Le dimanche 8 mars 2020 a été un moment de débat pour les femmes pour raison de Journée Internationale des droits de la femme. Ce fut aussi le début de la campagne électorale pour les élections législatives du 29 mars prochain. C’est parti pour trois semaines d’agitations électorales. Mais la fête tiendra-t-elle ses promesses? Les principaux partis politiques qui se disputent l’échiquier ont quand même tous pris ensemble le départ.
Il y a certainement quelques rafiots en perdition dont on n’entendra pas les frémissements, mais l’essentiel est qu’il n’a pas été enregistré de défections assimilables à un boycott. La majorité et l’opposition sont engagées à égale détermination, aucun des deux camps ne souhaite être porté disparu. L’Assemblée nationale est le lieu de la représentation nationale où non seulement vibre le pouls du peuple, mais en plus c’est là où l’on a la possibilité de faire la différence, voire de combattre ce que l’on jugera néfaste à la démocratie. Il y a eu beaucoup de candidatures, en atteste la proclamation de la validité des listes faite par la Cour constitutionnelle. Ce sont donc 147 députés qui seront élus au terme d’un scrutin que tout le monde surveillera comme le lait sur le feu. Les enjeux futurs, singulièrement les opérations politiques qui profilent à l’horizon, en particulier le référendum constitutionnel, commandent qu’un parlement réellement représentatif sorte des urnes. Mais il est à craindre que ce soit le cas. Les candidats, qu’ils soient indépendants ou affiliés à des formations politiques, s’ils partent tous à égale chance, ils n’ont pas tous les mêmes fortunes. Le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, est bien présent en personne dans son fief de Niafunké, pour parer à toutes les éventualités. En effet, le pouvoir ne se priverait pas d’engager en ce lieu des manoeuvres ou une bataille pour le déstabiliser, pour empêcher sa réélection. Au sein de la majorité, notamment au Rpm, il y a eu des remous qui pourraient être bénéfiques, mais qui pourraient aussi jouer un petit vilain tour. En effet, au moins deux des anciens députés du parti du Tisserand n’ont pas été retenus par leur formation et ont été obligés de se porter candidats sur d’autres listes. Ainsi, l’honorable Moussa Diarra, qui a défrayé la chronique par ses dénonciations de la France, se retrouve sur une liste commune avec la Codem. Quant à l’honorable Diallo Aïssata Touré, elle s’est résolue à aller en indépendante à Youwarou. Bamako, comme toujours, fait figure de centre névralgique politique. Là, Yéléma, le parti de Moussa Mara, l’ancien Premier ministre, semble bien déterminé à emporter le scrutin dans la commune IV du District. Le bouillonnement précoce à ce niveau donne déjà une idée de la haute lutte qui y sera menée. Mais c’est surtout en commune II de Bamako que les choses seront les plus corsées. Fief de Karim Keïta, fils du président de la République, le coeur de la capitale bat frénétiquement. Les familles fondatrices ont fait savoir qu’elles sont opposées à la réélection de leur député sortant dont le nom est cité dans l’enlèvement puis la mort d’un des leurs, le journaliste Birama Touré. Karim Keïta ne veut pourtant pas se laisser démonter. Le ton utilisé par lui lors du lancement de la campagne montre qu’il est prêt à en découdre. Ces quelques éléments donnent certes un aperçu sur les futures élections législatives, mais ils ne dessinent pas suffisamment la finalité attendue. Les jours prochains sont donc à scruter minutieusement.
Ahmad Ould Bilé