vendredi 22 novembre 2024
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Les hépatites : Maladie méconnue et sous-estimée

Avec plus de 15% de taux de prévalence, un taux de transmission 100 fois supérieur à celui du VIH Sida, maladie la plus sexuellement transmissible au monde, les hépatites ont fait de 2 millions de morts en 2013. Elles tuent plus que le Sida, la tuberculose et le paludisme réunies. Le paradoxe, c’est qu’il existe un programme national pour chacune de ses maladies au moment où l’hépatite n’en a pas. Le 28 juillet, qui est la journée internationale consacrée à cette maladie, a été l’occasion pour les associations et organisations d’interpeller les autorités sanitaires et l’ensemble des décideurs politiques de notre pays sur la gravité de cette « discrimination».

 

Le 28 juillet de chaque année est l’occasion de faire un plaidoyer en faveur des personnes malades de l’hépatite.  Cette année, au Mali, c’est la Maison des aînés qui a servi de cadre aux manifestations organisées à cet effet par les associations de lutte contre la maladie.  Il s’est agi pour les acteurs bénévoles d’attirer l’attention des plus hautes autorités nationales et leurs partenaires étrangers sur l’urgence de la mise en place d’un programme national spécial pour la prise en charge et le suivi de cette maladie. Une maladie qui, selon eux, fait plus de victimes mortelles que le Sida, la Tuberculose et le paludisme réunis. « En 2013, le taux de mortalité était de 1,8 millions de décès due au Sida,1,4 million pour la tuberculose, 660 000 pour le paludisme et 2 millions pour les hépatites B et C», pouvait-on lire sur la banderole qui pendait au dessus du présidium. Cette maladie, selon Mme Touré Djénéba Samaké, Présidente de SOS hépatite-Mali, est plus meurtrière que l’ensemble des trois autres précédemment citées et serait 100 plus sexuellement transmissible que le Sida. Elle est considérée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme la 4e priorité mondiale de la santé publique.

Au Mali, cette maladie fait des ravages. Selon le Professeur Moussa Maïga, Chef service Gastro du CHU Gabriel Touré, son taux de prévalence est de 15,5% contre seulement 1,1% pour le VIH Sida. Les formes B et C de l’hépatite sont, selon lui, les plus dangereuses et qui entraînent des cirrhoses de foie et des cancers. De janvier 2016 à cette période, son service a détecté 96 cas de cancer dont 13 par mois. «Sur ces 13 cas, 12 meurent dans les mois qui suivent »,a-t-il laissé entendre.

Mais, il est, selon lui, possible de mettre un terme aux ravages que fait la maladie. Il en veut pour preuve le Taïwan qui, en introduisant la vaccination systématique pour tous les nouveaux nés, a fait chuté en 10 ans (1984-2004) le taux de prévalence de 9,8% à 1%. S’il est vrai qu’en la matière le Mali a fait des efforts en introduisant la vaccination contre les hépatites dans le PEV (45 jours après la naissance de l’enfant), le Pr Moussa Maïga et Mme Touré Djénéba Berthé émettent des doutes sur son efficacité. Car, admettent-ils, il est possible que l’enfant contracte la maladie avant ces 45 jours ; ce qui rendrait la vaccination inefficace. Le Pr Maïga rassure quant à la disponibilité de traitements fiables contre cette maladie. Mais, le hic, c’est qu’ils coûtent très chers pour le citoyen malien. Selon Dr Touré Djénéba Berthé, au moment où, au Burkina voisin, des médicaments pour le traitement de l’hépatite coûtaient 2800 francs CFA ; car subventionnés par l’Etat, le même médicament est cédé au malade malien à plus de 100 000 francs CFA. Et elle dénonce le fait que les médicaments prescrits dans le traitement de la maladie ne sont pour la plus part pas pris en charge par l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Pour parer à ce que Dr Touré Djénéba Berthé qualifie de « discrimination », les plus hautes autorités de notre pays sont appelées à mettre en place un programme national de lutte contre cette maladie qui tue plus que le VIH Sida.

Mohamed DAGNOKO

COULIBALY

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