Le Parlement, qui a la charge de légiférer et de contrôler l’action gouvernementale au nom du peuple mandataire, est au coeur de gigantesques contestations. Mal élue aux yeux du plus grand nombre, l’institution qui a son siège à Bagadadji va donc souffrir d’une illégitimité congénitale.
N’empêche qu’elle est convoquée par décret présidentiel en session extraordinaire ce lundi 11 mai, afin d’élire son président et son bureau, plancher sur son règlement intérieur, puis mettre en place ses groupes et commissions de travail. Ce n’est pas tout. Les nouveaux députés examineront aussi deux projets de loi auxquels le président de la République et le Premier ministre tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Mais ceci est une autre préoccupation qui étalera ses tripes bientôt.
Tout est donc parti sur des chapeaux de roue. Une telle précipitation est pour le moins grosse de dangers, notamment par la volonté inavouée du pouvoir à prendre tout le monde de vitesse. Ce qui importe de noter à présent, et qu’il convient de ne jamais perdre de vue, c’est que le nouvel organe législatif du Mali, la dernière de l’ère IBK dont le deuxième mandat prend fin en 2023, est une institution suspecte à ce point que tous les actes qui y émaneront seront estampillés de faux. Une suspicion de départ porteuse d’un germe mortel, si ce n’est que la haute chambre elle-même portera les stigmates du coronavirus, pandémie pendant laquelle les premier et deuxième tours des élections législatives se sont déroulés.
Les erreurs matérielles commises par la Cour constitutionnelle lors de la proclamation des résultats définitifs du scrutin sont indéniables et elles entachent irrémédiablement la légitimité. Tout le monde le sait. La COCEM, conglomérat de structures indépendantes d’observation, pendant et après les élections, a même pu pointer des écarts énormes entre les chiffres déclinés par la Cour constitutionnelle lors du prononcé de son délibéré et ceux publiés sur son site. De telles erreurs sont plutôt à considérer comme des faits exprès, vu la nature de ceux que l’on appelle les Neuf Sages. L’institution parlementaire s’installe donc grâce aux fraudes et tricheries multiples crevant les yeux.
La contestation populaire ne faiblit pas. Le pouvoir compte-t-il sur son essoufflement prochain ? Cet espoir peut être contrarié par la détermination de nombre d’acteurs politiques qui ont de l’énergie à revendre. Les jours prochains seront déterminants.
Pascal Dakouo