samedi 23 novembre 2024
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Une affaire de gros sous

Toute nouvelle crise sanitaire cache une affaire de gros sous rendant difficile le choix d’un traitement ! Telle est la conviction de certains spécialistes (médecins et pharmaciens).

Ainsi, certains experts n’ont pas récemment hésité à dénoncer les manœuvres de Macron et Big Pharma contre le Professeur Didier Raoult et la chloroquine. Il est clair que l’efficacité de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine n’est pas du tout une bonne nouvelle pour l’industrie pharmaceutique qui a toujours tiré le meilleur profit des crises et urgences sanitaires comme le COVID-19, et avant, du paludisme…

Selon nos informations, la chloroquine coûte un euro pour dix comprimés en Europe, notamment en France. Il faut généralement débourser 3,16 euros pour la boîte de 20 comprimés de nivaquine 100 mg, 5,19 euros la boîte de 30 comprimés de Plaquenil 200 mg. Ce qui est loin d’être rentable, notamment pour des firmes comme Big Pharma déjà engagée dans la recherche d’une « solution coûteuse ».

Et si Donald Trump accusait récemment l’OMS d’avoir aidé la Chine de cacher la réalité des chiffres liés au COVID-19, elles sont nombreuses aussi des voix qui s’élèvent fréquemment pour dénoncer la connivence entre l’organisation onusienne et les grands groupes pharmaceutiques.

Ce qui autorise à émettre des doutes sur la pertinence du retrait de la nivaquine ou de la chloroquine du traitement du palu en Afrique, notamment au Mali. Le gouvernement de l’époque a-t-il alors cédé aux propositions financières alléchantes pour changer la politique nationale de lutte contre la malaria ?

Nos interlocuteurs n’accusent pas frontalement les décideurs de l’époque. « La chloroquine a certes une toxicité hépatique avérée, mais qu’on peut maîtriser par une meilleure approche thérapeutique. A mon avis, le Mali a fait du suivisme comme d’habitude et non du réalisme par rapport à son abandon », dénonce une pharmacienne.

Selon elle, notre pays aurait pu par exemple explorer les atouts thérapeutiques de l’hydroxychloroquine qui est deux à trois fois moins toxique que sa molécule-mère (la chloroquine) tout en ayant des propriétés pharmacologiques proches.

Toujours est-il que les CTA ont fait leur entrée dans notre pays au mois d’avril 2007 avec une distribution dans les centres de santé communautaire. Pour l’année 2007, le coût global des CTA dans la prise en charge des enfants est estimé à 562 407 000F CFA. A cette somme, il fallait ajouter celui des Tests de Diagnostics Rapides (TDR) qui s’élevaient à 576 838 000F CFA. Et le coût du traitement du paludisme grave à la quinine injectable était estimé à 129 789 000F CFA.

Un coût presque amorti par le Fonds Mondial (Palu-Tuberculose-Sida) pour 13 milliards de F Cfa et l’inscription du Mali à l’initiative du Président Bush pour la lutte contre le paludisme sous-tendu par une enveloppe financière de 37 à 45 milliards de francs CFA. Comme vous voyez, difficile de ne pas évoquer les gros sous dans cette affaire. Et surtout que nous savons tous quelle gestion technique et politique (détournements en masse) a été faite du fonds mondial dans notre pays.

Avec l’abandon de la nivaquine au profit des CTA, défendaient les services du ministère de la Santé à l’époque, la lutte contre le paludisme avait pris tournant important dans notre pays. Mais, à notre humble avis, ce fut un tournant plus mercantiliste que thérapeutique.

Nonobstant la gratuité du traitement pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes (une décision politique loin d’être intégralement et équitablement appliquée par les praticiens), le traitement du palu coûte toujours une fortune au ménage, surtout les accès chroniques. Contrairement au traitement précédent, les CPA sont de plus en plus chères pour le Malien lambda sans une efficacité aussi prouvée.

Le paludisme, au Mali, c’est quand même plus de 2.000.000 d’enfants de moins de 5 ans qui sont exposés en moyenne à 2 accès palustres dits simples par an avec des variations régionales. Et sur ces 2 millions,       au moins 100.000 vont faire des accès graves nécessitant une prise en charge très onéreuse.

Et comme le dit ironiquement un jeune praticien, « tout médicament a un effet secondaire. La gravité dépend maintenant de l’organisme et de la dose prescrite… » !

M.B

Djibril Coulibaly

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