Une lettre confidentielle signée de Manassa Dagnoko, de Baya Berthé et de Bamassa Sissoko, donnant lieu à une requête pour annulation du décret présidentiel d’abrogation de la décision de nomination des trois membres non démissionnaires de la Cour Constitutionnelle, circule sur les réseaux sociaux. Cette longue missive qui fait un tour d’horizon de tous les articles de la Constitution violés par le Président de la République, concernant la révocation des trois magistrats de la CC, semble être un non-événement pour l’opinion nationale et même internationale.
Elles sont toutes unanimes que cette Cour Constitutionnelle est la cause véritable de la crise politique qui secoue le Mali actuellement. L’institution dirigée par Manassa Dagnoko et compagnie s’est tellement discréditée que les hommes et les femmes qui la composent ont perdu toute légitimité. La légalité seule suffit-elle pour avoir gain de cause ? IBK ne pourrait-il pas dormir tranquillement sans être inquiété par Manassa Dagnoko et complices ? Le Peuple étant le seul détenteur de la légitimité va-t-il soutenir les révoqués, bien que la Constitution ait été violée ?
C’est dans une longue rhétorique, digne d’un cours de magistrature que Manassa Dagnoko, Baya Berthé et Bamassa Sissoko se sont lancés pour demander au Président de la République de revenir sur sa décision d’abrogation du décret de nomination des trois membres restant de la Cour Constitutionnelle.
Si la démocratie confère à chaque citoyen de réclamer son droit surtout quand celui-ci est violé, l’éthique et la morale imposent à chacun de nous de rester digne, et de renoncer à ce droit, surtout quand on se rend coupable d’abus ayant contribué à causer du tort à un grand nombre de personnes. Nul ne pourrait contester le bien-fondé de la requête de Manassa Dagnoko, de Baya Berthé et de Bamassa Sissoko, mais nul ne pourrait nier non plus leur grande responsabilité dans la crise politique actuelle, laquelle crise a provoqué la mort de plus de 23 personnes, de 200 blessés et des dégâts matériels considérables. Pour rappel, la profonde crise sociopolitique dans laquelle le Mali est plongée est consécutive à l’arrêt rendu par cette controversée cour lors de la proclamation des résultats des élections législatives dernières. Avant cet arrêt, la Cour Constitutionnelle de Manassa Dagnoko s’est d’abord rendue coupable des manquements graves à la Constitution quand il s’est agi d’organiser le référendum pour la révision de la Constitution. Face à une insécurité grandissante elle a eu le toupet de dire qu’elle était simplement résiduelle et que le referendum pouvait se tenir sur toute l’étendue du territoire. La suite est connue, c’est plus de mille morts de 2018 à maintenant. Comme si cette faute ne suffisait pas elle s’est également prononcée en faveur d’une prolongation du mandat des députés, quand celui-ci était arrivé à terme. Elle semble accorder cette prolongation pour des raisons évidentes d’insécurité généralisée, alors même qu’elle avait traité cette même insécurité de résiduelle.
Qui ne se rappelle pas des communiqués de la Cour Constitutionnelle, à la limite, menaçant des manifestants dont le seul tort, à ses yeux, était d’exprimer leur opinion face à la mauvaise gouvernance ou pour toute autre revendication légitime.
A la place de ces trois bourreaux, à savoir Manassa Dagnoko, Baya Berthé et Bamassa Sissoko, tout citoyen normal rendrait sa démission comme les quatre autres membres qui ont démissionné, pour sauvegarder le minimum de dignité et d’honneur. Mais en voulant trop tirer sur la corde ils auront à affaire avec le peuple. Donc, le Président IBK, bien qu’affaibli, pourrait compter sur le soutien de son peuple dans le combat contre les trois membres de la Cour Constitutionnelle qu’il a chassés
Youssouf Sissoko