La route reliant Bamako à Kayes ne cesse de multiplier les accidents. Cela, à cause de son piteux état. Et la situation devient de plus en plus préoccupante avec les pluies diluviennes de ces derniers temps qui la rendent ravinée. Aussi, à la seule idée de prendre la route fait frémir. Les Kayésiens sont à bout de souffle et ne savent plus à quel saint se vouer, car ce tronçon est devenu si mauvais que cela fait des gorges chaudes, à la base, mésaventure. Mais quelles solutions ? En attendant, ils sont obligés de prendre cette route pour atteindre leurs destinations, même si le voyage reste pénible et désagréable.
Kayes, la première Région administrative du Mali avec un fort accroissement démographique est une grande ville située à 495 km au nord-ouest de Bamako, sur les deux rives du fleuve Sénégal. On se souvient de son chemin de fer. C’était le moment où le train faisait l’aller-retour Bamako-Kayes, une époque révolue. Actuellement, il est aux arrêts. Un train qui faisait non seulement la fierté nationale, mais aussi une source de revenus pour toute la Région. Le départ annoncé, le train « Autorail» en destination de Kayesétaient toujours bondés de passagers, de commerçants de tout genre. Des vendeurs de poulets aux marchands de pagnes, en plus des Kayésiens qui rentraient voir leurs proches. Ce train s’arrêtait aux gares de Dio, Mahina, Bafoulabé, Kita, entre autres. À chaque station, les Habitants de la ville, en majorité de jeunes filles, venaient tout au tour des wagons pour vendre de l’eau et de la nourriture, en général, des spécialités du terroir.
Au retour, le train était autant rempli qu’à son arrivée. Et, dès son entrée dans la gare de Bamako, les proches des passagers, les vendeurs de nourritures et autres s’accourent vers le quai pour souhaiter la bienvenue et vendre leurs mets aux arrivants. Eux descendent du train avec les produits locaux de Kayes. Du « Gongodilis, de la citronnelle, du Guéné », entre autres, qu’ils mettent sur le marché. En tout cas, le train de Kayes- Bamako faisait bien des heureux.
Aujourd’hui, cette grande Région de renommée a presque perdu sa grandeur. Le seul accès offert aux gens qui veulent se rend à Kayes, c’est la route, une route quasiment inexistante, un supplice pour les personnes qui l’empruntent. Pire, en saison des pluies, elle devient endommagée.
La route a atteint un tel état de délabrement que les usagers déplorent le nombre accroît des morts qu’elle cause par des accidents. En fait, en transport commun, selon les usagers, de Kati-ville au premier péage, le Car peut faire plus de 2 heures tellement ce tronçon est impraticable. La durée du voyage Bamako-Kayes peut aller jusqu’à 18 heures, voire au-delà des 20 heures de route.
D’ailleurs, samedi dernier, le 20 octobre, 3 à 5 kilomètres de Sandéré, une citerne de 35.000 litres a été renversée et l’essence qu’elle contenait s’est déversée. Selon nos sources, les jeunes des villages avoisinants se sont précipités avec des bidons en mains pour récupérer le liquide qui coulait au bord de la route. Également, les occupants des autres véhicules, arrivés au niveau de la Citerne, se sont arrêtés pour se servir de ce produit, à l’aide de récipients, bidons, bouteilles…, tout ce qui se trouvait à leur portée. Un grand danger pour autant, lorsque l’on sait qu’il suffirait d’une petite étincelle de feu pour déclencher une grosse explosion. Aussi, ce même jour, dans la matinée, un Car transportant des voyageurs s’est renversé au bas de cette même route faisant 4 morts et de nombreux blessés.
Une Dame jointe au téléphone que nous appellerons ici Fatou défait son calvaire : « J’ai voyagé à bord d’une voiture personnelle ; c’est-à-dire, un véhicule qu’est censé nous amener sans accros et plus vite à destination. Nous avons quitté Kayes à 4 heures du matin pour n’arriver à Bamako qu’à 17 Heures ; soit, 13 heures d’horloge pour une route de moins de 500 kilomètres. Un trajet qu’on peut faire en moins de 4 heures si l’état de la route était bon ». « C’est aberrant ! » s’indigna-t-elle. Puis, elle poursuit: « Avant d’arriver à Lambatara, à 90 kilomètres de Kayes, notre voiture est tombée en panne, elle est foutue. On était obligé d’attendre qu’une autre nous soit envoyée pour nous dépanner. Arrivé à Djema, encore la misère, le pneu de celle-ci aussi, est crevé », nous a-t-elle relaté. « Tout au long de la route, on apercevait des véhicules garés aux abords en raison des pannes dues à la dégradation de la route. Ainsi, les villageois pour se faire un peu d’argent ramassent les grosses pierres qu’ils peuvent trouver dans ce coin pour en faire un tas. Donc, à chaque fois qu’un véhicule a du mal à avancer à cause de la profondeur des trous ou de la boue, ces jeunes arrivent à la rescousse pour renforcer ces endroits afin de faciliter le passage. En récompense, les chauffeurs leur filent des jetons de 250 CFA jusqu’à 500 CFA pour les plus chanceux ».
À quand les travaux rudimentaires de réparation pour au moins rendre cette route praticable, vu son importance économique et surtout c’est elle qui nous mène au port de Dakar ?
Un usager dira : «Tous les morts par accident de cette route doivent être imputés à nos autorités étatiques. C’est à elles et personne d’autre, de répondre devant les Hommes et Dieu. Il est temps qu’ils interviennent en vue de soulager le calvaire des Kayésiens».
En tout état de cause, l’État doit réagir, et vite, pour limiter les dégâts matériels et humains. Ayez pitié des Maliens.
Bathily Sadio : LE COMBAT