samedi 23 novembre 2024
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Conférences régionales face aux manifs anti découpage administratif : Le Gouvernement abdique-t-il ?

Alors que son texte fait l’objet d’une série de contestations de la part des populations dans les Régions du Centre et du Nord du pays, le Gouvernement malien a annoncé la tenue des conférences régionales sous prétexte de prendre en compte les avis du Peuple sur ledit projet de découpage administratif. Est-ce une stratégie dissuasive ou un recul tactique de l’Exécutif ?

Il serait trop tôt de crier un renoncement du Gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga à son projet dit de réorganisation territoriale. Surtout lorsqu’on sait que c’est un vœu très cher du mentor français soutenu par la communauté internationale au motif qu’il est exigé par l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale d’Alger signé par le Régime d’IBK. Cependant, face à une révolte qui se généralise peu à peu sur l’ensemble du territoire national par un Peuple très déterminé d’en découdre, le Pouvoir exécutif se voit dans l’obligation de jouer à l’apaisement. Si l’on peut se permettre de caricaturer ainsi cette posture du Gouvernement d’IBK. Il s’agit de sa décision d’organiser des conférences régionales du 6 au 10 novembre 2018 sur toute l’étendue du territoire national autour de son projet de découpage administratif. Il a fallu que le Peuple proteste pour qu’il y ait machine arrière.

En effet, depuis deux semaines, les populations de l’intérieur du pays se livrent à des marches de protestation contre le projet du Gouvernement de procéder à un nouveau découpage du territoire national. C’est dans les Régions du Centre et du Nord du Mali pour désavouer le texte du Gouvernement concernant.

À Koro,  dans la Région de Mopti, ils étaient des centaines de jeunes qui sont descendus dans les rues cette semaine. Sur leurs pancartes, on pouvait lire, entre autres slogans hostiles à ce projet: «Non au morcellement du Cercle de Koro  au profit de Bandiagara et Douentza ».

Les manifestants exigent du Gouvernement l’annulation de la décision portant création des nouvelles Régions.
À Gao,  les membres de la société civile  ont également marché, le lundi dernier, pour rejeter ce nouveau projet.   Dans sa déclaration rendue publique, elle demande au Gouvernement d’élargir Gao en cinq Régions   et faire de la cité des Askia un District. 

Dans la même Région de Gao,  à Ansongo, le Collectif d’associations de la société civile a marché le même jour  pour demander l’élargissement du Cercle en deux Régions Koukia et Ansongo.  

Le Collectif menace de boycotter les prochaines législatives si cette demande n’est pas prise en compte.

Le  Gouvernement joue à l’apaisement !

Au chapitre des communications de son Conseil des Ministres du mercredi 24 octobre 2018, le Gouvernement du Mali a annoncé la tenue d’une série de conférences régionales sur les avant-projets de textes relatifs à la réorganisation du territoire national. Selon le Conseil, la Loi n°2012-017 du 2 mars 2012, portant création de circonscriptions administratives et la Loi n°2012-018 du 2 mars 2012, portant création des cercles et Arrondissements, les Régions de Tombouctou, Taoudénit, Gao, Ménaka et Kidal ont été adoptées dans le cadre de la réorganisation territoriale. Les exigences liées au développement local en mode décentralisé et la crise multidimensionnelle de 2012 ont montré les limites de l’organisation actuelle du territoire national notamment : l’étendue de certaines Régions ; la non-effectivité de la création et de l’organisation des services publics suivant les trois niveaux de déconcentration; les difficultés pour les Représentants de l’État d’assurer leur mission de contrôle dans leur ressort territorial ; l’augmentation et la complexité des questions politiques, économiques et sociales ; les difficultés de conception de schémas opérationnels d’aménagement du territoire.

Dans ce contexte, toujours aux dires du Gouvernement, il est proposé de soumettre les avant-projets de textes relatifs à la réorganisation du territoire national à l’examen des conférences régionales. Ces conférences se dérouleront du 6 au 10 novembre 2018, au niveau des chefs-lieux de Régions.

À l’en croire, c’est pour permettre de prendre en compte les avis et les suggestions des populations locales; de proposer à une instance nationale de validation de la réorganisation territoriale, un projet fondé sur les réalités socioculturelles et économiques de chaque Région et permettant de faire face aux défis sécuritaires et de promouvoir d’un développement local équilibré.

D’après le Régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, ces conférences régionales regrouperont les représentants de l’État, des associations et organisations de la société civile, des partis politiques, des collectivités territoriales, des chefferies traditionnelles, des chefs religieux et des mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger dans la Région.

En revanche, des citoyens avertis ont mis en cause la procédure en question.

Ainsi, pour certains partis politiques, ces concertations risquent de rendre encore le climat social désagréable. Selon eux, il devrait avoir des consultations au préalable. Pour ce faire, le Président du parti Yelema, Moussa Mara, a invité l’État à adopter plus d’initiatives pour communiquer avec la classe politique avant toute prise de décision. Ce qui revient à dire que l’État malien a un terrain de manœuvres rétréci. Comme pour signifier que le Régime d’IBK demeure entre le marteau et l’enclume dans le cadre de l’application de l’Accord pour la Paix d’Alger. Le pire est-il évitable?

Oumar Diakité : LE COMBAT

Rédaction

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