Sous le thème : « Manuscrits anciens : un héritage au service du présent et du futur », l’ONG Savama-DCI et l’UNESCO ont organisé une exposition et campagne de sensibilisation sur les manuscrits anciens du Mali. Cette campagne débutée le 15 s’étendra jusqu’au 30 septembre au Musée National du Mali. Sa deuxième phase est prévue du 27 octobre au 10 Novembre au Mémorial Modibo Keïta. Ainsi, la cérémonie du lancement de ces activités a eu lieu le mercredi 15 Septembre au Musée National du Mali.
Ladite cérémonie était placée sous la présidence du ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo, avec à ses côtés le président exécutif de l’ONG Savama-DCI, Dr Abdel Kader Haïdara, du Chef de bureau de l’UNESCO au Mali, Edmond Moukala, de l’Ambassadeur de l’Union Européenne au Mali, Bart Ouvry, du représentant de l’Ambassadeur du Royaume d’Espagne au Mali, Juan Ovejero et du représentant de la mairie de la Commune III.
Cette activité entre dans le cadre du projet de valorisation et de promotion des manuscrits anciens du Mali, financé par le Royaume d’Espagne à travers le bureau de l’UNESCO et en partenariat avec l’ONG Savama-DCI, le Ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de Recherche Scientifique.
Les moments forts de cet évènement ont été les interventions des différents officiels présents et le coup d’envoi du lancement de cette exposition et de la campagne de sensibilisation sur les manuscrits anciens du Mali donné par le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme,.
En effet, c’est Dr Abdel Kader Haïdara, président exécutif de l’ONG Savama-DCI qui a ouvert cette série de discours. Dans son allocution, il n’a pas manqué de remercier tous les partenaires financiers et techniques qui ont permis la tenue de cette exposition. Pour rappel, il a affirmé que depuis 2012, ils disposent de près de 400.000 manuscrits conservés physiquement, répertoriés à 100% en français et en arabe et immunisés. « Aujourd’hui, on a dépassé 250.000 manuscrits immunisés grâce à nos partenaires. Tous ces manuscrits sont dans plusieurs maisons en location qui sont pris en charges par nos différents partenaires » dira-t-il. Il a ajouté que depuis fin 2019, son ONG est partenaire avec le Ministère de la Culture qui les apporte son soutien à travers des salles de stockage en plus de leur prise en charge qui a débuté cette année 2021. Un geste que le président de Savama-DCI a salué à sa juste valeur.
Quant au Chef de bureau de l’UNESCO au Mali, Edmond Moukala, il a souligné que le Mali est connu pour sa richesse en terme de manuscrits anciens dont les plus anciens datent du XIème siècle et traitent divers sujets.
- Moukala a par la suite, parlé d’une université qui a atteint son âge d’or au XVI siècle. A savoir, l’université de Sankoré où il y avait de grands érudits où les gens venaient de partout du monde entier, pour étudier à Tombouctou. D’après lui, ces manuscrits qui sont écrits en arabe pour la plupart, sont une mine de savoir intellectuel, et qui peuvent nous apprendre énormément sur notre humanité, pas simplement sur le Mali ni sur l’histoire de l’Afrique mais sur notre humanité. « Aujourd’hui encore près de 95% de ces manuscrits sont inexploités. C’est pour vous dire que l’intérêt de protéger ces manuscrits, est une nécessité afin de les rendre accessibles à tous » a-t-il fait savoir. Et ce, afin de faciliter l’appropriation par les acteurs, notamment les chercheurs, les universitaires et les scolaires du contenu des manuscrits anciens, facteurs de dialogue, de tolérance, de la cohésion sociale et du vivre ensemble qui ont permis aux communautés du Mali, de surmonter les défis auxquels leur pays était confronté dans son histoire très ancienne et très riche. Avant de clôturer son intervention, il dira que l’UNESCO s’engage aux côtés du gouvernement du Mali pour sauvegarder, valoriser et promouvoir les manuscrits anciens avec l’appui des partenaires, dont le Royaume d’Espagne et l’Union européenne.
Abondant dans le même sens, le Ministre Guindo a soutenu que les manuscrits ont donné à l’Afrique subsaharienne un substrat historique qui lui fut longtemps dénié. Selon lui, les manuscrits constituent une composante essentielle du patrimoine culturel écrit du Mali et que les manuscrits anciens forment un ensemble de plusieurs centaines de milliers de documents dont les plus anciens remontent au 13e siècle qui rassemblent aussi bien des traités savants que des textes religieux ou des documents commerciaux.
« C’est un devoir pour nous de veiller sur l’héritage que nous ont légué Mahamoud Bagayoko, Ahmed Baba, Sidi El-Moctar el-Kebir Kounta, Elhadj Oumar Tall, Ousmane Sosso, Oumar El-Kebir Djiré, Mohamed Abdoulaye Souadou, Salim Kissima, etc » a déclaré le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme.
Cependant, affirme le ministre Guindo, de janvier 2012 à avril 2013, l’occupation des régions du nord du Mali par des groupes armés s’est traduite par d’importants dégâts causés au patrimoine culturel du pays y compris les manuscrits anciens. Cette occupation est à l’origine de la destruction intentionnelle de biens culturels de très grande valeur, environ 4203 manuscrits du nouveau bâtiment de l’Institut des Hautes Etudes et de Recherche Islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB).
Il a ensuite indiqué que cette exposition, met en exergue l’ensemble des efforts des hommes et des femmes pour sauvegarder, valoriser et promouvoir ces manuscrits anciens et que la finalité de ce processus, est l’exploitation de ce patrimoine écrit.
Par Mariam Sissoko LE SURSAUT