vendredi 22 novembre 2024
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Après ce beau défilé : Ce qui se dit par les jeunes dans les « grins »…

Au-delà de la réussite des festivités de la commémoration du 22 septembre, date anniversaire de l’Indépendance nationale du Mali, un événement marqué par un imposant défilé, déroulé le samedi dernier, sur l’Avenue du Mali, les Maliens, meurtris par le climat d’insécurité totale qui règne à l’intérieur du pays, attendent le retour immédiat des localités hors contrôle dans le giron de l’État central. C’est du moins le thème principal des débats et des causeries passées dans les « grins » et autres lieux de rassemblement des jeunes.

Perçue souvent comme un lieu de rassemblement des jeunes  de toutes générations, la constitution hétéroclite des « grins » fait apparaître beaucoup de disparités dans les idées où jaillissent aussi le consensus. Les débats autour du thé sont de puissants moyens d’information et d’échange. Au Mali, dans les « grins », on discute à la fois de sujets qui sont à l’ordre du jour dans la ville et des sujets d’ordre général (politique, économique, sociale…). Ce sont ces occasions que certains saisissent également pour s’informer et discuter, en apportant souvent la contradiction afin d’animer les  débats entre intellects. C’est pourquoi, d’ailleurs, les « grins » se caractérisent par la convergence d’idées, faisant naître parfois des débats houleux. Ces échanges oratoires sont très souvent instructifs, surtout lorsque c’est un regroupement d’étudiants, de cadres ou de professionnels.

En effet, notons qu’au cours d’un déplacement, dans la nuit du dimanche au lundi dernier, nous sommes tombés sur un « grin » de jeunes, en Commune I du District de Bamako. Et, cette nuit, c’était bien ce beau défilé du 22 septembre 2018, marquant les festivités commémoratives du 58eAnniversaire de notre Indépendance nationale, déroulées à un moment crucial de l’existence du pays qui était au centre des discussions.

En journaliste soucieux de retransmettre l’opinion des uns aux autres, nous avons retenu quelques propos dudit groupement sur cet évènement qui est aujourd’hui sur toutes les lèvres.

Ainsi, le samedi dernier, les routes goudronnées du quartier chic de Bamako, à savoir Hamdallaye ACI 2000, aussi bien que sur la terre que dans les airs, IBK a montré ce qu’il appelle «La montée en puissance des forces armées maliennes». Devant ses homologues venus de plusieurs pays d’Afrique notamment du Niger, du Burkina , de la Côte-d’Ivoire, de la Guinée Conakry, du Congo Brazzaville, de la Mauritanie et des délégations ministérielles dont celle de Jean Yves le Drian de la France ; du Premier Ministre du Sénégal et autres ; le Mali a soufflé la 58 bougie de son accession à l’Indépendance depuis le 22 septembre 1960. La fête était toute belle et l’Avenue du Mali, dit-on, n’avait jamais connu une mobilisation d’une telle envergure depuis 2011. Les Hommes en uniformes, issus de tous les corps dont la Gendarmerie, la Garde, le Génie militaire, l’Armée de l’air, l’Armée de terre aussi bien que les services paramilitaires comme  la Police et la Douane ; tous ont défilé devant les yeux rivés de Mandé Mansa, en boubou blanc, majestueusement assis sur un fauteuil à l’image du Roi Kaya Magan de l’ancienne époque.

Les nouveaux équipements militaires dont les aéronefs supers Tucano ont tous décoré les parterres et les nuages de l’Avenue du Mali. Les foules qui assistaient sur le terrain et celles qui se sont contentées du petit écran de l’ORTM étaient presque toutes animées par un sentiment de fierté de voir un Mali qui serait en train « de renaitre » comme l’a souligné Jean Yves le Drian, le Ministre des Affaires Etrangères de la France.

Mais, l’arbre ne saurait cacher la forêt. Ce qui reste maintenant pour les Maliens, particulièrement les jeunes de ce « grin », à moins si s’il ne s’agissait que d’un leurre du clan présidentiel, c’est le retour de ces forces armées  dans les zones hors contrôle qui s’élèvent à ¾ du territoire national.

A-t-il réellement réussi le pari ?

Selon Gaoussou Dembélé, étudiant, ce défilé fait avec un Budget exorbitant, qui pourrait servir à d’autres choses, ne serait qu’un leurre d’IBK. Ce ne serait qu’un moyen de  jeter la poudre aux yeux des Maliens, longtemps indignés contre la situation sécuritaire déplorable du pays. « En regardant le défilé de ce 22 septembre à la TV nationale, je ne cessais de me questionner sur ce qui entraverait aujourd’hui le retour de cette armée dans les zones sous contrôle des Groupes rebelles et terroristes. C’est vraiment bizarre», a-t-il entonné en s’adressant à ses  camarades au tour du thé.  C’était au moment du «premier» avec  ses douces odeurs parfumées qui se dégageaient de la théière. « Les choses se font petit à petit. Nous n’avions pas une armée avant, et puisqu’avec IBK on en a aujourd’hui, que cette armée malienne aille maintenant au front pour libérer la chère patrie.  Que les structures administratives puissent maintenant se retourner dans ces zones avec le processus de l’accord de paix qui est en marche », a réagi Boubacar Pona avec un air de désinvolte.

Et le plus stupéfiant que nous avons constaté dans ces  discussions instructives était que les jeunes, vu la gouvernance de formalisme instaurée depuis des années et qui a augmenté le taux de chômage, ne font plus confiance aux grandes institutions du pays. À commencer par le Président de la République même : « Mon ami, crois-tu que nos Gouvernants ont la réelle volonté d’éradiquer le phénomène d’insécurité qui s’est généralisé de Kidal jusqu’au Centre du pays sous leurs barbes ? Détrompe-toi, mon frère. Il y a lieu même de se demander si tous les équipements qui ont défilé sont les nôtres », a répliqué Alhassane Diawara, en chemise noire,  aux propos de son ami avant de rappeler le cas de l’abandon de la position de Tessit par faute d’armement, le 26 février dernier.

La situation sécuritaire désastreuse et la défaillance de l’État face aux grandes attentes des populations continuent d’animer un véritable sentiment de pessimisme dans les cœurs des Maliens. Comme le dit l’autre, tout esprit pessimiste se guérit par une tempête.  Et selon le terme des jeunes au « grin » « Tout commence ici pour atteinte la ville puis, ensuite, le pays tout entier ».

Une expression à méditer …

Seydou Konaté : LE COMBAT

Rédaction

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