«Environ 200 millions de filles et femmes dans le monde ont été victimes
d’excision)» estime l’ONG Plan International. Au Mali, précise cette même
structure, 91% des femmes de 15 à 45ans sont victimes d’excision. De l’avis
de certains experts en la matière, cette pratique douloureuse ne présente
aucun avantage sur la santé de ces jeunes filles et femmes. Par contre, disent-
ils, elle a des répercussions énormes sur la santé tant physique que
psychologique de ces filles ou femmes, dont la plus grave est le manque
d’orgasme lors des rapports sexuels. Face à ce sujet délicat, qui constitue un
problème de santé publique, nous avons fait réagir Dr Abdramane Diabaté,
chef de service gynéco- obstétrique du centre de Santé de Dïola.
Selon Dr Diabaté, il existe plusieurs types d’excision.
Le type 1, qui est aussi le minimum, dit-il, est l’ablation du clitoris et le clitoris à des
racines nerveuses. «Si ces racines nerveuses sont touchées le plus souvent c’est
difficile pour ces femmes-là d’avoir un orgasme. C’est vraiment difficile» a-t-il
expliqué.
A en croire au spécialiste, il est très difficile, voire impossible de remédier à de telle
conséquence malheureuse. Le plus souvent, précise le Dr Diabaté, la femme vit
avec ce manque durant le reste de sa vie.
D’après lui, ce qui est difficile à traiter c’est cet aspect (manque d’envie) là. Mais,
clarifie-t-il, le plus souvent si ça se fait à des âges avancés donc la petite fille garde
l’expérience malheureuse de cette mutilation c’est-à-dire la douleur. Pour lui, qu’il y
ait atteinte ou pas des nerfs, l’expérience douloureuse va faire que la fille là peut
avoir un manque d’orgasme à vie. « C’est ce type là qu’on peut traiter, le plus
souvent, si c’est une atteinte nerveuse, cela est difficile à traiter» a-t-il laissé
entendre.
Plus loin, Dr Diabaté, a signalé que deux cas de manque d’orgasme, sont dus à
l’atteinte nerveuse. Souvent c’est purement psychologique, explique-t-il, due à la
peur des mauvais souvenirs de l’excision, surtout si c’est fait à un âge où la
personne ne pourra plus oublier tout ce qui s’est passé comme évènement
malheureux.
En guise de solutions pour les femmes ou filles subissant les conséquences de
l’excision, Dr Diabaté dira que le traitement, se fait d’abord avec un psychologue
et surtout l’apport du conjoint. «La prise en charge dans ce cas se fait avec son
mari et elle-même» a-t-il fait savoir.
Après avoir souligné que c’est généralement des situations où le psychologue est
associé au soutien du conjoint, il dira que ce sont des choses qui ne se traitent pas
en un ou deux jours, voire, en un ou deux mois, mais pendant un temps raisonnable.
En termes de thérapie, il a proposé à ces patients de procéder à une consultation
gynécologique en un premier lieu pour voir si c’est un autre problème qui est en
dessous, qui peut être la cause de cela avant de se focaliser sur les conséquences
de l’excision.
« S’il y a une infection ou une sécheresse vaginale en dessous ou même si c’est
pas le mari qui est trop rapide. Parce que ça aussi, ça existe. L’orgasme de la femme
est souvent en retard par rapport à l’homme. L’homme facilement est stimulé et a
rapidement l’orgasme que la femme. Et il se trouve que l’orgasme de l’homme est
plus rapide que celui de la femme. La femme peut croire qu’elle a des problèmes
alors qu’elle n’a rien» a précisé Dr Diabaté.
Par ailleurs, il a invité ces femmes et jeunes filles à faire une consultation
psychologique, si toutefois, il n’y a pas d’autre chose en dessous, telle une cause
organique. Il conseille également à l’apport du conjoint en matière de stimulation du
clitoris et des préliminaires lors des rapports sexuels.
Maïmouna Sidibé