Après la mission de la CEDEAO, la semaine dernière, les regards sont braqués sur la venue dans la capitale malienne des 5 chefs d’État du Sénégal, du Niger, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Nigeria. D’eux, il est attendu un fléchissement dans la crise sociopolitique que traverse le Mali. Patatras, cette énième médiation dans laquelle l’organisation sous régionale aura fait usage de la grosse partielle avec 5 chefs d’État, n’a accouché que d’une souris.
À leur arrivée au Sheraton, des manifestants étaient postés avec des pancartes affichant leur soutien aux institutions de la République et réclamant la libération de Soumaila Cissé.
La CEDEAO décidée à soutenir et maintenir d’IBK au pouvoir, s’est vu opposé le M5 un refus catégorique de respecter la proposition faite par Goodluck Jonathan. Pour eux, il fallait tenter de faire accepter les dernières propositions de la CEDEAO, malgré le ton ferme du M5 qui réclamait jusque-là la démission d’IBK. Les doléances aussi ont fait trait de la formation du gouvernement attendu depuis plus d’un mois. L’idée d’une démission du Premier ministre pour décrisper la situation est évoquée, mais rien n’est sûr, précise un membre de la délégation nigériane. Il reste comme l’avait aussi proposé la CEDEAO à rétablir les députés floués lors des dernières législatives. Ainsi que la nomination des nouveaux membres de la Cour constitutionnelle.
De son côté, le M5 qui réclamait jusque-là la démission d’IBK est campé sur sa position. Les échanges ont été très houleux entre les Présidents de la CEDEAO et le M5. «On n’est pas au Mali pour imposer une voie, nous ne sommes pas des dictateurs ! », affirme le Président sénégalais, Macky SALL au M5. « Ce que vous voulez imposer ne passera pas au Mali », va répliquer l’Imam Mouhamoud Dicko aux Présidents.
Cette position de la CEDEAO, en effet, n’a pas du tout requis l’assentiment des leaders du M5 avec à leur tête, l’Imam Mahmoud Dicko qui a été on ne peut plus clair face à certaine dérive du régime IBK et le déficit de la gouvernance décriée depuis longtemps. Selon ce dernier, la CEDEAO était essentiellement venue leur écouter. Et, quelle que soit la situation, les acteurs doivent dialoguer compte tenu de la situation du pays.
L’imam Dicko prenant la parole, a précisé qu’il ne s’agit pas de ramener la crise actuelle essentiellement à la question problèmes née des dernières élections législatives. Mais le problème du Mali est une question de défaillance de gouvernance dans son ensemble. C’est un défaut total de gouvernance, dira Bathily. « Le Mali était abandonné aux vagues dans une mer et aucune règle de la CEDEAO, aucune règle de la démocratie ne permettait que des dirigeants volontairement, sortent des armes, tirent sur leurs peuples dans des quartiers où pratiquement il n’y avait rien à sauver de l’État », rapporte le leader du M5 à la presse. « Qu’est-ce qui justifie le fait que les dirigeants envoient des chars dans les maisons à Badalabougou ? » s’interroge l’ancien ministre Ali Bathily.
Et pour l’imam Mahmoud Dicko, « Rien n’a évolué pour le moment. Je l’ai dit et je l’ai redit, nous sommes un peuple debout, nous ne sommes pas un peuple soumis ou résigné. Je préfère mourir martyr que de mourir traitre. Les jeunes gens qui ont perdu leurs vies ne l’ont pas perdu pour rien. Et si vraiment ce qu’on nous a dit, c’est à propos de cela qu’ils se sont réunis, rien n’est fait pour le moment » Le M5 campe sur la nomination d’un nouveau Premier ministre et le sort de l’Assemblée nationale.
Si beaucoup ne doutent pas du soutien clair des chefs d’État à IBK, l’idée qu’une crise institutionnelle puisse affecter la sous-région reste un argument de taille.
L’espoir qui était né à l’annonce des présidents de la CEDEAO vient une fois encore se volatiliser alors que Me Ali Bathily annonce des manifestations après la fête de Tabaski.
« Après la fête, la désobéissance civile reprendra son cours et on va l’intensifier, le matifier pour obtenir la démission du Président IBK et rien ne nous interdit, et ne nous empêche de le chercher et l’obtenir », conclut-il.
Notons que les doléances aussi ont trait à la formation du gouvernement attendu depuis plus d’un mois. L’idée d’une démission du Premier ministre pour décrisper la situation n’est même pas évoquée.
Il faut aussi rétablir les députés floués lors des dernières législatives ainsi que la nomination des nouveaux membres de la Cour constitutionnelle entre autres. Ce qui oblige le M5 de refuser catégoriquement la proposition faite par les Présidents.
Face au statu quo, IBK est désormais sur un fauteuil éjectable et il a encore dix (10) bons jours pour sauver ce qu’il faut afin de préserver ce beau pays, auquel cas il aurait choisi de sortir par la même porte que son prédécesseur, ATT.
Bourama Kéïta