Le Dialogue National dit inclusif continue de plus bel dans sa phase de concertations locales et régionales. Ce fut d’abord le cas au niveau des communes, avant d’amorcer en début de semaine les cercles et les communes de Bamako. L’avant-dernière étape serait les régions avant de fixer pour de bon la date des assises nationales. Ce qui est à déplorer et ce qui est inquiétant pour la suite du processus, c’est l’absence des grands ténors de l’Opposition et de la société civile qui ont maintenu leur boycott. Comment pourrait-on organiser un dialogue dit national sans Soumaila Cissé, Zoumana Sacko, Modibo Sidibé, Oumar Mariko, Moussa Sinko Coulibaly, Mme Sy Kadiatou Sow et s’attendre à des résultats tangibles ? Le Gouvernement va-t-il commettre la grosse erreur d’aller à ce dialogue sans les ténors sus-cités ?
Ni le Triumvirat, qui semble se disqualifier en ignorant totalement la suspension de l’Opposition et d’une partie de la société civile aux activités du Dialogue national, ni même le gouvernement qui semble s’accommoder du retrait d’une frange importante de la classe politique et de la société civile. Alors, il revient au Président de la République, en dernier ressort, de parer au plus urgent, en tentant de séduire, voire convaincre, les opposants de la nécessité d’avoir un consensus autour du grand malade qui est le Mali. Seul IBK pourrait faire venir autour de la table, pour le forum sur la République, les opposants. Va-t-il encore se priver de ce privilège et laisser la situation pourrir davantage, au risque de mettre à vau-l’eau la fragile accalmie ?
Ce que le gouvernement feint d’oublier, c’est surtout la gravité de la crise multidimensionnelle qui secoue le Mali depuis 2012. Les concertations amorcées depuis plus d’une semaine maintenant ne seront ni représentatives de toutes les sensibilités sociopolitiques, voire professionnelles, ni les solutions idoines aux maux qui minent le pays. Elles seront une occasion pour certains maliens de pouvoir changer de régime alimentaire et de bénéficier de quelques peccadilles, comme perdiems, sans diagnostiquer véritablement la maladie. Pour rappel, la plupart des participants sont ceux qui ont accompagné tous les régimes, d’AOK à IBK en passant par ATT et qui ont même fait allégeance à Amadou Haya Sanogo. Que pourraient proposer ces participants qui ne jouissent pas d’une certaine crédibilité ? Le Dialogue est en train de perdre sa quintessence et à ce rythme, il ne sera juste que de moments de défoulement pour certains sans jamais toucher du doigt les vrais problèmes et y apporter les remèdes nécessaires.
Les problèmes évoqués au cours des différentes concertations, qu’elles soient locales ou régionales, sont bien connus, tout comme leurs solutions. Par contre, ce dont on a besoin pour enfin sortir le Mali de l’ornière, c’est le CONSENSUS NATIONAL autour du pays. Ce consensus ne pourrait être obtenu sans la participation de toutes les forces vives de la Nation. Donc, il n’y aura pas de consensus en ignorant cette importante frange sociopolitique.
A-t-on besoin de rappeler que sans ce précieux consensus tout ce que le gouvernement entreprendra sera vouer à l’échec ? L’exemple de la révision constitutionnelle avortée en 2017, ne semble pas servir de leçon aux autorités. Et pourtant, cet exemple est symptomatique du rejet des politiques de gestion du pays jusque-là menées par les autorités et surtout de la gravité de la crise sociopolitique qui a pignon sur rue au Mali depuis 2012. Alors, pourquoi ne pas reporter le dialogue national pour donner encore une dernière chance aux négociations avec les opposants ?
En somme, IBK qui a le mandat du Peuple pour sortir le pays du gouffre profond, est également investi de la délicate, voire complexe, mais noble mission de coudre le tissu social en lambeaux du Mali. Il a une autre occasion d’écrire une page glorieuse de l’histoire de notre pays. A lui de l’accomplir ou de la trahir.
Youssouf Sissoko INFO SEPT