Sans doute, le dernier des Maliens le savait. La libération, après plusieurs mois sous surveillance policière de l’ancien Président de la transition, Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane, a été négociée et avait un arrière-goût inachevé. En témoigne le communiqué au relent fébrile pondu par le gouvernement malien les heures qui ont suivi leur libération les suppliant presque à visage dévoilé de « garder le silence ». Ainsi pour condamner définitivement l’ancien Président de la transition sur ce que les Maliens peuvent savoir sur le coup de folie des putschistes le 24 mai dernier, le Président de la transition, Assimi Goïta n’a pas hésité à payer le prix fort hier mercredi en procédant à la nomination des membres du cabinet de Bah N’Daw. Sans doute, Moctar Ouane, lui aussi, attend son prix pour se taire.
Le président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, a procédé, ce mercredi 8 septembre 2021 à la nomination des membres du cabinet de son prédécesseur, l’ex-chef de l’État déchu de la Transition, Bah N’Daw. Ci-dessous le décret:
« Le président de la Transition, vu la constitution, la charte de la Transition, le décret 2014-0610 PRM du 14 aout 2014 fixant l’organisation et modalité de fonctionnement des anciens présidents de la République; le décret 2015 0072 PRM du 13 février 2015 portant indemnité forfaitaire aux membres des cabinets des anciens présidents de la République; le décret 2021 0350 PT RM du14 mai 2021, modifié fixant l’organisation de la présidence de la transition; décrète: Article 1: sont nommés au cabinet de l’ancien président de la Transition, chef de l’État, Son Excellence Monsieur Bah N’daw en qualité de: Directeur de cabinet Colonel Sambala Sidibé ; Chargé de mission : Monsieur Samir Namanet Monsieur Ali Daou ;Médecin capitaine Ousmane Samaké ;Lieutenant Seydou Diamoutene ;Aide de camp adjoint, Sous-lieutenant Bakoroba Niaré ».
C’est en ces termes que le décret présidentiel a annoncé la bonne nouvelle aux Maliens. Saufque seulement ce geste présidentiel a un goût amer. Ce n’est pas debon cœur, sans doute. Si la loi l’exige, il faut parfois l’accepter et surtout quand des intérêts sont en jeu.Aussi, en faisant ce geste, le Colonel Assimi Goïta pense d’abord à lui-même et à la stabilité de son pouvoir pour les faits précédant entre lui et son prédécesseur de récent mémoire. Et cela par le simple fait qu’aujourd’hui, beaucoup de Maliens,croient que l’ancien Président de la Transition Bah N’Dawet son Premier ministre n’ont été que des béliers sacrificiels pour étancher lesdésirsardantsdes militaires de diriger le pays. Pour parvenir à ses ambitions démesurées, il fallait mentir sur l’ancien Président et son Premier ministre,devenus des otages militaires en les faisant passer aux yeux des Maliens comme étant des méchants et des traitres,alors qu’il n’en est rien de pareil. D’ailleurs, la mise en résidence surveillée des deux hautes personnalités en dit long sur les réelles intentions du Colonel Assimi et ses amis malgré les appels répétés des chefs d’Étatet même des organisations de la société civile.
Alors,ce geste d’Assimi Goïta et ses camarades au-delà de tout ce qui peut se dire, ne représente-t-il pas des excuses auprès de l’ancien président, Bah N’Daw,dont la réputation légendaire a été bafouée au profit des caprices des putschistes de Kati?C’est pourquoi d’ailleurs, il n’a pas lésiné sur le prix à payer. Mais pourra-t-il définitivement arracher cette page triste de notre histoire commune ? Difficilement !
Youssouf Z LE COMBAT