Au cours d’une rencontre récente avec les membres de son parti, le RPM, le Chef de l’État a signifié, à travers eux tous les Maliens, qu’il n’entend nullement influencer le cours de la justice.
Chacun répondra, donc, de ses actes devant le Parquet chargé de réprimer la corruption et la délinquance financière si tant est que cette instance est déterminée à accomplir sa mission avec célérité et rigueur. Ceux qui comptaient sur le Président de la République pour les mettre à l’abri des poursuites n’ont plus qu’à se préparer à rendre gorge ou à se faire disculper avec des preuves indéniables.
IBK est, en effet, trop vieux politicien pour savoir avec Albert Einstein que «Si vous avez un problème et que vous comptez sur la classe politique pour le résoudre à votre place, vous avez deux problèmes». Le célèbre mathématicien et dénonciateur des tares de la société dirigeante disait à cet effet qu’«On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés». La lutte contre la corruption et la délinquance financière est à une phase décisive, peut-être même qu’elle a atteint sa vitesse de croisière de telle sorte que rien ne peut l’arrêter sans causer des dommages regrettables.
Les problèmes de la corruption et de la délinquance financière au Mali n’est pas le fait du bas peuple, loin s’en faut et il faut le savoir. Les coupables sont haut perchés dans le saint des saints de la République, la Présidence et structures dépendantes, à l’Assemblée Nationale, dans la haute Administration civile et militaire, dans les structures décentralisées de l’État, dans les services publics et parapublics. Bref, les délinquants qui se sont lâchés contre les deniers publics et autres avoirs du pays sont ceux-là mêmes qui ont en charge la gestion des affaires citoyennes qui ne peuvent être que celles de la patrie commune. Envisagée sous cet angle, il n’en est pas d’autres d’ailleurs, la lutte contre la corruption et la délinquance financière est un acte de salubrité nationale, une lutte contre les traîtres à la patrie de tous acabits.
Les propos du Président de la République, pourvu qu’il tienne parole, tombent comme mars en carême.
En tant que Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, c’est à lui qu’incombe au premier chef le devoir sacro-saint de soutenir les Magistrats dans leur mission, ce qui revient non seulement à être solidaire d’eux, mais surtout à les couvrir de son aile protectrice, à les garantir de toutes ses forces, quitte à sacrifier ceux qui lui sont chers pour diverses raisons qui ne peuvent être au-dessus de la Constitution qui le fait garant de la République et de la patrie.
Il ne s’agit pas de faire la fine bouche, mais le cadre choisi par IBK pour se démarquer de tous les potentiels coupables a été idoine. C’est, en effet, au sein du RPM que les plus gros soupçonnés malfrats sont tapis. Qu’il le veuille ou pas, Bakary Togola ne peut se défausser de son appartenance au parti du tisserand, pas plus qu’un autre Malien pour prétendre le faire à sa place. Il s’y ajoute que, chaque fois que dans ce pays la question des engrais frelatés est soulevée, nul ne peut s’empêcher de penser à Dr. Bocary Tréta, Secrétaire Général du RPM. Vient renforcer la marre aux crabes, Me Baber Gano, Secrétaire Politique du RPM, dont le Cabinet d’Avocat a été dénoncé auprès du Pôle Économique et Financier pour fraudes par le Syndicat Autonome de l’Office du Niger. À chacun son sort.
Oui, IBK a raison de notifier qu’il ne versera dans la complicité avec quiconque. Les Dieux le tiennent à l’œil sur cette position. Les mannes des ancêtres aussi.
Ahmad Ould Bilé LE COMBAT