Conformément à son mandat de contribuer à l’instauration d’une paix durable à travers la recherche de la vérité, la réconciliation et la consolidation de l’unité nationale et des valeurs démocratiques, la Commission, vérité, justice et réconciliation (CVJR) vient d’ouvrir un atelier axé sur la restitution de la politique de réparation pour les victimes. La cérémonie officielle marquant l’ouverture des travaux a eu lieu, hier mercredi, dans la salle de conférences de l’École de Maintien de la paix de Bamako.
Placée sous l’égide du Président de ladite structure, Ousmane Oumar Sidibé, la cérémonie a enregistré la présence de la Représentante de GIZ au Mali, Mme Johanna Lober ; des Chefs des antennes régionales venues des Régions et du District ; des Représentants des associations des victimes et des Hommes des médias. «Le travail que la CVJR est en train de mener en plus d’efforts pour élaborer une proposition de politique de réparation est d’une très grande importance pour les victimes des différentes crises au Mali et pour la réussite du mandat de la CVJR, mais aussi pour celle du processus de paix », a-t-elle rappelé avant de rajouter que l’importance de la réparation est capitale pour toute réconciliation qui se veut durable. C’est cette reconnaissance qui constitue l’élément le plus important pour établir la confiance entre les individus et communautés sortant d’une crise profonde.
Aux dires du Président Ousmane Oumarou Sidibé, cet atelier de deux jours permettra de faire une synthèse globale à la suite des observations, des contributions et des recommandations nécessaires faites par les participants. Fruit des consultations régionales et thématiques, l’objectif de cet atelier de restitution s’inscrit dans le cadre de l’appropriation consensuelle partagée avec tous, les victimes, les Représentants des collectivités régionales et des groupes spécifiques. Selon lui, la réparation est devenue un passage obligé dans la réconciliation engagée. «Cette importance se lit d’abord à travers le secteur numérique des victimes des différentes crises. À la date d’aujourd’hui, nous sommes à près de 13.000 dépositions. Donc, 13 000 victimes des différentes crises de 63, 83, 2012 et ça continuent. Certains sont victimes de pillages de leurs moyens de subsistance, d’autres ont vu leurs habitations pillées», a-t-il rappelé avant de renchérir que «d’autres ont aussi vu leurs soutiens de famille mourir. Leurs familles sont aujourd’hui sans soutien ».
Un plaidoyer auprès du Gouvernement pour le démarrage prochain des réparations
Dans la dynamique de restaurer la dignité et l’honneur social des victimes, la Commission Vérité Justice et Réconciliation soumettra une version consolidée de sa proposition de politique de réparation accompagnée d’un avant-projet de loi, des Décrets et le plan de mise en œuvre d’ici au juillet 2019. Selon les explications données par le Président Ousmane O. Sidibé, la structure fera le plaidoyer auprès des autorités concernées pour son adoption par le processus législatif dans le deuxième semestre afin que le Gouvernement puisse, à son tour, prendre les mesures nécessaires au plan budgétaire, administratif et autres pour assurer le démarrage des réparations à partir de 2020. «Le droit à la réparation est garanti par le texte international et même par notre corps de législation national. Et cela incombe au Chef de l’État parce que l’État a le devoir de protéger tous les citoyens. Même la reconnaissance que les victimes ont subie de tels préjudices, c’est important dans la réparation», rappela-t-il avant de rassurer que sa structure mettra tout en œuvre pour faire des plaidoyers auprès des autorités afin que le processus de réparation démarre au début 2020. «Ce n’est pas pour rembourser tout ce que les gens ont perdu, mais pour les aider à se relever», conclura le Président Ousmane O. Sidibé.
Seydou Konaté