samedi 23 novembre 2024
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Procès Sanogo : Le régime se hâte lentement

Il a fomenté un coup d’État, a fait disparaître des Bérets rouges, a été arrêté depuis bientôt quatre ans, celui qui avait promis une  « tolérance zéro » du temps de son règne et a précipité la chute des Régions du Nord du Mali aux mains des terroristes  n’a toujours pas été jugé avec ses compagnons. À croire que le Régime se méfie d’un procès qui, selon des observateurs, pourrait faire tomber plus d’un, dont ceux que l’on soupçonne les moins. 

Haya fait peur. Même derrière les grilles, l’ancien Homme fort de Kati, le Capitaine bombardé Général pour reprendre les termes de notre confrère de Radio France Internationale, Serge Daniel, semble être une patate chaude que le Régime veut refiler.  Tout porte à le croire au vu de l’évolution de la situation.

On se souvient qu’Amadou Haya a été arrêté en décembre 2013. Depuis, il se morfond dans les geôles de Sélingué et de Manantali où il s’est fait quelques fois ramener sur terre par des coups de poing de ses Surveillants.  Il était même parvenu à faire diffuser un enregistrement audio dans lequel il se montrait très menaçant. Il se muerait en balance si, toutefois, l’on tentait de le juger. Le message était clair et les destinataires connus.  Si en l’arrêtant l’on a voulu montrer une certaine poigne et une fermeté dans la gestion du pays en claironnant que «Kati ne fera plus peur à Bamako» la fébrilité qui a suivi l’évolution du dossier laisse pantois sur les motivations réelles de cette arrestation aux allures de coup de publicité. Les actions répétées des familles des Bérets rouges réunies au sein d’un collectif soutenu en cela par des ONG internationales comme Amnesty avaient quelque peu fait bouger les lignes.  Le dossier bouclé en novembre 2015 par le Juge Yaya Karembé a été envoyé en assises.  Mais, deux mois avant le jugement de Haya et de ses compagnons, le Juge Yaya Karembé qui a mené toutes les enquêtes et auditions est affecté loin du Mali lors du Conseil des Ministres du 7 août 2016. Il a été nommé au Consulat du Mali à Khartoum, au Soudan. Ainsi, la personne qui avait découvert le charnier de « Diago » n’allait, donc, plus assister au procès. Un procès qui a été délocalisé à Sikasso, le 28 novembre 2016. En une semaine, le procès est parti de suspension  en suspension pour enfin être renvoyé le 8 décembre.  L’excellent Président de la Cour d’Assises, le Juge Mahamadou Berthé, malgré toute sa bonne volonté de conduire le procès à son terme ne pouvait que renvoyer un dossier qui semblait être mal monté à dessein tant des erreurs de débutant y étaient à foison. Le prétexte du Rapport d’expertise confié à l’Ambassade des États Unis qui ne peut servir d’Expert en raison de son Statut diplomatique avancé par les Avocats de la Défense a motivé la décision du renvoi. Cette expertise confiée au Cabinet Mérieux à Bamako pour une durée de 3 mois n’a toujours pas été satisfaite bien qu’il ait été saisi depuis le mois de janvier 2017.  Selon le  laboratoire « Considérant que dans un message du 3 janvier 2017, le Laboratoire euro fins/ Biomnis, notre laboratoire expert nous avait informés que le résultat sera disponible au bout de trois mois après réception de tous les prélèvements ;

Considérant que les prélèvements ADN sur les présumés parents des victimes ont été reçus au laboratoire partenaire en France le 28 avril 2017 et les prélèvements autoptiques le 3 juillet 2017. Nous pensons pouvoir rendre disponibles les résultats de l’expertise ADN au plus tard le 30 octobre 2017 ».

Et depuis, l’on attend que soient jugés Amadou Haya et ses Hommes. Mais tout porte à croire que le Régime, avec tous les problèmes qui lui tombent dessus actuellement, n’est pas prêt à en rajouter.

Mohamed Sangoulé Dagnoko : LE COMBAT

Rédaction

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