État a indiqué qu’« une vaste campagne d’audit des services publics est en cours ». Et de rassurer le peuple que ces attentes seront comblées. « Aucun privilège ne sera accordé aux personnes impliquées », promet-il.
Rien sur le calendrier électoral et l’affaire «Wagner»
La révision exceptionnelle des listes électorales, la réorganisation territoriale et la mise en place de l’organe unique de Gestion des élections restent des défis pour la transition, selon le colonel Goïta. Mais il n’a pas eu de mot sur le calendrier électoral.
Le chef de l’État a « invité les partenaires à une meilleure lecture de la situation du Mali, marquée par une crise multidimensionnelle profonde ». En revanche, le colonel Goïta n’a pas évoqué l’affaire « Wagner », qui défraie la chronique en ce moment.
Kevin KADOASSO LE COMBAT