mardi 26 novembre 2024
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Les 1600 Fonctionnaires à bannir du secteur Public : Quand le Président du CNPM, Mamadou Sinsy Coulibaly, se trompe de coupables

Au micro de Kassim Traoré de Radio Klédu, le mois dernier, Mamadou Sinsy Coulibaly, le Président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM),  exaspéré dira : «Sur les 16.000, nous, nous pensons qu’il y a 1600 Fonctionnaires qui sont des gens à bannir du secteur public, des gens qui doivent disparaitre de la sphère publique». Puis il y ajouta furieusement  : «Ces 1600 personnes, c’est eux qui ont pris en otage la population malienne. Ils ont pris en otage le secteur privé». On n’en disconvient pas, toutefois, la réalité est plus profonde. On nous parle de la sécurité, des vols, des viols, mais jamais des délinquants en «Bazin Blanc» qui sont au sommet de l’État, des Institutions de la République et principaux secteurs et privés les plus juteux. Jamais ! 

Certes, le Président du CNPM, Mamadou Sinsy Coulibaly est à saluer. Car, si l’on pouvait avoir quelques Hommes de convictions comme lui, le Mali avancerait. S’attaquer aux 1600 Fonctionnaires, c’est déjà bien, cependant, la réalité c’est que les vrais Responsables ne sont autres que les quelques privilégiés installés au sommet de l’État. En effet, le Mali est gangréneux par le phénomène de corruption qui fait qu’aujourd’hui le fléau est devenu une calamité. Ici, dans notre pays, la plupart des emplois ne s’obtiennent que par complaisance dans l’Administration publique. On demande ouvertement des postes pour les parents en échange d’un service ou, dans le pire des cas, en les monnayant. Tout le monde demande pour sa famille sans que le Représentant de l’État, garant des Institutions et des lois de la République, n’intervienne. Pourrait-il le faire ? Impossible, lorsqu’on sait que lui-même se trouve dans le système « de ma famille d’abord ».

Comment les entrepreneurs pourront-ils travailler dans la quiétude, embaucher du personnel, quand ils sont traqués comme des proies par ces Fonctionnaires véreux au vu et au su des Chefs ?

Selon nos sources, des demandeurs de marché public seraient tirés sur le volet et sommés de payer une certaine somme pour ne pas avoir leurs contrats bloqués si ce n’est de les annuler.

Prenons le cas de Toguna Agro-industries, la première unité de production d’engrais au Mali, leader sur le marché national et dans l’espace UEMOA, qui emploie 900 personnes. La société a été contrainte de déposer son bilan. Son seul péché, selon nos sources, c’est  que Toguna n’a pas assez contribué au financement (150.000.000 CFA) pour la campagne d’IBK à l’élection présidentielle de 2018. Présentement, il le paye très cher. Dès l’investiture du Mandé Massa, tous les marchés, détenus jadis de la Société Toguna, auraient été orientés vers un petit opérateur économique non qualifié dans le domaine et qui n’a de surcroit aucun matériel de transport pour bien exécuter le contrat. Mais, par contre, ce dernier a débloqué plus d’argent que le PDG Seydou Natoumé de Toguna. Un marché de 12.000 tonnes d’engrais lui serait attribué, presque le contenu d’un bateau. Sur chaque tonne, la somme de 30.000 CFA serait reversée à ces délinquants financiers sans scrupule. Soit une corruption à l’échelle d’une bagatelle de 360.000.000 de francs CFA, quitte à ce que nos paysans meurent à petit feu…

Tous les domaines sont minés

La Douane, la Gendarmerie, la Police et la Justice sont toutes des outils de corruption institutionnalisée, banalisée et à grande visibilité. Toute affaire allant jusqu’au meurtre peut être étouffée et les enquêtes rapidement classées. Il suffit d’avoir assez de «pognon» pour y faire face.

Du rançonnement sur les routes par les Hommes de tenue aux sacs remplis de billets de Banque que les Hommes d’Affaires, les commerçants, les Patrons sont obligés ou acceptent de débourser au profit des Dirigeants pour pouvoir travailler ou s’adjuger des marchés, monopoles et contrats juteux, l’un des principaux facteurs qui freinent les investisseurs extérieurs à venir se planter chez nous.

En outre, en termes de ressources financières, la Douane arrive première, devant les marchés publics et les services des impôts. C’est un secret de polichinelle, ce service sert de canal d’accumulation pour des personnes plutôt privilégiées au sein ou auprès de l’État.

Nos Gouvernants se sont désengagés complètement du pays en laissant régner le phénomène de corruption surtout quand il sert les intérêts de ceux-ci.

La presse ne cesse de dénoncer cette corruption à ciel ouvert, les Rapports du VGAL prennent de la poussière dans des tiroirs, les scandales se suivent sans qu’aucune autorité n’intervienne. Pire, cela sent la complaisance, voire la complicité à tous les hauts lieux de l’État et du privé.

Il est rare de voir au Mali un Fonctionnaire ou un élu démissionner après un scandale au moment où, dans le monde entier, sur de simples soupçons, beaucoup de personnalités préfèrent rendre le tablier.

Lorsqu’une victime croit qu’un Fonctionnaire abuse de son statut pour différentes raisons dont le but principal est de lui soutirer de l’argent, il n’y a aucune issue pour elle, si ce n’est de se soumettre à cette corruption au risque d’être planté. Il n’y a pas d’interlocuteur à qui s’adresser pour trancher son problème et défendre ses intérêts, voire sanctionner l’Agent de l’État. La Justice, n’en parlons pas!

Aussi, le Peuple impuissamment vit dans une vaste fumisterie et n’a autre droit malheureusement que d’écouter sans y croire, les fanfarons qui viennent nous parler de leurs priorités à «la lutte contre la corruption….».

La seule solution, c’est, peut-êtreque les jeunes s’engagent à encourager M. Coulibaly de continuer sur cette lancée qui est de demander à tous les partenaires de prendre des mesures contre ces Fonctionnaires véreux. Plus encore, creuser plus loin; car, ces gens sont là parce que d’autres, plus puissants, les ont installés. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

Pour éradiquer le fléau, il faut commencer à responsabiliser IBK et son Gouvernement. La lutte ne peut se faire sans une transparence absolue en commençant par les têtes ; comme on le dit populairement, par tous «les Gros bonnets» au lieu des «petits».

Donc, s’il faut vraiment éradiquer cette  corruption au Mali, on doit tout d’abord dénoncer les « Intouchables  de la République ». Aussi, si l’on parvient à régler cette déprédation en puissance, nos  problèmes trouveront tous, ou en bonne partie, leurs solutions.

Neimatou Naillé Coulibaly : LE COMBAT

Rédaction

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