Le décès d’Idriss Déby Itno est une véritable catastrophe pour la présence militaire française au Sahel. Les 1200 soldats tchadiens, arrivés le mois dernier, quittent la zone des trois frontières pour rentrer à N’Djamena, ceci malgré les assurances des autorités de la Transition du Tchad.
La disparition d’Idriss Déby plonge d’ores et déjà le Sahel dans l’inquiétude. L’armée tchadienne a toujours été considérée comme un pilier de la Force du G5 Sahel et un partenaire sûr de la Force Barkhane. Le contingent tchadien même si sa réputation est surfaite s’est révélé le plus brutal, mais aussi le plus combattif au sein des forces engagées contre le terrorisme dans le Sahel. Or, les 1200 hommes qui venaient d’arriver dans la zone des Trois frontières en fin mars, sont en train de faire leurs bagages et de repartir chez eux, indiquent plusieurs sources sur place.
Une douche froide
C’est évidemment une douche froide pour Paris qui comptait sur ces renforts pour lancer une grande offensive prévue avant la fin du printemps et remporter une victoire médiatique contre le terrorisme. Laquelle devait précéder un retrait partiel de l’armée française du Sahel, mais avec les honneurs.
Autre souci pour Emmanuel Macron, le QG de l’opération Barkhane se trouve précisément à N’Djamena. Dans quelles conditions, pourra-t-il y rester? Personne ne le sait aujourd’hui!
Les 1200 soldats qui repartent chez eux cherchent sans aucun doute, à défendre cet État militarisé qu’ils ont servi. La mort de celui qui régna sur le Tchad depuis trente ans, ainsi que celle d’au moins dix généraux tombés, lors des derniers combats livrés contre la rébellion, laisse un vide politique abyssal.
La France « préoccupée » pour la stabilité du Tchad après la mort du président Idriss Déby Itno « ne croit pas » à un retrait des troupes tchadiennes engagées dans les pays voisins pour la sécurité du Sahel, selon le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.
« Elle (la situation) me préoccupe. Il faut être très vigilant sur la stabilité de la situation. Est-ce que le Conseil Militaire de Transition va assurer la stabilité, l’intégrité du Tchad ? », s’est interrogé Jean-Yves Le Drian, sur la chaîne France 2.
« Et puis, ensuite comment il va pouvoir mettre en œuvre un processus démocratique et comment, par ailleurs, l’armée tchadienne va remplir ses engagements à l’égard de la Force conjointe du Sahel », a ajouté le ministre français dont le pays est engagé au Sahel avec la force antijihadiste Barkhane.
« Je ne l’imagine pas (…) Je ne crois pas que le Conseil Militaire de Transition va revenir sur ces engagements ». Il estime que “les Chefs d’État du Sahel sont interrogatifs, mais en même temps il y a des accords politiques qui ont été passés entre les cinq pays (de la région) pour assurer leur sécurité mutuelle, y compris par la présence de forces tchadiennes au Niger dans ce qu’on appelle les « Trois frontières », avait-il répondu à la question sur un possible retrait de troupes tchadiennes.
Bourama Kéïta LE COMBAT