L’effondrement de l’appareil étatique du Mali consacrait l’entrée du pays dans le cercle toujours plus élargi des Etats faillis. En 2012, le coup d’Etat qui mit fin au régime de Feu le président ATT mettait à nue les tares d’une gouvernance que bon nombres de Maliens ne soupçonnaient que très peu. Moins d’une année plus tard, le Mali tombait sous tutelle internationale, et la gouvernance peine encore aujourd’hui à être à la hauteur des défis naturels du pays. La chute du régime d’IBK a comme un effet de déjà-vu. Que faudra donc au Mali pour prendre, une bonne fois pour toute, le virage d’une gouvernance en accord avec ses positions, géopolitique et social ?
Bricolage, saupoudrage ou encore pilotage à vue, les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier la démarche des tenants du pouvoir et compagnie au Mali. Car, bien évidemment, un coup d’Etat dans un pays qui se fait grandement aider par la communauté internationale dans une mission qui lui est naturellement dévolue fait tâche. Surtout si, le pays semble avoir adopté la manie de vouloir un putsch dès que le gouvernail à Koulouba vacille. De quoi donner un boulevard à la machine de l’international de la sécurisation que sont la mission de maintien de la paix au Mali et aussi Barkhane, ex Serval.
Il s’agit d’un coup de pouce énorme à la realpolitik dont semble jouir la France, d’une plongée encore plus profonde du Mali dans les abimes des Nations-Unies et d’un sérieux coup à la normalisation et à la stabilisation du pays. L’ancienne puissance colonisatrice tire un profit concret de sa présence militaire au Mali et dans le Sahel. Cela contribue à son statue de grande puissance mondiale et protège « sa manne énergétique » au Niger qu’est l’uranium. Il y a aussi le fait que la France se positionne en pole position dans l’exploitation très prochaine des ressources minières de la zone surtout du grand nord malien. Même si sa présence militaire lui coute énormément en termes financiers, la France tient à rester au cœur de la lutte contre le terrorisme au Sahel pour ces raisons et aussi pour minimiser les risque d’attentats sur son propre territoire après ceux de Charlie Hebdo et de l’hyper Cacher.
En ce qui concerne la présence militaire onusienne au Mali, c’est encore un signe de la faillite du pays. Et quand on sait que par exemple, celle du RDC y est présente depuis plus de 20 ans pour une situation qualifiée par beaucoup d’experts comme un échec, l’on est sceptique sur ce que la MINUSMA peut réellement proposer pour la sécurisation du Mali. Comme en RDC, les mandats défilent ainsi que les fonctionnaires et les casques bleus. Tout porte à croire que la MINUSMA, alors qu’elle est la mission onusienne la plus meurtrière, marche dans les pas de la MONUSCO, fort malheureusement.
Que dire alors du tintamarre qui se joue à Bamako, loin, très loin des défis qui assaillent le Mali. L’élite politique composée de la classe dirigeante et d’opposants qui ne cessaient de titiller le premier se livraient à une sorte de Kotêba sans suffisamment aborder les propositions pouvant servir le pays à moyen et long terme. Résultat, fragilisation d’un régime déjà aux abois, putsch et une nouvelle fois remise à zéro des démarches entrepris. Aujourd’hui encore, il semblerait que des acteurs politiques et aussi des pseudo acteurs de la société civile voudraient renvoyer les Maliens dans la rue alors que de la Transition politique, il ne reste que neuf mois. Aussi nobles que peuvent être les idées qu’ils défendent, le moment est-il idoine ? Ne faut-il pas attendre que l’on ait un pays quelque peu stable avec des autorités légitimes ?
En tout état de cause, le Mali n’a point le choix. Il devra se battre pour exister, combattre ses plus viles pulsions et ensuite sûrement envisager la prise en mains totale de son destin.
Ahmed M. Thiam INFO SEPT
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