De l’avènement de la démocratie, en 91, jusqu’à nos jours, si un phénomène s’est développé jusqu’à devenir un cancer qui s’est véritablement métastasé au Mali, c’est bien entendu la corruption et la délinquance financière. Jamais le Mali n’a été aussi spoliée que pendant les 30 dernières années. Les premiers responsables dont la mission devrait être servir, sans se servir et qui auraient dû être des modèles, sont ceux qui dépouillent le plus l’Etat. Prenant la mesure de la gravité du fléau, le Président de la République semble comprendre que la seule alternative qui reste pour la paix, la stabilité et le décollage économique du pays est la lutte implacable contre la corruption. Liant l’acte à la parole, il semble donner carte blanche à la justice pour traquer tous les bandits à cols blancs. La chasse aux délinquants commence à produire les effets escomptés attendus par le peuple, avec l’arrestation des grosses pointures de la République comme le Maire du District Adama Sangaré et le Président de l’APCAM Bakary Togola. IBK n’est-il pas en train de réussir là où Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré ont échoué ? N’est-il pas temps qu’on l’aide pour éradiquer ce fléau qui gangrène notre économie ?
S’il réussissait à lutter efficacement contre la corruption, IBK serait sur le point de battre son troisième record depuis son avènement au pouvoir en 2013, jusqu’à nos jours. Le premier est la grande mobilisation et surtout le capital de sympathie et de confiance des électeurs maliens pour sa brillante élection à la magistrature suprême en 2013. Jamais l’élection d’un Président de la République au Mali n’aura suscité autant de mobilisation et d’espoir que celle d’IBK. Le second record est la mal gouvernance avec son corolaire de scandales, de crises, de corruptions, d’insécurité grandissante et surtout un bilan macabre des milliers de morts durant son premier mandat. Indéniablement, il avait battu le record de la mal gouvernance dans notre pays.
C’est certainement en tirant toutes les leçons des échecs et comme une sorte de repentance, qu’IBK semble prendre conscience de l’abyssale profondeur de la crise multidimensionnelle que connait son pays en optant pour la rupture avec le passé sulfureux. Réélu pour un second et dernier mandat dans des conditions troubles en 2018, IBK a compris le message que les électeurs lui ont envoyé, à savoir le message de déception et d’insatisfaction. Analysant tous les errements du premier mandat, soucieux de léguer pour la postérité une image pas très écornée il s’est résolument engagé dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière. IBK a désormais opté pour le redressement de la barre fortement tordue pendant son premier mandat.
Donc, son troisième record est celui de la lutte véritable et non factice de ses prédécesseurs, contre la corruption et la délinquance financière. Il est indéniablement sur le point de battre ses prédécesseurs AOK et ATT dans la lutte contre la corruption.
Pour rappel, si AOK a arrêté des cadres comme Tiémoko Mahamane Maiga, PDG de la SOTELMA, Togola, celui de la Poste et Idrissa Keita, PDG de la CMDT, sa liste est restée squelettique eu égard à la gravité du phénomène de la corruption. Et pire, la plupart de ces cadres ont été jugés et blanchis. On a même fini par leur payer des dommages et intérêts. Quant à ATT, il passe aujourd’hui pour être le plus laxiste de tous les Présidents de la République qui se sont succédé au pouvoir, en matière de lutte contre la corruption. Qui ne se rappelle pas des réponses qu’il a données face aux questions relatives à la lutte contre la corruption ? Pour lui, pas question d’humilier un chef de famille, même s’il a détourné des fonds de l’Etat. La lutte contre la corruption sous ATT a été juste un moyen de chantage politique sans une réelle volonté.
Par contre, IBK semble résolument engagé à aller jusqu’au bout. Deux faits majeurs attestent cela, d’abord le choix porté sur Malick Coulibaly comme ministre de la justice garde des sceaux et surtout la carte blanche qu’il lui a donnée tant dans le choix des magistrats à des postes de responsabilités que l’entière indépendance qu’il semble assurer à la justice. Le second fait est son refus de protéger même ses camarades du parti et ceux qui se croyaient intouchables. Pour IBK, chacun doit répondre de ses actes. Avec l’arrestation de certaines grosses pointures de la République, le soutien d’IBK à la justice loin d’être factice est une réalité incontestable.
En définitive, IBK est sans nul doute le premier Président de la République a donné véritablement un contenu à la lutte contre la corruption. Il est attendu de lui deux grandes prouesses, la lutte implacable contre la corruption et le retour véritable de Kidal dans le giron de la République du Mali, pour écrire une page glorieuse de l’histoire moderne de notre pays.
Youssouf Sissoko INFO SEPT