Depuis la publication, le 10 décembre dernier, des résultats définitifs du concours de recrutement direct à la police nationale, une grogne s’empare de l’opinion publique. Pour les recalés, c’est le favoritisme et la manipulation qui ont été la règle d’or du processus.
Beaucoup restent à faire pour remettre la République Mali sur pied. Le pays divague et le lendemain paradisiaque promu lors des manifestations anti-régime dictatorial de Moussa Traoré dans les années 90 reste dans le cadre de mirage. Il faut maintes fois à faire et à refaire pour sauver ce bateau-Mali en perte de vue et loin de toutes directions salutaires. La République se constitue sur certaines bases (la sécurité, la santé, et l’éducation) qui ne doivent faire l’objet d’aucune légèreté, d’aucun laisser-aller pour sa survie. N’a-t-on pas vu le cas des mauvais troglodytes ? Inquiétant !
En effet, comme plusieurs fois décriées par la presse, le processus de recrutement dans les secteurs formels aussi bien qu’informels semble toujours inchangé : le fils, les parents, et le beau-frère demeurent les plus privilégiés. Est leurre, l’égalité des chances pour la quasi-totalité des jeunes en quête d’emploi. Ce triste constat est palpable. Le plus inquiétant est que le dispositif militaire et paramilitaire semblent les plus infectés par le système. Des hommes qui doivent être recrutés sur une base saine se rendent finalement à l’évidence de la réalité des choses et sont ainsi écartés au profit des fils et connaissances des « bras longs » tapis dans l’ombre du pauvre contribuable. Selon plusieurs candidats malheureux au récent concours pour la police, des camarades, éliminés à la suite des épreuves sportives et écrites, ont mystérieusement réapparu sur la liste des résultats définitifs. Quelle chance ! Des cris contre la fraude ne cessent d’émerger. Mais, depuis, le Ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général de division Salif Traoré encore moins le Directeur général de la police Moussa Ag Infahi n’ont daigné piper mot. Pouvaient-ils même ? Pas sûr ! Des jeunes qui protestent affirment avoir les preuves indéniables.« J’en ai eu le pressentiment. Donc, j’ai tenu à photographier tous les résultats précédents. Sur la liste définitive, j’ai retrouvé les noms de certaines personnes qui ont été éliminées depuis les épreuves sportives et écrites, d’autres n’étaient même pas sur la liste avant, mais elles sont toutes aujourd’hui recrutées. Je vous donne juste un exemple : le numéro 16808 a été éliminé après l’épreuve sportive. Mais la même personne sous le même numéro est apparue sur la liste des résultats définitifs. Vous pensez que cela est fortuit ? Non pas du tout ! Et je vous dis qu’il y a plusieurs cas comme ça », a témoigné un candidat malheureux sous anonymat lors d’une rencontre avec le syndicat de la police. « Ce sont des personnes qui n’ont pratiquement fait aucune des épreuves qui ont été admises. Nous ne savons plus ce qu’on va devenir dans ce pays sans égalités », a enchainé un autre candidat malheureux.
Le hic du clou de l’affaire en est que le Président de l’Alliance pour la Police Nationale (APN), le sergent-chef de police Sidi Tamboura, qui devrait animer une conférence de presse pour éclairer l’opinion nationale sur la réalité des choses a été bloqué, quelques heures plutôt, à la Direction Générale de la Police Nationale. La raison évoquée ? Elle est ahurissante.
De son côté, le Ministre de la Sécurité semble être atteint de l’amblyopie pour ne rien voir de cela.
Qu’Allah sauve ce pauvre pays où les dires et les faits sont comme la face et le revers d’une feuille !
Seydou Konaté LE COMBAT