Pendant que Bamako se félicite concernant le programme « DDR accélérée » ayant permis la réintégration de 420 déserteurs au sein de l’armée nationale, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) qui administre Kidal depuis des années, n’attend toujours pas rompre avec sa politique indépendantiste. Les Kidalois sont désormais obligés de se conformer au nouvel arsenal règlementateur tripartite contraire aux dispositions constitutionnelles nationales en vigueur depuis 1992.
«Cette histoire d’Accord d’Alger n’est qu’un simple mirage bourré d’hypocrisies. Si les mouvements armés en profitent pour consolider leurs démarches indépendantistes, Bamako aussi s’y rattache pour ses atouts financiers et opportuns. C’est le Peuple malien qui en sortira perdant s’il laisse sa destinée entre les mains de ces marionnettes à la tête du pays».Faut-il, enfin, donner raison à ce point de vue d’un grand analyste de la situation géopolitique du pays ? En tout cas, de la commémoration de la journée du 6 avril en honneur, de la création pour ne pas dire de « l’indépendance de l’Azawad » à la persistance des symboles dont le drapeau et autres, l’on est en droit de dire que la CMA avance lentement mais surement vers ses objectifs.
En effet, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) vient de se faire derechef entendre par un arsenal de dispositions règlementaires encadrant presque tous les domaines de la vie des populations de la Région de Kidal, une zone où la présence de l’armée malienne se fait toujours attendre depuis plusieurs années. De la circulation routière au trafic des stupéfiants et des produits alcoolisés, les manifestations ou cérémonies traditionnelles, dans le domaine et du cadastre, de l’hygiène et du phytosanitaire à la santé pour se clore par des mesures encadrant le séjour des étrangers ; bref, tout le quotidien des Kidalois se trouve dans ce document de deux pages signé par le Président de la CMA, Alghabass Ag Intalla.
La Décision n°010/2019/CD-CMA prise le 30 janvier et rendue publique la semaine dernière et son application fait encore soulever de vieux doutes et des vieilles interrogations toujours non éclairées par les Responsables de cette organisation par rapport à leur réelle volonté de sortie de crise. D’étape en étape, depuis la signature du fameux Accord d’Alger, qui marche à pas de tortue, les démarches adoptées et les circonstances, si on les analyse objectivement, ne présagent que le flou. Le texte en vigueur depuis la semaine dernière fait une classification tripartite des catégories d’infractions et dont les pauvres kidalois sont tenus à respecter. Il s’agit des contraventions, des délits et des crimes. Les contraventions sont réprimées, selon cette décision, par les services de répression et rendent compte au cadi à travers un procès-verbal. Les délits et crimes ne sont traités que par la Justice “Alqada”. Et ce qui reste plus stupéfiant est au niveau du séjour pour les étrangers. Là, la CMA exige désormais que chaque étranger ait une pièce d’identité de son pays d’origine, d’avoir un tuteur local et, ensuite, être muni d’un permis de séjour en cours de validité. Les Maliens aussi sont-ils tenus à se conformer à ces nouvelles mesures ? En tout cas, l’absence totale de l’étiquette «République du Mali» dans les lignes de cette décision comme le souhaite tout texte officiel en dit long. Ces nouvelles mesures indépendantistes de la CMA violent non seulement la Constitution du février 1992 en vigueur, mais aussi l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale recommandé par Processus d’Alger dont elle se dit partisane. Toute chose au sujet de laquelle la MINUSMA, la BARKHANE et le Gouvernement du Mali même si non cité dans l’ampliation, savent que les textes ne sont pas muets là-dessus.
La laïcité affaiblie
En plus de la vente et la consommation de l’alcool, l’incitation, l’exposition ou la publicité des boissons alcoolisées ; les évènements culturels nocturnes qui faisaient presque partie du quotidien de cette partie de cette Région figurent aussi sur la liste des activités interdites. Les cérémonies traditionnelles doivent aussi faire l’objet d’une demande écrite précisant la nature et le calendrier de l’évènement, à adresser au Bureau régional de la Coordination.
Le temps nous en dira plus …
Seydou Konaté : LE COMBAT