vendredi 22 novembre 2024
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Après 58 ans d’Indépendance : La sécurité des Maliens prise en otage par les mouvements armés, la France et les «Pop mans»

Du Soudan français à la République du Mali en 1960 en passant par l’éphémère Fédération sénégalo-malienne, le Mali soufflera la bougie de son 58eanniversaire de son accession à l’Indépendance nationale, demain samedi 22 septembre, alors qu’une grande partie de son territoire est sous le contrôle des mouvements armés épaulés officieusement par la France, l’Algérie et la Mauritanie. Un Mali dont le père de l’Indépendance, Modibo Kéïta, avait éconduit  en 1961, en créant une Armée nationale. En un mot : L’ironie de l’histoire !

Il y a des jours où le désespoir et la tristesse vous dévorent et vous exigent à faire une exégèse sur l’historique des faits ; les réalités et les germes qui l’animent. Et telle est l’option  politique dont le Mali a besoin aujourd’hui pour, bien entendu, surmonter les défis majeurs auxquels il est confronté dans sa marche vers le concert des nations. Oui, ces innombrables défis, nés de la forfaiture éhontée des Gouvernants depuis plusieurs décennies, dont le vaillant Peuple est contraint à un mutisme sans précédent. Mais de fond, il aura été mieux de savoir qui des deux camps, à avoir les Gouvernants qui se sont succédé à la tête de ce pays et le Peuple au nom de qui et pour qui, agissent, est coupable ? En tout cas, ce qui reste clair c’est que «L’esclave qui n’assume pas sa révolte ne mérite que l’on s’apitoie  sur son sort », nous enseigne le Panafricaniste burkinabé, Capitaine Thomas Sankara.

Ex-colonie  française de 1895 à 1960, l’accession du Mali  à l’Indépendance nationale, le 22 septembre 1960, qui avait, premièrement, été annoncée comme une aventure vers l’émergence socio-économique, au détriment du joug colonial, a laissé un bilan mitigé, soldé par l’incivisme et la mauvaise gouvernance.

En effet, après cinquante-huit ans de Souveraineté nationale et internationale, les grandes attentes des Maliens au plan politique, sécuritaire et socio-économique n’ont toujours pas été répondues. Pire, la gestion par tâtonnement sur fond de formalisme frisant un faux sens élevé du patriotisme a fait que tous les espoirs nés des lendemains de notre Indépendance nationale ont été déçus sous les Régimes successifs.  En fait, le Peuple n’a toujours pas bénéficié des retombées de la rupture soudano-française. Peut-être, ce sont seulement la   «carte d’identité» et les tricolores nationales qui sont aux Maliens seuls. Mais çà aussi, la formule qui ne sied guère de rappeler est qu’il s’agit là d’un système de gouvernance ploutocrate caractérisé par une doctrine de  «Tu es né Malien et voilà ta carte d’identité. Chacun pour soi, le calvaire pour tous».

Côté sécurité? Parlons-en !

Des mouvements armés, en  ligne sidérée, occupent en maître absolu une grande partie du territoire national qu’ils contrôlent depuis le repli de l’armée nationale après quelques grandes représailles en 2012. À bord des 4×4, surmontés des armes de guerre, haranguant les foules, les mouvements rebelles, terroristes et narcotrafiquants  terrorisent les populations abandonnées à leur propre triste sort par l’État irresponsable dont l’ambition est  d’avoir le pouvoir.

Ainsi, si la crise  libyenne est systématiquement indexée du bout de doigt comme le germe instigateur de la crise sécuritaire au Mali, la réalité est plus complexe et le fond des choses est surprenant dans un pays  qui se dit indépendant et souverain. En réalité, depuis plusieurs décennies, le Mali dit libre était devenu le ventre mou des pays sahéliens où fleurissaient tous les trafics. Des contrées les plus reculées du Soudan, du Tchad puis du Niger en passant par les Sierra-Léone et Liberia, notamment, où la fin des guerres civiles a cautionné la prolifération des armes de guerre, des trafiquants se servaient du Mali surtout les Régions du Nord comme terrain de passage, mais aussi comme le carrefour des grandes affaires destructrices. Et cette réalité est, depuis l’éclatement du phénomène Ibrahim Ag Bahangha qui dictait ses lois dans les zones Tinzawatène dans les années 2000, 2005 suivis par celui d’Iyad Ag Ghali, connue de tous. C’est ainsi que la débandade de l’armée malienne et la tombée des garnisons maliennes aux mains des groupes rebelles touaregs et terroristes ont, elles aussi, enfanté un réseau  d’approvisionnement illicite en armes légères. Un Rapport de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères de 2010, quelques mois avant la déstabilisation de la Libye, avait indiqué que « des armes et des munitions de toutes catégories circulent illicitement dans toutes les Régions du Mali. Certaines proviennent du trafic illicite, d’autres des stocks nationaux à cause de leur mauvaise conservation et de mauvaise gestion». Et cela est l’une des grandes occasions que les mouvements armés ont saisies pour s’emparer des armes et des minutions de stocks importants, aussi bien d’armes légères, de blindés et d’artilleries avant de s’aventurer dans leur lutte « Séparatiste ».

Ainsi, suite à des drames en 2012, Pr  Dioncounda Traoré, le Président par intérim, après le coup d’État militaire contre ATT par des jeunes militaires de la cité garnison de Kati, appela la France à la rescousse du pays qui a failli tomber entièrement aux mains des mouvements séparatistes alliés aux djihadistes. L’arrivée de la force française couronnée  par une série de frappes aériennes et de libérations des plusieurs villes notamment KONA fut acclamée  des deux mains par les fils de cette ancienne colonie qui l’avaient pourtant  (en 1961) chassée. Une haute trahison en la mémoire du père de l’Indépendance nationale ? En tout cas, la photo de François Hollande et le drapeau de la douce France sur les véhicules et les devantures des boutiques à Bamako et ailleurs lors de l’évènement ne nous le démentiront pas. C’est dans cette atmosphère peu reluisante pour la mémoire du père de l’Indépendance que des dizaines de milliers des soldats des forces étrangères, notamment la Serval, la Barkhane suivie par la MINUSMA ont pullulé à l’image des araignées pour « … assurer la Sécurité physique et matérielle du pauvre Malien » face aux actes d’intimidation commis par une poignée de bandits armés.

Et  qu’ont-elles fait depuis ? La réalité est parlante. La France qui s’est ainsi installée sous le nom « Sauveur » a été vue, apporter des machines d’exploitation minière, des camions transportant des capotes, etc.

IBK, un sauveur  raté ?

« Je veillerai désormais à sauvegarder notre peuple, en ses personnes et ses biens. La vie du Malien vaudra désormais son prix inestimable ». C’est avec cet engagement ferme qu’Ibrahim Boubacar Kéïta a pris devant les Maliens, main levée, au Centre International de conférence de Bamako le 4 septembre 2013. Une promesse qui avait ce jour-là redonné le sourire aux Maliens qui voyaient en lui « le dernier prométhéen du pays ». Car, IBK connu pour ses exploits à la primature en 1994, sous Alpha Oumar Konaré et à l’Hémicycle sous Amadou Toumani Touré, son élection de record promettait l’image d’un lendemain paradisiaque. D’où quelques-uns des rêves au moins sur l’état sécuritaire du pays  pourraient se réaliser. Mais, malheureusement, la montagne a accouché d’une souris. Que de désespoirs !

De morts d’Hommes en morts d’Hommes, d’attaque en attaque, d’embuscade en embuscade, la crise cautionna la vie de plus de 2000 personnes (militaires et civiles) malgré la signature du laconique Accord d’Alger et la présence des forces étrangères dont 12 000 Casques bleus et près de 6000 Hommes de la force française Barkhane. Face à l’immobilisme et l’incompétence avérés du régime d’IBK ayant laissé la Région de Kidal entre les mains des mouvements armés, devenus maîtres de la zone à l’absence totale des forces armées et de  sécurité nationale. Et ce qui est ahurissant dans cette histoire est que le Président IBK qui a été majoritairement appelé à la rescousse s’est montré impuissant face à la crise sévissant dans les Régions du Nord et du Centre du pays. « Aucune fanfaronnade politicienne ne me fera débarquer à Kidal », a-t-il déclaré ouvertement aux Maliens avant de s’y rendre en tant que candidat lors de la dernière campagne présidentielle 2018. Et pire la situation sécuritaire sur fond de conflits interethniques s’est dégradée jusqu’à  transformer certaines Régions du Centre dont Mopti en bourgoutière de la mort sans compter les milliers d’élèves qui n’arrivent plus à étudier en raison de la fermeture de plusieurs centaines d’écoles depuis 2013, selon le dernier Rapport de l’Amnesty International.

Qu’aurait pensé Modibo Kéïta s’il se réveillait ?

Une question peu valeureuse, mais qui mérite pourtant une attention particulière pour tous les avertis, vu la situation sécuritaire chaotique du pays après 58 ans d’Indépendance. Aussi, bien que dans certaines Régions du Nord  et du Sud où les bandits autrement les « Popomans » font leurs opérations en pleine journée sous la barbe des autorités locales qui peinent à assurer leur vie quotidienne ne pourraient pas être acclamées par le père de l’Indépendance ; qui qualifiait l’évacuation des bases militaires étrangères comme   « une fierté légitime » avant de projeter un pari à ses successeurs : celui de sauvegarder cette fierté légitime ou la trahir. Que pourrait dire Modibo Kéïta sur le Régimes de Moussa Traoré, d’Alpha Oumar Konaré, de Dioncounda Traoré, d’Amadou Toumani Touré et d’Ibrahim Boubacar Kéïta après tant de défaillances? Sauf par une amnésie, son qualificatif ne pourrait être réjouissant…

Seydou Konaté : LE COMBAT

Rédaction

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